Les marchés asiatiques profitent du bon contrôle de la pandémie. (Photo: Shutterstock)

Les marchés asiatiques profitent du bon contrôle de la pandémie. (Photo: Shutterstock)

Avec une hausse de 18,3% du PIB au premier trimestre 2021, «la Chine confirme son statut de locomotive de la croissance mondiale», pour Clément Inbona, gérant de fonds d’investissement chez La Financière de l’Échiquier.

Si ce chiffre est mécaniquement porté par un effet de base favorable, puisqu’il a pour référence le premier trimestre 2020, lors duquel l’économie chinoise s’était figée brutalement face au Covid, «l’empire du Milieu n’aura dû attendre que le dernier trimestre 2020 pour retrouver son niveau de PIB pré-crise, loin devant les autres puissances économiques», constate le gérant. Devant les États-Unis donc, qui devraient retrouver leur PIB pré-crise au cours du semestre actuel. Un rattrapage porté par «la consommation américaine qui se déconfine, galvanisée par les chèques adressés aux ménages par l’administration Biden».

Et loin derrière, on trouve l’Europe qui, «toujours engluée dans les restrictions de la troisième vague, peine à déployer son plan de relance, suspendu au jugement de la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe. Signe du décrochage du Vieux Continent, l’Allemagne, jadis locomotive de la zone, peine à réaccélérer. Les cinq principaux instituts économiques du pays viennent de revoir à la baisse, d’un point, la croissance anticipée pour 2021. Ils l’estiment à seulement 3,7%, après -4,9% en 2020.» Le retour au PIB pré-crise en Europe ne surviendra donc vraisemblablement qu’en 2022 pour Clément Inbona.

Un marché actions proche de la bulle

Selon lui, l’investisseur souhaitant profiter de la reprise économique devra chercher les opportunités vers l’est, auprès d’entreprises qui y sont basées ou de celles du Vieux Continent qui y effectuent une part substantielle de leur activité. Et de donner comme exemple les chiffres de ventes de LVMH, particulièrement éloquents. Au premier trimestre, son chiffre d’affaires a cru de 86% par rapport à 2020 en Asie (hors Japon), de 23% aux États-Unis, et reflué de 9% en Europe.

Cependant, sur le segment des actions «purement» asiatiques, Schroders appelle à la prudence.

En raison du rallye sur les marchés boursiers – soutenu par la bonne gestion de la pandémie –, Richard Sennitt, gestionnaire des fonds Actions Pacifique et Actions small cap mondiales, estime que les actions semblent chères par rapport à leur moyenne à long terme. Mais il pense que les prévisions de bénéfices élevés – une croissance des bénéfices de 25% par rapport à 2020 et de 15% l’année prochaine pour la région Asie hors Japon – ne semblent pas irréalisables. «Mais tout dépendra de l’évolution de la pandémie et notamment de la lutte contre les nouveaux variants du virus.»

De plus, la région offre un solide flux de dividendes. «Il s’agit là d’une conséquence positive de la crise financière asiatique, qui a amené les entreprises à opter pour des bilans beaucoup plus prudents que dans le reste du monde.» 

Jouer les secteurs délaissés

Si bulle il y a, elle viendra plutôt de «l’activité croissante des investisseurs privés». Richard Sennitt voit dans cette activité l’explication majeure des valorisations de type «bulle» dans certains segments du marché.

«Les secteurs convoités, tels que les biotech, les logiciels et les véhicules électriques, atteignent des cotations proches de leurs sommets historiques. Les valorisations s’expliquent par les prévisions de croissance future élevée, ce qui rend ces actions vulnérables aux fluctuations du sentiment ou des taux d’intérêt.» Il recommande de s’intéresser aux «secteurs qui parlent moins à l’imagination et que les investisseurs ont donc tendance à délaisser, comme les banques, l’immobilier, les biens d’investissement et les équipements d’utilité publique, en partie parce que les valorisations y sont à la traîne.»

Ce conseil «d’éviter les secteurs dont la marge de sécurité est limitée à cause du momentum» s’applique également à la répartition géographique. «Les pays d’Asie septentrionale (Chine, Corée du Sud et Taïwan), qui ont réussi à contenir le virus, ont surperformé les marchés boursiers indiens et japonais. Parmi les autres gagnants de la crise du Covid-19, citons le commerce électronique, les biens de consommation et les communications. Bon nombre de ces gagnants sont implantés dans les pays d’Asie du Nord, ce qui contribue aux bons résultats de ces pays. Les secteurs traditionnels tels que l’énergie et les services financiers ont sous-performé. La plupart de ces secteurs représentent une part plus importante du marché dans le sud et le sud-est de l’Asie.»