Le taux d’inflation sur les produits alimentaires devrait passer à 4-5% en 2023 selon le Statec. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Le taux d’inflation sur les produits alimentaires devrait passer à 4-5% en 2023 selon le Statec. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Après avoir augmenté de 10,9% sur un an en octobre, les prix des produits alimentaires devraient continuer de croître en 2023. Mais à un taux de 4-5%, prédit le Statec. Pour autant, l’institut de statistiques ne voit pas encore la baisse pointer le bout de son nez.

. Et si on compare à l’année dernière à la même période, le coût pour se nourrir a crû de 10,9%.

Lait, beurre, pain, pâtes, légumes… tous les produits du quotidien sont impactés. Mais jusqu’où leurs prix peuvent-ils monter?

Voici comment les prix alimentaires ont grimpé depuis 2020. (Graphique: Paperjam)

Voici comment les prix alimentaires ont grimpé depuis 2020. (Graphique: Paperjam)

«Nous ne prévoyons pas de baisse» d’ici fin 2023, avertit Tom Haas, chef de l’unité de modélisation et de prédictions à l’institut de statistiques, «mais un ralentissement de l’inflation. Le taux devrait être divisé par deux, aux alentours de 4-5%.»

Quand diminueront-ils enfin, si cela arrive? «Je ne peux pas le dire. Nous ne faisons les prévisions que sur l’année courante et celle d’après.» L’économiste ne peut non plus détailler quels aliments verront leurs prix grimper plus que les autres. «Nous observons des milliers de produits, il y en a toujours qui augmentent et qui baissent. On remarque des effets saisonniers pour pas mal d’entre eux.»

Trois principales causes

Tom Haas cite trois principales causes à la hausse du coût de la nourriture. «Il y a eu un problème de sécheresse en Europe. Le blé qui n’a pas pu partir d’Ukraine pendant plusieurs mois. Et le coût de l’énergie qui a un impact, sur les machines, mais aussi les engrais, faits à partir de produits pétrochimiques.» La première, «saisonnière, joue moins». Pour la deuxième, «il y a de nouveau des bateaux qui transportent du blé depuis l’Ukraine». Et puis «les prix de l’énergie atteignent un plafond». Trois raisons pour lesquelles l’inflation a des chances de se calmer, selon lui.

Ce que confirme Guy Feyder, président de la Chambre d’agriculture. Il remarque déjà une certaine stabilité sur les marchés, même si on reste à des niveaux «largement supérieurs à ce qu’on a connu».

On constate cependant des différences selon les produits. Pour les céréales, l’explication vient de la guerre en Ukraine. Même si le pays exporte «plutôt vers l’Afrique, peu importe la localisation, cela touche le marché mondial», via les mécanismes classiques d’offre et de demande, précise-t-il. De même, le prix du beurre est «tiré par une forte demande internationale». La viande de porc a moins augmenté que les autres, peut-être grâce à une «suroffre avec le développement de la filière», à la suite de la peste porcine africaine.

La stratégie des grandes surfaces

Face aux hausses, les grandes surfaces changent-elles de stratégie?

«Nous essayons autant que possible de booster le pouvoir d’achat de nos clients à travers différentes actions: les prix réduits de nos plus de 400 produits, les 10% de notre programme de fidélité sur les produits frais au Nutri-Score A&B à partir de 99 euros d’achat le mois précédent…», détaille Delhaize.

«Nous nous efforçons de trouver un juste équilibre entre la répercussion des hausses de nos fournisseurs de marchandises et d’énergie, notre volonté de continuer à faire bénéficier à nos clients de tarifs attractifs, maintenir nos emplois, et assurer la pérennité de l’entreprise», ajoute Auchan. L’enseigne évoque sa marque «Essentiel» pour les petits budgets.

Des éléments qui ne sont en tout cas pas pris en compte par le Statec. Et ce pour une bonne raison. «Nous ne connaissons ni leurs prix d’achat ni leurs frais, nous ne pouvons pas estimer leurs marges.»