Les prévisions de croissance jouent au yo-yo, mais le Statec table désormais sur une hausse de 6% du PIB en volume en 2021. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Les prévisions de croissance jouent au yo-yo, mais le Statec table désormais sur une hausse de 6% du PIB en volume en 2021. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le Statec table sur une croissance de 6% du PIB en 2021, contre 7% dans une publication de juin 2020, mais 4% dans celle de décembre. L’institut publie sa première note de conjoncture de l’année 2021 et révèle ses prévisions en termes d’inflation, d’emploi, de prix des biens et logements, ou encore d’émissions de gaz à effet de serre.

Les restaurants rouvrent, le couvre-feu s’éloigne, la population se vaccine… Et l’économie reprend, selon les dernières données du Statec. L’institut publie, comme chaque semestre, sa note de conjoncture. Avec plusieurs indicateurs au vert.

Croissance

D’abord, le bilan. L’activité économique du pays a bien sûr subi un recul en 2020, mais moins prononcé que celui de ses voisins, note le Statec. Le PIB en volume a diminué de 1,3% en 2020, contre une moyenne de -6,1% dans .

Puis, les prévisions: «L’accélération de la vaccination permet d’envisager une baisse significative des restrictions à l’activité et un renforcement de la dynamique économique à partir du second semestre 2021, en combinaison avec les mesures de relance nationales et internationales», écrit le Statec. Qui prévoit donc une progression du PIB de 6% en 2021, puis de 3,5% en 2022. Soit un peu moins, pour cette année, que ce qui avait été projeté lors de la publication semestrielle de. Mais toujours plus que ce qu’annonçaient la Commission européenne et l’OCDE à l’époque, ou encore ce que prévoyait le Statec dans sa note de conjoncture de , où il tablait sur une croissance de 4% dans un scénario haut.

Le moral des entrepreneurs suit la tendance. «Les indicateurs conjoncturels disponibles sur le premier trimestre 2021 sont dans l’ensemble assez positifs, à l’exception notable de ceux de l’horeca.» La valeur ajoutée du secteur (richesse créée) a chuté de 30,7% en 2020, alors que celle de l’information et de la communication a grimpé de 17%.

Globalement, le recul observé au niveau mondial semble «moins fort que prévu», et les campagnes de vaccination laisseraient entrevoir un «net rebond» de l’activité dans la zone euro à partir du second semestre, avec une hausse supérieure à 4% du PIB en 2021 et 2022.

Prix

Le prix du pétrole continue d’augmenter depuis fin 2020, ce qui relance l’inflation au Luxembourg. Elle se situe autour de 2% sur les derniers mois. Le Statec se veut rassurant et estime qu’ici, comme dans la zone euro, «le risque d’une dérive inflationniste paraît limité, avec une progression des prix hors produits pétroliers très modérée». Il prévoit cependant une résurgence passagère de l’inflation avec le relâchement de la demande, avec la levée des restrictions ou la hausse de certains coûts, comme celui des , qui touche particulièrement le secteur de la construction. Le Statec prévoit malgré tout une progression moins forte des prix des logements pour les prochaines années.

Au total: un taux d’inflation de 2% en 2021, et de 1,6% en 2022 sont prévus par l’institut des statistiques.

Emploi et salaire

Autre prix: celui des salaires. Le coût salarial moyen a baissé de 0,7% au Luxembourg en 2020, une tendance similaire au reste de la zone euro. Elle s’explique par le chômage partiel. Et devrait s’inverser en 2021 avec une hausse de 2% des salaires, puis de 4% en 2022, pas seulement due à l’indexation automatique, mais aussi à une meilleure productivité. Le nombre d’heures travaillées chute par ailleurs et poursuit sa baisse en ce début d’année 2021.

Le taux de chômage devrait en tout cas se stabiliser à un peu plus de 6%, voire diminuer à plus long terme. «En 2021, le marché du travail au Luxembourg demeure le plus dynamique de la zone euro», souligne le Statec. Tout en relativisant: «La progression de l’emploi ne devrait pas dépasser 2,5% cette année et l’année prochaine, un rythme bien moins élevé que celui de l’activité économique. Des éléments d’incertitude persistent, comme la grande volatilité des données mensuelles récentes (qui rendent l’interprétation conjoncturelle et la prévision délicates), voire les retombées potentielles, mais décalées, de la crise sur les secteurs les plus touchés par les effets de cette dernière.»

Comptes publics

La bonne résistance de l’économie se confirme dans les comptes de l’État. Les recettes ont diminué de 1% en 2020, au lieu de 4% en moyenne dans la zone euro. Un choc limité par «la bonne tenue des impôts des ménages et des cotisations sociales, ainsi que le rebond rapide des recettes de TVA après l’affaissement du printemps 2020», estime la note de conjoncture. Qui table sur une progression des recettes supérieure à 7% par an en 2021 et 2022. Côté dépenses, leur hausse de 14% s’explique en grande partie par les aides mises en place. Elles devraient stagner en 2021 et s’accroître encore de 4% en 2022.

Pour un déficit de 4,1% en 2020, qui devrait se résorber cette année, pour atteindre les -0,7%, pour laisser place à un «léger excédent en 2022».

Énergie

Nouveauté dans la note de conjoncture: une analyse de la situation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre. Pour rappel, le Luxembourg importe 95% de sa consommation d’énergie, selon le Statec. La production domestique aurait poursuivi son essor en 2020, sous l’effet de l’augmentation des capacités installées.

Le ralentissement de l’activité économique a automatiquement engendré une baisse des importations. Et des émissions de gaz à effet de serre, de 17% en un an. Le rebond a vite suivi, avec la levée des restrictions et la reprise de l’activité. Mais il a été freiné par l’instauration de la taxe CO2 le 1er janvier 2021. D’après les prévisions du Statec, les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient tout de même de 2,5% par an en 2021 et 2022. Une ombre au tableau de la reprise.