454 cas de Covid long ont été enregistrés depuis le lancement du projet pilote à l’été 2021. (Photo: Romain Gamba/archives Maison Moderne)

454 cas de Covid long ont été enregistrés depuis le lancement du projet pilote à l’été 2021. (Photo: Romain Gamba/archives Maison Moderne)

Le ministère de la Santé dresse le bilan de son parcours de prise en charge du Covid long mis en place il y a six mois. Il devrait se poursuivre, avec un programme dédié aux enfants. Le budget initial d’un million d’euros a été dépassé de 200.000 euros

Vers qui se tourner en cas de Covid long? En juillet 2021, le ministère de la Santé a lancé un projet pilote pour gérer la prise en charge de ces patients aux symptômes du Covid persistant trois mois après l’infection. La ministre (LSAP) en a fait le bilan, jeudi 3 février, lors d’une conférence de presse, aux côtés de Jean-Paul Freichel, commissaire du gouvernement aux hôpitaux, du Dr Thérèse Staub, du Service national des maladies infectieuses au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), et du Dr Gaston Schütz, le directeur du Rehazenter.

454 demandes en six mois

454 demandes ont été reçues depuis le lancement. Les femmes semblent plus touchées (65%), alors que l’âge moyen des patients était de 47 ans. Seuls 20% des cas avaient été hospitalisés en raison de l’infection, ce qui suggère qu’un séjour aux soins intensifs n’a pas nécessairement d’impact sur les chances de développer des symptômes post-Covid. Cependant, des symptômes plus forts étaient plus susceptibles d’entraîner des séquelles.

, les patients doivent d’abord passer chez leur médecin généraliste, qui les oriente vers le service Covid long. La première consultation a lieu au CHL, qui fait une première analyse. Avant d’être redirigés vers le Rehazenter pour une prise en charge pluridisciplinaire, vers Mondorf pour une rééducation à l’effort, vers le Centre hospitalier neuropsychiatrique (CHNP) pour les difficultés de concentration et la dépression, ou encore vers la Clinique des troubles émotionnels (CTE) du CHL pour l’anxiété.

Le projet pilote avait reçu un budget initial d’un million d’euros. Fin janvier, il avait été dépassé, les dépenses atteignant 1,2 million d’euros. Sont notamment inclus les équipements pour prendre en charge les malades, mais aussi la création de 12 postes supplémentaires pour les aider dans leur rééducation.

Une thérapie longue et frustrante

Jusqu’à 200 symptômes différents de Covid long ont été identifiés. Comme la fatigue, les troubles neurologiques, cardiaques et psychiatriques, la dyspnée (difficulté à respirer). Les symptômes varient en termes de présentation, d’intensité et de durée et sont gérés au fur et à mesure, bien que la rééducation reste au cœur du traitement. En raison de leur diversité, une prise en charge multidisciplinaire – en milieu hospitalier – est nécessaire, selon le Dr Gaston Schütz.

Le projet a également introduit des séances de thérapie de groupe qui améliorent la progression du traitement des patients car «ils se sentent compris, en étant avec d’autres qui ont vécu la même chose», ajoute-t-il. Le problème, cependant, est que le traitement reste axé sur les symptômes, car on comprend encore trop peu de choses sur la maladie. La durée de la thérapie est également difficile à définir car elle dépend de chaque patient, mais elle est généralement de quelques mois. À l’heure actuelle, moins de 30 patients sont sortis.

Alors que la mobilité et les difficultés respiratoires représentaient le plus gros problème au début, cela a maintenant été remplacé par une fatigue chronique, non seulement physique mais aussi mentale. Un tiers des patients présentent des symptômes psychologiques ou psychosomatiques. D’autres souffrent de séquelles physiques invisibles à l’œil nu, mais qui ont un fort impact sur leur qualité de vie en tant que personne.

Omicron, les boosters et l’avenir du projet

L’arrivée du variant Omicron donne de l’espoir aux porteurs du projet. Comme il semble provoquer des symptômes moins graves, on espère qu’il y aura moins de cas de long Covid. Interrogé lors de la conférence pour savoir si l’impact du vaccin sur les cas longs de Covid était déjà connu, le Dr Thérèse Staub a répondu qu’il était trop tôt pour le déterminer. Les personnes souffrant actuellement de long Covid l’ont, pour la plupart, attrapé avant l’introduction du vaccin.

Malgré les prévisions à la baisse des cas longs, Jean-Paul Freichel a annoncé que le programme devrait se poursuivre, avec le soutien du gouvernement. Un projet similaire pourrait être mené à la clinique pédiatrique du Luxembourg, pour déterminer les impacts du virus sur les enfants.

Alors que certains patients sont toujours sur la liste d’attente pour obtenir un traitement, ils seront probablement rappelés dans le mois.

Cet article a été écrit en anglais pour , traduit et édité en français pour Paperjam.