Le risque vieillesse-survie constitue le premier poste de dépenses. Le Luxembourg y consacre 8,6% de son PIB. (Photo: Shutterstock)

Le risque vieillesse-survie constitue le premier poste de dépenses. Le Luxembourg y consacre 8,6% de son PIB. (Photo: Shutterstock)

En 2022, le Luxembourg est le pays de l’UE s’étant montré le plus généreux dans les dépenses par habitant en matière de protection sociale. Tout en y octroyant une part limitée de son PIB comparé à ses voisins.

Numéro un. «C’est au Luxembourg que les dépenses par habitant sont les plus élevées d’Europe», selon une étude réalisée en France par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et publiée ce 14 décembre.

Pour 2022, le montant de l’enveloppe s’élève à 20.030 euros en parité de pouvoir d’achat (PPA), une unité de mesure permettant «de neutraliser les différences de prix propres à chaque pays», développe la Drees, et «utilisant ici la France comme pays de référence, de telle sorte que chaque euro corresponde à un “euro français”.»

Sur cette base, la moyenne au sein des 27 États membres de l’UE s’établit à 10.100 euros. Un niveau que dépassent également les trois voisins du Luxembourg, Allemagne en tête (13.580 euros PPA par habitant). En 2022, la France a quant à elle dépensé 12.510 euros.

«Décalage»

Paradoxe facilement explicable: le Luxembourg caracole en tête alors que «le pays consacre une part relativement faible de son PIB à la protection sociale», relève la Drees. Celle-ci s’élève à 21,6%, «ce qui est inférieur à la moyenne des pays de l’UE-27», de 27%. Un «décalage» «lié au niveau de PIB par habitant particulièrement élevé», note la Drees.

La France est le pays d’Europe consacrant de PIB la plus importante à la protection sociale (32,2%), et ce pour la septième année de suite. Italie (29,6% du PIB) et Allemagne (29,2%) complètent le podium.

Au sein de l’UE, ce chiffre de 27% rejoint les valeurs enregistrées avant le Covid-19. La part moyenne était de 26,8% en 2019, avant d’atteindre 30,2% en 2020, année de l’irruption de la crise sanitaire, et 28,7% en 2021.

Le tout s’inscrit «dans un contexte où la France, l’Autriche, la République tchèque, l’Allemagne et le Luxembourg sont les seuls pays de l’UE à avoir vu leur PIB par habitant baisser entre 2019 et 2022». Le repli sur la période au Grand-Duché étant de -2,8%.

«Avec la crise liée au Covid-19, les prestations sociales ont fortement augmenté sur la période 2019-2022 (+4,6% par an en moyenne pour les pays de l’UE-27), du fait notamment d’une forte croissance du risque maladie. En 2022, avec la sortie progressive de la crise, les dépenses continuent d’augmenter, mais de façon moins marquée: +2,5% en moyenne dans l’UE-27», renseigne la Drees. Cette dernière retient toutefois que «dans la quasi-totalité des pays étudiés, les dépenses de protection sociale ne suffisent pas à compenser l’inflation en 2022». «Exprimées en euros constants, elles diminuent de 3,4% en moyenne» en Europe.

Le risque vieillesse en pole

Dans le détail, c’est le risque vieillesse-survie (pensions de retraite, autonomie des personnes dépendantes, pensions de réversion, etc.) qui représente le premier poste de dépenses en Europe, pour 12,5% du PIB. Le Luxembourg y consacre 8,6% de son PIB, soit 56.570 euros PPA, nettement devant la Belgique (30.430 euros PPA), la France ou l’Allemagne (plus ou moins 26.000 euros PPA).

Suit le risque maladie (soins médicaux, arrêts maladie, accidents du travail, etc.), financé à hauteur de 6,1% du PIB au Luxembourg. Un taux inférieur à la moyenne de 8,1% observée dans l’UE, où la France (10%) et l’Allemagne (9,7%) occupent les deux premières places. De même qu’en Irlande, au Danemark, en Finlande ou en Suède, «les prestations de la protection sociale liées au risque maladie sont relativement faibles rapportées au PIB [au Luxembourg] du fait d’un haut niveau de richesse nationale», répète la Drees. Le niveau de dépenses est de 56.570 euros PPA pour les 65 ans et plus au Luxembourg. Soit deux fois et demie au-dessus de la moyenne UE (22.620 euros). «L’accélération» des dépenses pour ce risque «devrait se poursuivre» en raison de l’inflation.

Quant au risque famille (aides aux ménages, crédits d’impôt, services sociaux, etc.), troisième poste le plus important au Luxembourg, il pèse pour plus de 3% du PIB, contre 2,3% en moyenne dans les pays de l’UE. «Le pays le plus généreux pour les familles est le Luxembourg, avec 14.630 euros PPA par jeune», souligne la Drees. C’est-à-dire plus d’une fois et demie la dépense en Allemagne (8.820 euros PPA), deuxième pays européen.