Khashayar Pazooki et Jean-Marc Kieffer ont ouvert cette journée de conférences axée sur la neuroscience. (Photo: Matic Zorman)

Khashayar Pazooki et Jean-Marc Kieffer ont ouvert cette journée de conférences axée sur la neuroscience. (Photo: Matic Zorman)

Doper son entreprise grâce à la neuroscience. Le thème abordé lors de la conférence de Psylux le week-end dernier à Luxembourg avait de quoi intriguer les CEO. Certains sont pourtant convaincus de la plus-value de ces outils, à l’image de Jean-Marc Kieffer (CDCL SA) et Robert Schaus (Presta-Gaz).

Si la technique est complexe, le principe de la neuroscience reste simple: étudier le cerveau de ses employés et leurs réactions afin de les aider à développer leur potentiel. Un thème qui a intrigué les patrons qui étaient présents samedi dernier à la journée de conférences organisée par . Un vaste sujet qui grappille du terrain dans les méthodes de fonctionnement des entreprises luxembourgeoises. 

Spécialisé dans le domaine et consultant dans de grandes entreprises luxembourgeoises, Khashayar Pazooki, patron de Psylux, a donc invité plusieurs CEO a détailler leur expérience en la matière.

Comprendre le cerveau de ses employés

Diplômé en psychologie, , dirigeant de CDCL SA, a ouvert le bal. Il disposait déjà d’affinités, grâce à son cursus, pour cette science qu’il est en train d’implémenter dans son entreprise de construction.

«J’ai réalisé qu’on arrivait à entraîner son cerveau à voir ce qui se passait en fonction des décisions qu’on prend. On s’est demandé ce que cela pouvait avoir comme impact dans l’entreprise, et on va donc le mettre en application dès maintenant, sur base volontaire», se réjouit-il.

Jean-Marc Kieffer teste la neuroscience dans son entreprise, CDCL SA.  (Photo: Matic Zorman)

Jean-Marc Kieffer teste la neuroscience dans son entreprise, CDCL SA.  (Photo: Matic Zorman)

Les travailleurs qui le souhaitent pourront donc accéder à une analyse neuronale individuelle qui leur permettra de comprendre leur façon de fonctionner.

«Nous sommes en train d’élaborer le programme. On va réunir les gens autour de valeurs que nous avons définies. Leur expliquer comment les vivre de façon un peu ludique grâce au casque avec les électrodes pour qu’ils voient ce qui se passe dans leur cerveau quand ils prennent une décision ou quand ils sont stressés.»

Le patron ne s’est pas fixé d’objectif précis. Il avance pas à pas et espère tirer les premiers bénéfices de cette méthode d’ici quelques années.

Un travail en profondeur

Ce type d’analyse ne révolutionne toutefois pas l’entreprise en quelques semaines. Pour qu’elle soit efficace, la méthode doit être adaptée et travaillée durant plusieurs années, en profondeur, à tous les niveaux de l’entreprise.

«C’est important de montrer à nos employés (510 travailleurs et une centaine d’intérimaires) que les nouvelles technologies nous intéressent et que l’on veut changer notre façon de travailler. On veut être novateur et progressiste», conclut Jean-Marc Kieffer.

Une analyse partagée par Robert Schaus, CEO de Presta-Gaz SA et Presta Cylinders sàrl, présent également samedi lors de la conférence. Ingénieur de formation, le patron de l’entreprise de gaz n’avait pourtant pas d’affinité particulière avec les neurosciences au départ. Mais il s’est passionné pour le sujet, au point de le transposer dans sa société.

C’est une nécessité aujourd’hui, dans une entreprise, de comprendre les comportements sociaux et individuels si on veut faire avancer une organisation. Apprendre, se former et se faire aider, c’est important.

Robert SchausCEOPresta-Gaz

Robert Schaus s’est vite rendu compte qu’il ne pouvait pas avancer dans certains domaines, comme le fonctionnement de l’entreprise, la réorganisation, sans creuser du côté psychologique. «C’est une façon de comprendre ce qui empêche l’adhésion et qui permet de résoudre certains des blocages qui existent au sein de l’entreprise», détermine-t-il.

Cela fait plusieurs mois que le CEO a donc lancé le projet chez Presta-Gaz. Les employés ont déjà eu un entretien individuel avec un coach expert en neurosciences.

Robert Schaus voit de gros progrès dans son entreprise, grâce à la neuroscience.  (Photo: Matic Zorman)

Robert Schaus voit de gros progrès dans son entreprise, grâce à la neuroscience.  (Photo: Matic Zorman)

«C’est un processus qui est encore en cours. Nous avons quand même réussi à fédérer un certain nombre de nouveaux arrivants très expérimentés. Cela a déjà un gros impact, notamment aux ressources humaines, où j’ai quelqu’un qui a suivi une formation de coach, ce que je n’avais pas avant», explique-t-il.

Grâce à ces personnes sources, le patron estime que son entreprise évolue dans la bonne direction, même s’il faudra attendre plusieurs années avant de pouvoir mesurer concrètement les bénéfices de cette méthode.

«D’un côté, on ressent une atmosphère plus conviviale et une diminution des conflits. Mais il y a aussi des avancées très concrètes, avec des gens qui prennent des initiatives, alors qu’ils ne le faisaient pas avant, et en production, où j’ai un manager très expérimenté qui amène une expérience et un feeling pratique qui remplacent avantageusement le savoir théorique», reconnaît Robert Schaus.

La neuroscience pour booster la croissance

Grâce à la neuroscience, on peut également influer sur la croissance de l’entreprise. «On est dans un marché très difficile, qui a une croissance négative, mais les chiffres s’améliorent grâce aux équipes, mais aussi aux éléments psychologiques, qui apportent un nouveau dynamisme. Il faut toutefois approcher cela de façon modeste. Il faut accepter d’avancer à petits pas. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas faire beaucoup de petits pas très vite», conclut-il, visiblement satisfait de cette technique.