Pour leur proposition dans le cadre du concours du réaménagement urbain de la rue de l’Alzette à Esch-sur-Alzette, les architectes-paysagistes de HDK Dutt & Kist ont pris en considération à la fois la réorganisation urbanistique de la rue elle-même et les défis liés aux changements climatiques.

Ils perçoivent la rue de l’Alzette comme un axe structurant, non seulement entre les places de l’Hôtel de Ville et la place de la Résistance, mais également à plus grande échelle avec les développements de Belval, Rout Lëns et Metzeschmelz. Les rues adjacentes à cet axe central donnent par conséquent des indications de parcours vers les autres quartiers existants et en développement.

Un «parquet urbain»

Pour le revêtement de sol, leur approche est spécifique: ils s’appuient sur les revêtements de sol déjà présents sur les deux places qui encadrent la rue de l’Alzette et développent l’idée d’un «parquet urbain». Le revêtement beige de la place de la Résistance devient la surface de référence pour la nouvelle zone centrale de la zone piétonne. Le pavement plus petit de la place de l’Hôtel de Ville est repris sur les flancs latéraux de la rue de l’Alzette et permet de suivre et compenser les saillies et les creux des façades.  

Le format rectangulaire allongé et la pose rappellent un parquet à lames de haute qualité. En revanche, la couleur et la structure s’appuient sur les structures de revêtement existantes, de sorte qu’une symbiose des matériaux se produit naturellement. En plus de ces qualités esthétiques, ce revêtement de sol combine robustesse, facilité d’entretien et capacité de rétention d’eau.

Le choix chromatique diffère entre la zone centrale et les zones latérales: le centre est monochrome alors que les zones marginales sont plus colorées et répondent aux couleurs des façades pour mettre en valeur le patrimoine architectural. La coloration contribue aussi à favoriser le zonage de la promenade.

Pour les rues secondaires, qui deviennent des zones de shared space, une couleur est fixée en concordance avec l’asphalte coloré. Les emplacements de stationnement sont matérialisés par une disposition longitudinale unilatérale et sont séparés des surfaces environnantes avec un pavé de béton monochrome.

Une rigole signifiante

Au centre de la rue, une zone de drainage d’environ 30 cm de large est créée. En plus de marquer l’axe central de la rue, elle signale la présence de l’Alzette en sous-sol. Le couvercle métallique perforé qui sert de protection présente des informations sur les lieux importants, les monuments, les évènements et des citations lyriques. Grâce à une coloration contrastée et à une bande en relief, cet élément peut aussi servir de guidage tactile et favorise l’inclusion.

À l’intérieur de cette gouttière horizontale, on trouve également un jeu de lumière et de vapeur qui évoque la production de l’acier. La brumisation participe par ailleurs au refroidissement de la rue en cas de forte chaleur.

Cette zone de drainage participe bien entendu à l’évacuation des eaux de pluie en surface et entre dans un système plus large. Elle est en effet complétée par un système de retenue décentralisé de 300 m³ qui sert de zone tampon avant que l’eau de pluie excédentaire ne soit acheminée vers les égouts. De petites citernes servent à alimenter les pompes d’irrigation et sont raccordées aux conduites de refoulement connectées aux zones de plantation. Le revêtement en béton stocke par ailleurs une partie de l’eau de pluie qui peut s’évaporer lentement et participe aussi au refroidissement de la zone.

Une végétation renforcée

Les arbres déjà en place sont maintenus et leur durabilité renforcée grâce à une amélioration du sous-sol. De nouveaux arbres de faible hauteur sont ajoutés dans les rues secondaires. Certains grands arbres peuvent également être doublés par de petits arbres à plusieurs troncs et faible couronne, placés dans des jardinières mobiles auxquelles sont adjointes des assises.

Du mobilier durable

Dans un esprit de circularité, le béton des revêtements existants est transformé en un nouveau matériau de construction qui sert à la fabrication du nouveau mobilier (assise sur le modèle d’une chaise longue, bac à fleurs mobile). Ces nouveaux éléments peuvent être regroupés sans trop d’efforts pour des évènements et utilisés comme éléments de sécurité lors de grands évènements. Il est possible d’envisager d’y ajouter d’autres fonctions comme des chargeurs, des points d’accès au wifi, des fontaines, des poubelles, des accessoires d’urgence. Grâce à leurs différentes hauteurs, ils peuvent aussi être utilisés comme assise, appui, mais aussi plateforme ou comptoir.

Un éclairage modulé

Le concept d’éclairage met l’accent sur la surface du parquet urbain, agissant alors comme un ruban lumineux. La lumière tombe uniquement sur la surface horizontale et crée ainsi délibérément un beau contraste avec les façades adjacentes. La luminance diminue doucement vers les bords, ce qui détourne le regard du spectateur vers l’axe central, où passe la bande d’Alzette. Avec son éclairage intérieur, celle-ci produit un effet lumineux dynamique naturel, qui résulte d’une part de la réflexion de l’eau à l’intérieur et d’autre part de la position du spectateur par rapport au couvercle métallique perforé.

Le brouillard créé à l’intérieur et montant vers le haut donne à la lumière un espace tridimensionnel. Les mâts, eux, reçoivent un contour lumineux qui éclaire la poutre en acier. Ainsi, l’orientation spatiale de ces stèles avec leur inclinaison dans l’espace devient lisible.

Un autre élément de ce concept d’éclairage est l’accentuation de toutes les façades historiques le long du parquet urbain. Ceux-ci sont éclairés avec un éclairage proche de la façade, en référence à l’éclairage de la façade de l’hôtel de ville. Ainsi, cet élément de style de l’éclairage de façade devient un indicateur et un signe distinctif des façades historiques.

Un léger assouplissement accentué est également créé par le sous-éclairage du mobilier urbain, ce qui lui confère une certaine légèreté.

Le niveau d’éclairage s’adapte toujours à la fréquence d’utilisation, ce qui représente la forme la plus importante d’économie d’énergie actuellement possible.