Recruter, fidéliser, faire évoluer les compétences pour accompagner les transformations à l’œuvre dans le monde du travail et répondre aux besoins de demain… Les défis qui incombent aux gestionnaires RH ne manquent pas. «Maintenir et entretenir l’engagement nécessaire des collaborateurs au service du projet collectif mis en œuvre à l’échelle d’une banque comme la nôtre, ou dans toute autre organisation, implique de mettre en place un environnement de travail épanouissant pour chacun. Le problème est que cette notion d’épanouissement est subjective, que les éléments contribuant à la satisfaction de chacun varient d’un collaborateur à l’autre», résume , deputy head of business unit – HR & People Management, leadership coach au sein de la Spuerkeess. «Alors que trois ou quatre générations cohabitent dans l’entreprise, il nous faut donc essayer de trouver un ensemble de dénominateurs communs, conférant la flexibilité, l’agilité et la sécurité requises par les diverses catégories de collaborateurs.»
L’importance de la place de l’humain
Les jeunes générations, en l’occurrence, aspirent à davantage de flexibilité, de transparence, d’authenticité, de sens dans le travail qu’on leur demande d’accomplir. Ils souhaitent davantage être impliqués dans la prise de décision. Répondre à ces nouvelles attentes, pour soutenir durablement l’engagement de chacun, nécessite de repenser le cadre professionnel. «La culture de l’entreprise, qui émane du collectif, des comportements et des valeurs qui prévalent à l’échelle de l’organisation, doit être plus inclusive, promouvoir la diversité, le respect de chacun. Au-delà des savoir-faire, il faut aussi mettre l’accent sur le savoir-être, qui est tout aussi important. Les compétences humaines, comme le sens critique, l’éthique, l’empathie, l’engagement collectif, occupent une place toujours plus importante. À ce niveau, il faut davantage former, accompagner, sensibiliser», poursuit Didier Lemeire.
Le cadre, garant d’un juste équilibre
Au-delà de la culture d’entreprise, il faut aussi faire évoluer le cadre de travail dans lequel chacun est amené à évoluer. Pour créer cet environnement épanouissant et inclusif, il faut être clair sur les comportements attendus au sein de l’organisation, établir les obligations, mais aussi les espaces de liberté permettant à chacun de profiter de plus de flexibilité. «En établissant des chartes, avec beaucoup de communication, en étant davantage dans l’interaction, il s’agit d’établir un cadre accepté de tous, qui répond aux aspirations individuelles du plus grand nombre tout en soutenant une dynamique collective», poursuit le responsable des ressources humaines. «Il est aussi important de régulièrement remettre en question ce cadre, sans pour autant tout autoriser.»
Rien n’est déterminé
Il est difficile de prédire comment va évoluer notre rapport au travail. Le monde change ainsi que, avec lui, les attentes des collaborateurs. Aujourd’hui, c’est principalement à travers le contrat à durée indéterminée que la relation entre employeurs et employés se formalise. Rien ne dit que ce sera encore le cas d’ici 5 à 10 ans. «Lorsque vous discutez avec les diverses générations présentes dans la banque, vous vous rendez compte que la notion de ‘durée indéterminée’ est perçue de différentes manières. Pour les collaborateurs les plus âgés, elle recouvre une notion de long terme. Pour les plus jeunes générations, s’ils y voient de la sécurité, ils y associent de la liberté: rien n’est déterminé», commente Didier Lemeire.
Appréhender l’impact de l’IA
La technologie, avec notamment le déploiement des solutions d’intelligence artificielle, transforme aussi en profondeur le monde du travail. Ces nouveaux outils doivent soutenir les collaborateurs dans l’exécution de leurs tâches, leur permettre de capitaliser davantage sur les capacités propres à l’humain, se permettre à chacun d’être davantage dans la réflexion, dans la relation, dans l’analyse critique, d’investir dans la résolution de problème complexe et de faire valoir son intelligence émotionnelle. «L’enjeu, à ce niveau, est de parvenir à combiner au mieux toutes les formes d’intelligence au service de cet environnement de travail épanouissant», ajoute le responsable des ressources. «Il y a lieu de rassurer chacun face à ces évolutions, en les appréhendant de manière positive, en prenant soin de bien accompagner chacun afin de lui permettre d’évoluer.»
Apprendre à apprendre et à désapprendre
L’intelligence artificielle va permettre d’automatiser de nombreuses tâches, mais aussi de générer de nombreux nouveaux besoins. Les responsables des ressources humaines, dans ce contexte, doivent soutenir l’évolution des compétences au départ d’une identification des ressources actuelles et en dressant une matrice des compétences qui seront requises à l’avenir. «L’enjeu est d’amener les collaborateurs à s’inscrire dans une dynamique de formation continue. Il faut adopter un nouvel état d’esprit, une approche agile et flexible inhérente au développement de carrière», explique Didier Lemeire. «Hier, on parlait d’employabilité. On évoque désormais davantage l’adaptabilité. Dans le contexte actuel, on ne sait pas de quoi demain sera fait. Il s’agit davantage d’apprendre à apprendre et à désapprendre. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain. Il est nécessaire d’être davantage dans la remise en question pour mieux aborder les étapes futures de sa carrière et les nouvelles opportunités qui ne manqueront pas de se présenter.»