L’ancien stade Josy Barthel devient un nouveau parc public, perpétuant la tradition des quartiers résidentiels développés autour d’un espace vert commun. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

L’ancien stade Josy Barthel devient un nouveau parc public, perpétuant la tradition des quartiers résidentiels développés autour d’un espace vert commun. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Le groupement composé de 2001, HHF Architekten, TER, Systematica, Transsolar et Cabane a remporté le concours d’idées organisé par la Ville de Luxembourg pour le Wunnquartier Stade. Paperjam.lu présente plus en détail ce projet qui servira à l’élaboration du futur plan d’aménagement particulier.

Le projet proposé par le groupement composé de 2001, HHF Architekten, TER, Systematica, Transsolar et Cabane pour le Wunnquartier Stade a fait l’unanimité du jury. Les membres du jury y ont vu «un site qui reste au service de la ville, un signal fort pour l’utilisation du foncier public».

Ce projet repose en premier lieu sur la réutilisation de l’existant pour le transformer en un nouveau quartier d’habitation en ville. Un choix qui témoigne d’une approche responsable face aux défis de demain en s’appuyant sur le potentiel du site, de sa mémoire, de son bâti. Cette approche se matérialise à travers un geste fort: conserver le stade existant pour le transformer en nouvel espace public, un parc ouvert aux habitants du quartier, des environs et plus largement de la ville.

Au-delà de l’intégration de cet élément dans le nouvel urbanisme, le groupement a développé un projet qui intègre l’eau de pluie dans l’aménagement avec moins de surfaces scellées qu’actuellement, limite les mouvements de terre, dispose d’une approche circulaire face à l’existant, offre une flexibilité de programmation, intègre la mobilité douce, la participation citoyenne et la mixité sociale.

Les atouts du stade

Le fait de transformer le stade en un parc public est une affirmation importante quand on connaît la pression qui existe sur le foncier à Luxembourg. Ce terrain, qui était auparavant un lieu de rassemblement public, reste à usage partagé et perpétue la tradition à Luxembourg d’organiser les quartiers résidentiels autour d’un parc. Le stade revêt le rôle de figure urbaine fédératrice, porte la mémoire du lieu et reste présent dans l’imaginaire collectif.

Il s’inscrit aussi dans une trame verte urbaine et se place dans un maillage composé du parc municipal, du parc de Merl et du parc Tony Neuman.

Par ailleurs, il a une forme prédéfinie, une spatialité propre qu’il est intéressant d’exploiter. L’idée de conserver des gradins permet à la fois de garder une trace de l’usage antérieur de l’espace et de structurer la topographie existante.

Différentes ambiances urbaines

Autour de cette «figure urbaine fédératrice», comme l’a qualifiée le groupement, différents contextes urbains peuvent se développer.

La lisière du plateau surplombe le Rollingergrund et profite de vues vers le Limpertsberg, le Kirchberg et le centre-ville. Cet espace qui prolonge la rue Napoléon 1er et la rue du Stade devient un lieu partagé, propice à la promenade grâce au bois du coteau. Il s’étend jusqu’à la route d’Arlon en passant par un belvédère avec vue sur la ville.

1 – Parc du Stade; 2 – Place Josy Barthel; 3 – Caserne Cultures Urbaines; 4 – Rambla/Pinède; 5 – Esplanade; 6 – Promenade du Belvédère; 7 – le Sentier diagonal; 8 – Bois habité (Illustration: 2001-HHF Architekten)

1 – Parc du Stade; 2 – Place Josy Barthel; 3 – Caserne Cultures Urbaines; 4 – Rambla/Pinède; 5 – Esplanade; 6 – Promenade du Belvédère; 7 – le Sentier diagonal; 8 – Bois habité (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Plus au sud, des terrasses topographiques, qui s’inscrivent sur ce site qui n’est pas plat, accueillent les espaces résidentiels.

Le long de la route d’Arlon, une frange urbaine devient la nouvelle adresse du quartier. On y trouve des immeubles emblématiques et une nouvelle place publique animée par les espaces de la caserne et des anciennes écuries conservées et réhabilitées pour de nouvelles fonctions. C’est une zone perméable, avec l’arrêt du tram, l’épicentre du nouveau quartier.  

