De manière générale, les marchés actions ont connu une très bonne performance les derniers mois. Quand on se base sur les indices boursiers diversifiés, on observe une valorisation qui a dépassé les moyennes de long terme. Ceci est vrai autant pour les critères de ratio de cours sur bénéfices que de ratio cours sur valeur comptable. Ceci n’est pas en soi alarmant mais suggère que les investisseurs ont intérêt à être plus sélectifs et à faire le tri entre les marchés, secteurs ou thèmes qui offrent encore une décote. En effet, sur un horizon d’investissement à long terme (5-10 ans), la valorisation est le principal moteur de performance attendu par les investisseurs. Dans le contexte de baisse annoncée des taux d’intérêt à court et long terme au cours des 12 à 24 prochains mois, certaines classes d’actifs et régions délaissées offrent des opportunités extrêmement intéressantes aux investisseurs patients. Nous identifions quatre opportunités d’investissement à long terme «Deep value»: (1) les marchés émergents, (2) le Royaume-Uni, (3) les énergies propres, et (4) les matières premières.
La dette des marchés émergents
La dette souveraine des marchés émergents s’est étonnamment bien comportée sur le long terme. Depuis 1995, la dette souveraine des marchés émergents en dollars a enregistré un rendement annuel moyen de 8,3%, en hausse cumulée de 876% sur un horizon de près de 30 ans. À titre de comparaison, on note une performance annuelle de 4,1% pour les emprunts d’État américains (228% depuis 1995) ou de 5,4% en moyenne (364% depuis 1995) pour les obligations d’entreprises américaines.
À l’heure actuelle, les obligations des marchés émergents offrent un rendement brut attractif de 7,3% en dollars. Les fondamentaux restent bons en comparaison historique. En effet, la plupart des pays émergents profitent d’une baisse de l’inflation et devraient bénéficier de baisses de taux d’intérêt. De plus, l’affaiblissement attendu du dollar américain sur les prochaines années devrait aider à réduire le poids de la dette qui est souvent libellée en dollar.
Les actions dans les marchés émergents
Bien que peu prisées pour le moment, deux régions se distinguent par leur niveau de valorisation particulièrement attractif. En premier lieu, les actions d’Amérique latine (principalement le Brésil et le Mexique) offrent un bon potentiel grâce aux matières premières et aux relocalisations dans un contexte de croissance économique modérée, de baisse de l’inflation et de baisse des taux directeurs.
Pourtant, l’indice boursier MSCI Latin America offre un rendement du dividende supérieur à 6% et se négocie à un cours sur bénéfice (prévisionnel) de seulement 8,7, soit moins de la moitié de son homologue américain. En deuxième lieu, nous pensons que les actions chinoises pourraient rebondir après trois années de baisse continue depuis début 2021. Nous observons une combinaison de facteurs positifs comme une embellie des tendances des prix, un ratio cours sur bénéfice de seulement 9 et une amélioration significative de la dynamique macroéconomique et de la politique gouvernementale pour soutenir des problèmes structurels tels que la situation du marché immobilier et la faiblesse de la consommation intérieure.
Depuis les niveaux bas enregistrés fin janvier, les principaux indices chinois ont connu un rebond important, mais les flux internationaux vers les actions chinoises restent encore limités. Il est toutefois important de noter qu’il est peu probable de retrouver les niveaux de cours boursiers de fin 2021 mais le potentiel de gains reste attractif.
Les actions britanniques sont bon marché et mal aimées
Les actions britanniques restent bon marché avec une décote importante par rapport à leurs concurrentes américaines et européennes. Ceci reste vrai en comparant la valorisation par rapport à sa moyenne historique. En effet, les actions britanniques sont valorisées à un ratio de cours sur bénéfices de 12 et offrent un rendement du dividende de l’ordre de 4%. Le marché actions britannique présente une décote supérieure à 40% par rapport aux actions américaines, et même une décote de 24% par rapport aux actions d’Europe continentale. Les fondamentaux économiques sont bien orientés et la baisse de l’inflation devrait permettre à la banque d’Angleterre de baisser les taux d’intérêt les prochains mois.
Il convient de noter que les investissements mentionnés sont sujets à des fluctuations de prix et ne sont pas adaptés à tout investisseur. De plus, il est important de maintenir une diversification, par exemple en investissant via un fonds ou un ETF.