Adrian Aldinger, partner au sein du département Private Equity & Real Estate d’Arendt: «L’illiquidité est la principale spécificité de ce segment.»  (Photo: Arendt & Medernach)

Adrian Aldinger, partner au sein du département Private Equity & Real Estate d’Arendt: «L’illiquidité est la principale spécificité de ce segment.»  (Photo: Arendt & Medernach)

Devenu particulièrement populaire, l’investissement en private equity permet de bénéficier de rendements confortables, surtout dans un environnement de taux bas. Il faut toutefois rappeler que ce type d’investissement n’est pas accessible à tous et qu’il comporte certains risques.

Quels sont les placements qui, aujourd’hui, permettent encore de dégager des rendements confortables? Pour de nombreux investisseurs, c’est du côté des investissements alternatifs que se trouve la réponse à cette question, et particulièrement dans les placements en private equity. «On définit souvent le private equity par rapport à ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire un investissement coté. Le principe de ce type de placement est d’investir directement dans des entreprises, dans l’économie réelle, précise Adrian Aldinger, partner au sein du département Private Equity & Real Estate d’Arendt. Ce n’est toutefois pas toujours vrai. Parfois, l’investissement peut se faire dans une société cotée avant de la décoter, par exemple.» 

Né aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, dans le but de soutenir l’économie au sortir de cette période délicate, le private equity connaît aujourd’hui un réel regain d’intérêt. En cause: l’environnement de taux très bas dans lequel on se trouve. «Pour les acteurs institutionnels, qui disposent d’horizons d’investissement éloignés, comme les fonds de pension, ce type d’investissement, notamment à travers des fonds actifs sur ce segment, est idéal: il offre un rendement élevé sur plusieurs années», explique le partner d’Arendt. Un autre facteur expliquant l’intérêt pour le private equity est la crise financière de 2008, qui a contribué à la chasse au rendement, rendant les actifs classiques moins intéressants.

En outre, la nécessité, pour les institutionnels, d’intégrer les critères ESG à leurs investissements favorise également ces placements, qui peut avoir un impact positif sur la société. Enfin, la pandémie a encore renforcé l’attractivité du private equity. «Les levées de fonds dans ce segment cette année sont en train de battre tous les records», affirme ainsi Adrian Aldinger.

Un segment aux nombreuses spécificités

Si ce sont surtout les acteurs institutionnels et les professionnels de l’investissement qui s’intéressent au private equity, c’est tout d’abord parce que ce segment n’est, en principe, pas accessible aux investisseurs de détail. Le risque est en effet jugé trop important pour être assumé par un particulier, qui devra dès lors trouver des subterfuges pour accéder indirectement à ce type de placement, par exemple en investissant dans des sociétés cotées qui, elles-mêmes, placeront des capitaux en private equity. «

L’illiquidité est la principale spécificité de ce segment, poursuit Adrian Aldinger. Cela signifie que l’on s’engage pour une longue période et qu’il n’est pas du tout facile de se dégager avant le terme prévu, qui est souvent de 10 à 12 ans, mais qui peut aussi s’avérer plus lointain.» Cela signifie qu’en cas de crise majeure impactant le marché, il n’est pas possible de reprendre ses capitaux pour limiter la casse. «Mais la longue durée de l’investissement permet régulièrement de mitiger ce risque, en récupérant plus tard ce qui a été perdu lors de la crise», complète le partner d’Arendt. 

En outre, l’investisseur en private equity est dans une relation de dépendance importante vis-à-vis du gestionnaire de fonds. Il est donc essentiel d’assurer ses arrières en effectuant une due diligence pointue par rapport à la structure gérant le fonds, mais aussi en choisissant non pas un mais plusieurs gestionnaires de fonds. Enfin, les frais de gestion s’avèrent également plus élevés en private equity que dans d’autres segments. Un surcoût qui est toutefois gommé par les rendements intéressants proposés, de l’ordre de 10 à 15% (et même plus selon la stratégie d’investissement suivie).

Comme pour n’importe quelle stratégie d’investissement, l’investisseur en private equity aura tout intérêt à diversifier les éléments qui constituent son portefeuille. «Il peut par exemple être intéressant d’investir dans un fonds de venture capital et dans deux fonds de pur private equity, mais avec des stratégies différentes. Cela permet de limiter les risques», ajoute Adrian Aldinger. 

On le voit, s’il est séduisant, l’investissement en private equity est donc avant tout l’affaire d’investisseurs réellement avertis, bien conseillés, et – pour l’instant – disposant de capitaux élevés. 

Les impératifs liés au private equity 

Assumer l’illiquidité

En matière de private equity, les capitaux sont mobilisés pour une période relativement longue. L’investisseur doit donc pouvoir assumer cette immobilisation des fonds. Il doit aussi être bien au clair avec la stratégie mise en œuvre (dans quel pays investir, dans quel secteur, etc.).  

Vérifier la fiabilité du gestionnaire

L’investisseur étant très dépendant du gestionnaire de fonds dans le domaine du private equity, il est indispensable de réaliser une vraie due diligence de ce dernier, de vérifier son track record, etc. On s’engagera ainsi en toute confiance avec la structure, et ce pour plusieurs années. 

Monitorer les performances

L’illiquidité est une chose, mais il est indispensable de pouvoir vérifier que les rendements espérés sont bien au rendez-vous tout au long de la durée de vie du fonds. Pour ce faire, un reporting régulier doit être effectué par le gestionnaire, typiquement sous la forme d’un rapport trimestriel envoyé aux investisseurs. 

Se faire confirmer les choses par écrit

Pour certains investisseurs plaçant des capitaux considérables dans du private equity, il est tout à fait possible d’obtenir des conditions particulières ou des droits supplémentaires. Si c’est le cas, il faut bien évidemment demander au gestionnaire de les formaliser dans un document écrit. C’est également le cas si des ambiguïtés sont relevées dans le prospectus de description du fonds, par exemple par rapport aux critères ESG. N’hésitez pas, alors, à demander des précisions écrites.

Cet article a été rédigé pour le supplément , paru le 27 novembre avec .

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