Un quartier apaisé

L’ensemble du quartier sera apaisé quant à la mobilité. Les piétons et les cyclistes auront la priorité. L’unique accès carrossable du quartier se fera depuis la zone de la caserne, derrière laquelle se trouvera un parking semi-enterré. La rue du Stade est maintenue, mais devient un espace paysager, un espace minéral drainant et planté de pins. Cet axe s’étend au-delà de la route d’Arlon pour rejoindre le parc des sports de Belair.

À l’extrémité ouest du site, un sentier piéton et cycliste prolonge celui existant depuis Belair. Il débouche sur une nouvelle esplanade piétonne et cyclable surplombant les gradins au nord. Derrière la caserne, parallèlement à la route d’Arlon et à la nouvelle esplanade, une nouvelle ruelle donne accès aux livraisons, services d’incendie et d’hygiène. Un sentier piéton traverse le site en diagonale et relie la montée du Rollingergrund au parc du Stade.

Différentes échelles

Le quartier est aussi caractérisé par la création de différentes échelles. La grande échelle est utilisée pour le front urbain le long de la route d’Arlon avec la place publique, et le parc. Elle englobe aussi l’ancienne caserne et la nouvelle école internationale, qui se développera autour de la villa actuellement utilisée pour la crèche.

Vue du projet depuis la route d’Arlon, avec l’ancienne caserne, une nouvelle place publique et de nouveaux immeubles de plus grande hauteur. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Vue du projet depuis la route d’Arlon, avec l’ancienne caserne, une nouvelle place publique et de nouveaux immeubles de plus grande hauteur. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Une plus petite échelle est également utilisée pour créer des voisinages et stimuler la cohésion. Dans le parc, et à l’image de ce qui existe déjà dans les parcs de la ville (Villa Vauban, Villa Louvigny, etc.), quatre villas seront construites sur le côté sud. Elles pourront accueillir diverses fonctions représentatives de la société contemporaine, comme une maison pour seniors, une maison d’étudiants, etc. Au nord de l’ancien stade, trois îlots résidentiels sont développés sous forme de clos et s’articulent autour de jardins privatifs, potagers et équipements communs. Ces îlots sont principalement à destination résidentielle, mais intègrent aussi une crèche et des locaux flexibles propices à la restauration et qui surplombent le parc.

Vue depuis un logement vers l’espace partagé en intérieur d’îlot. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Vue depuis un logement vers l’espace partagé en intérieur d’îlot. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

À l’est de ces îlots se trouve «le bois habité», qui est structuré par l’esplanade et le sentier diagonal. La topographie, qui est plus marquée dans cette zone, est exploitée pour y intégrer un parking couvert comprenant des locaux pour artisans ou professions libérales. Recouvert de deux mètres de terres arables, l’ensemble est intensivement planté. Le parking pourra, grâce à cette inertie, devenir à terme un data center ou un centre de batteries pour les énergies renouvelables.

Vue des espaces de circulation au sein du «bois habité». (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Vue des espaces de circulation au sein du «bois habité». (Illustration: 2001-HHF Architekten)

À l’extrémité du site, le belvédère accueille des îlots qui suivent la pente et profitent des qualités paysagères.

Enfin, le versant sud est habité par quatre îlots qui s’ouvrent vers le parc des sports de Belair. À noter que ce développement est optionnel.

Un projet qui reste flexible

Le projet prévoit que la volumétrie des constructions puisse être adaptable et offre une flexibilité d’investissement, de vitesse opérationnelle et aboutissant à une mixité sociale à l’intérieur des îlots. L’orientation des bâtiments est optimisée pour apporter protection solaire et ventilation naturelle, contribuant ainsi à la réduction des besoins en énergie.

Les rez seront majoritairement habités avec des petits espaces extérieurs permettant des reculs et des zones tampons. Les plus grands espaces seront partagés en cœurs d’îlots avec des fonctions telles que des buanderies, garages à vélo, espaces de fête ou de mini-coworking, dans l’esprit de la «sharing economy».

L’ensemble du développement doit être réalisé en phases. Les premiers chantiers se dérouleront au niveau de la caserne et des anciennes écuries, de l’actuelle crèche et sur le terrain des sœurs franciscaines. Puis le terrain du centre de recyclage et du stade sera développé. Le dernier tronçon sera celui le long de la route d’Arlon.

 

Illustration générale du nouveau quartier. (Illustration: 2001-HHF Architekten)

Illustration générale du nouveau quartier. (Illustration: 2001-HHF Architekten)