Pour certains cadres du parti, il est inimaginable de voir Frank Engel ne fût-ce que prétendre à un nouveau mandat de président. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

Pour certains cadres du parti, il est inimaginable de voir Frank Engel ne fût-ce que prétendre à un nouveau mandat de président. (Photo: Matic Zorman/archives Maison Moderne)

Il y a le feu au CSV, où six députés ont signé une lettre au Parquet, qui dénonce le fait que leur président de parti, Frank Engel, ait perçu un salaire de l’asbl CSV-Frëndeskrees sans effectuer les missions convenues. De nombreux cadres espèrent trouver au plus vite le pompier qui éteindra l’incendie et réunifiera les troupes.

Le mot d’ordre a été donné, clairement et fermement, à tous les étages du parti ou presque: pas de déclaration à ce stade . Seule la chef de fraction, , a reçu la bénédiction de ses pairs pour le faire, mezza-voce, sur les ondes de RTL ce mercredi matin, alors qu’elle déclinait encore toutes les autres invitations quelques heures plus tôt. Pour le reste, ses figures de proue ont beau jeu de prétexter que «l’affaire a été portée à la connaissance de la justice» ou «qu’un accord a été pris pour ne pas commenter». En «on» du moins. 


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En «off the record», des langues se délient cependant un peu. Et beaucoup conviennent que c’est bien un incendie qui est en cours et qu’il faut le circonscrire au plus vite. Un incendie bouté par des pyromanes «anti-Engel», qui appartiennent au CSV et «qui sont nombreux, bien plus que les six qui ont signé la lettre au Parquet», indique un interlocuteur contacté par Paperjam. Ces six-là, dit-on, n’avaient en réalité pas le choix «sur base d’un avis juridique sollicité et qui était très clair. Membres de cette asbl, ils avaient refusé d’approuver les comptes lors de l’assemblée générale, suspectant un abus de biens sociaux. Selon les juristes, ils étaient dans l’obligation de signaler les faits.»

Certains estiment que Frank Engel a lui-même contribué à ce que le feu se propage. «Il y a eu deux réunions récentes du groupe parlementaire, et cette ‘affaire’ pouvait être mise à l’ordre du jour. Cela aurait été l’occasion d’en discuter.» Et sans doute de trouver alors une sortie vers le haut, en toute discrétion, mais «Frank n’est venu à aucune de ces deux réunions». Un pied de nez très peu apprécié.

Et, maintenant, les liens sont rompus. «Il y a eu le souhait d’une réunion du comité national, qui doit être convoqué par le président. Sans succès. Les statuts prévoient que ce comité peut cependant être réuni sans l’aval du président si un tiers des membres concernés le demandent.» C’est l’article 54 des statuts qui le prévoit, en effet. «Mais Frank Engel a déjà fait savoir qu’il ne se présenterait pas à cette réunion pour discuter de ce dossier, celui-ci étant entre les mains de la justice», indique-t-on à Paperjam. Un autre pied de nez, tout aussi peu apprécié.

Enfin, son analyse en 20 pages du réalignement potentiel du parti, tel qu’il le voit, n’a pas été au goût de tous, «alors que des groupes de travail chargés de cette mission n’ont pas encore rendu leurs conclusions. Et qu’il avait été convenu de travailler depuis ces conclusions.» Le cavalier seul du président a donc mis mal à l’aise.

En tout cas, nul ne sait encore quelle sera l’attitude de Frank Engel, seul candidat à sa succession à la tête du parti lors du congrès du 24 avril, mais dont la situation devient de plus en plus précaire. Il a annoncé une conférence de presse avant la fin de cette semaine. Et ce mercredi, sur RTL encore, il a reconnu être en réflexion à ce sujet, sans donc avoir encore décidé.

Wiseler et Roth cités, Nathalie Silva s’amuse de l’être aussi

Partira ou restera? En coulisses, on s’agite cependant de plus en plus. Car le congrès approche et la situation ne peut rester en l’état. «Ce n’est jamais le bon moment pour une telle affaire», confie un élu. Qui estime que Frank Engel ne pourra faire autre chose que renoncer. Le roi n’est pas encore mort, mais on le considère comme moribond, et les préparatifs des funérailles sont donc en cours.

Restera cependant à trouver le ou les pompiers qui éteindront l’incendie. «Je pense qu’il faudra qu’un seul candidat se présente, mais fasse l’unanimité», concède une autre voix influente. Les contacts se multiplient et certains, approchés, ont déjà décliné. Trop pris par leur(s) mandat(s), ou pas envieux de manier l’extincteur.

Trois noms circulent pour le moment avec un peu plus d’insistance. Celui de , d’abord. «Mais reste à savoir s’il en a envie et qu’il se décide aussi très vite, même si les candidatures peuvent être déposées jusqu’au 12 avril.» Celui de Nathalie Silva, ensuite. Une femme, jeune, première bourgmestre de Larochette, connue mais pas trop, impliquée dans le parti -au niveau du Comité national et en tant que présidente de la Circonscription Centre-  mais pas trop… C’est presque le profil rêvé. Problème: «Ce ne sont que des rumeurs», dit-elle, contactée par Paperjam. Même si le fait que son nom soit cité est flatteur, qu’elle ne «fait aucun commentaire pour le reste» et qu’elle éclate de rire quand on lui dit que certains voient en elle la candidate idéale. Celui de , enfin. «Il pourrait être le rassembleur attendu», car c’est bien là le principal défi du CSV dans les mois et années à venir: «Rétablir une unité en interne, ce que Frank Engel, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a pas su ou voulu faire.»