La demande accrue de talents experts en analyse de données dans les services financiers implique une adaptation des formations académiques, selon une étude de Luxembourg for Finance (LFF). (Photo: Shutterstock)

La demande accrue de talents experts en analyse de données dans les services financiers implique une adaptation des formations académiques, selon une étude de Luxembourg for Finance (LFF). (Photo: Shutterstock)

Selon Luxembourg For Finance (LFF), la donnée se retrouvera au cœur des métiers des services financiers. L’automatisation des processus devrait augmenter la demande de talents à haute valeur ajoutée, nécessitant un esprit critique et de l’expertise. Ce qui risque d’accentuer la pénurie de talents.

La transformation du secteur financier s’accélère, observe Luxembourg For Finance (LFF), l’agence de développement de la Place, dans publiée ce 20 octobre, en partenariat avec Mckinsey. Alors que les services financiers étaient encore récemment rythmés par des cycles de vie de 20 ans, ils ont désormais tendance à se raccourcir à des cycles oscillant entre 18 et 36 mois. Largement poussée par les innovations et la technologie, cette transformation a un impact direct sur les talents recherchés dans le secteur financier.

L’automatisation se profile comme le facteur clé de changement, selon LFF, qui s’attend par conséquent à des déclins d’emplois dans certains domaines. «Un personnel hautement qualifié qui a la capacité de travailler en étroite collaboration avec la technologie ou de développer et déployer des technologies d’automatisation fera l’objet d’une forte demande», indique l’étude. À ce titre, les professionnels de la finance passent près de la moitié de leur temps à collecter et traiter des données. À mesure que la technologie progresse, il est attendu qu’elle aide à augmenter les volumes et à améliorer la qualité de ces activités.

Prenant l’exemple des demandes hypothécaires, LFF explique qu’il s’agit d’un processus qui peut être «fortement» automatisé. «L’automatisation peut accélérer considérablement la vitesse de traitement des prêts hypothécaires tout en réduisant les risques de défaillance et éliminant les incohérences de traitement», mais aussi «améliorer la satisfaction des clients, grâce à une préapprobation instantanée». De la sorte, l’automatisation libère du temps pour des tâches à haute valeur ajoutée comme le conseil à la clientèle, la gestion des demandes inhabituelles ou le traitement des exceptions. Tant de tâches qui requièrent à la fois de l’expertise et un jugement humain.

Tous les segments sont concernés

L’envolée de l’automatisation ne signifie pas pour autant que les banquiers pourront se passer d’acquérir des compétences dans la gestion des données. Les compétences attendues seront même plus élevées et plus exigeantes. Sur ce point, LFF est catégorique: «Servir les clients dans ce nouvel environnement axé sur les données exigera des banquiers de l’avenir qu’ils soient de plus en plus compétents sur le plan technologique, qu’ils sachent comment modéliser de riches ensembles de données.» Pour ce faire, le banquier du futur devra maîtriser des techniques d’intelligence artificielle (IA) et de machine learning pour, par exemple, prédire les mouvements sur les marchés ou encore définir les profils de risque des clients.

Au-delà du secteur bancaire, c’est l’ensemble des services financiers qui témoignent d’une transformation poussée par l’automatisation. Le segment de la gestion de patrimoine enregistre, pour sa part, des changements de ses métiers vers «l’économie à distance», notamment en raison de sa «dépendance accrue» à l’égard des canaux numériques et la mise en place de services multicanaux.


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Du côté de la gestion d’actifs, «la puissance des données et l’émergence de nouvelles technologies changent fondamentalement l’identification des investissements, la gestion de portefeuille, la distribution et les interactions avec les clients», souligne LFF. En ce sens, les analystes quantitatifs disposant d’une formation avancée en statistique et mathématique seront énormément sollicités sur le marché de l’emploi.

Anciens et nouveaux métiers

Les entreprises d’assurance ne font pas exception à la tendance. L’émergence des «Insurtech», les modèles d’assurance automobile à la carte, les solutions d’assurances basées sur la blockchain et le développement d’offres en matière de cyberassurance devant tenir compte des exigences de protection des données constituent autant de signes que le secteur des assurances est déjà monté dans le train de la transformation numérique.

En outre, les métiers traditionnels, telles les fonctions juridiques et de conformité règlementaire, connaissent aussi des métamorphoses. Les processus des services financiers se numérisant, les juristes d’entreprise et les compliance officers n’ont plus d’autre choix que de fonder une partie de leurs analyses sur des extractions de données. Cette évolution donne même naissance à des rôles de data protection officer (DPRO) ou d’IT compliance officer. Et sans surprise, les métiers en émergence, à l’instar , ont naturellement la gestion des données comme cœur de métier.

Finalement, toutes ces évolutions des métiers des services financiers favorisent les professionnels en mesure d’apporter à leurs employeurs une valeur ajoutée sur des matières complexes qui nécessitent un jugement humain et de l’expertise. Au regard des pénuries de talents qui frappent actuellement le secteur financier, tant au Luxembourg qu’à l’international, ces évolutions en cours accentuent la nécessité d’adapter les formations académiques aux nouvelles demandes du marché de l’emploi. C’est sans compter également que, si ces changements sont motivés par une importance croissante de la donnée, encore faut-il des organisations financières dans ce domaine.

Cet article est issu de la newsletter Paperjam + Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.