Entre la guerre en Ukraine et les enjeux de transition énergétique, il y a de l’électricité dans l’air pour Encevo. Certes, le groupe semble anticiper les évolutions en investissant davantage pour l’avenir: 272 millions d’euros ont été dépensés l’an dernier, un niveau inédit en hausse annuelle de 1,5%, a fait savoir ce jeudi 11 mai son directoire. «L’année 2022 a été marquée par un record d’investissement pour Encevo ; nous prévoyons pour 2023 un niveau encore plus élevé», a indiqué , son CEO. L’acteur énergétique aux 2.521 collaborateurs prévoit en effet d’investir 1 milliard d’euros entre 2023 et 2025, dont un tiers cette année.
L’an dernier, 185 millions d’euros ont été dédiés aux réseaux énergétiques, avec une priorité portée sur l’électrique. Du côté du l’ardoise est montée à 55 millions d’euros. L’exercice a été marqué par un ralentissement de la production éolienne (688 GWh) sur fond de repowering des parcs, mais une percée (+36%) du photovoltaïque avec 178 GWh soit plus du quart de la production totale.
Un bilan solide, mais un futur incertain
En 2022, les ventes d’Encevo ont dépassé 3,4 milliards d’euros, en hausse de 36%. Ce chiffre couvre non seulement le Luxembourg, mais aussi l’Allemagne, la France et la Belgique où le groupe est actif. Son bénéfice net a bondi de 34% à 107 millions d’euros pour un résultat opérationnel de 268 millions d’euros, en hausse de 12%.
Toutefois Encevo a décidé de ne pas distribuer de dividende à ses actionnaires, dont avec 28% des parts directes. «C’est une mesure de prudence prise pour préserver nos liquidités», a justifié Claude Seywert. Et pour cause: la flambée des prix de l’énergie pousse le groupe à gonfler ses fonds de roulement pour pouvoir acheter gaz et électricité sur les marchés de gros, avant de les revendre à ses clients.
Lire aussi
Au Luxembourg, le gel des prix de l’énergie pour les ménages fait que l’État rembourse à l’énergéticien la différence entre le prix d’achat et celui facturé. Ainsi en 2022, un ménage de taille moyenne qui consommait 3.300 m³ de gaz contribuait pour 2.965 euros à la facture, et l’État à hauteur de 1.165 euros, soit 28,2% du total. La mesure luxembourgeoise a été . Ensuite, «c’est difficile à prévoir», a admis le CEO.
Moins de consommation, mais une demande concentrée
Le fait est que population et industriels sont conscients des . Celles-ci ont atteint l’an dernier 160,6 GWh selon les données du fournisseur d’énergie Enovos. Ajoutons que résidents dans 77 communes du Grand-Duché. En 2022, les volumes de gaz fournis ont fondu de 31% et ceux d’électricité progressé de 9%, à la faveur d’une électrification des outils industriels, gros pourvoyeurs d’énergie. Désormais, les deux énergies s’affichent au coude à coude, avec respectivement plus de 14.000 GWh.
«Nous préférons nous développer sur l’électricité et non pas sur le gaz à l’international», a admis Claude Seywert. S’il est difficile de prévoir à quel prix l’énergie sera achetée dans les mois à venir, le responsable a rappelé que l’embargo sur le gaz russe réoriente la demande sur le gaz naturel liquéfié (GNL), acheté sur un marché particulièrement exposé à l’évolution de la demande asiatique, elle-même liée à la santé économique mondiale. Bref, autant de paramètres hors de la portée d’Encevo qui le conforte donc dans son approche d’avancer prudemment, mais sûrement, vers des lendemains énergétiques moins sombres.