Ses illustres prédécesseurs, Pierre Werner et avaient essuyé les plâtres d’une aventure luxembourgeoise dans la conquête spatiale «made in Europe», à l’abri tout relatif de la Guerre froide, il y a 40 ans. L’ex-ministre de l’Économie, (LSAP), l’avait très vite appris: il faut savoir naviguer longtemps contre les vents (violents) adverses pour espérer un jour que les paresseux prophètes du malheur mettent leurs langues dans leurs poches.
Cinq ans après, le «ministre de l’Espace» a quitté la scène politique mais la conférence du NewSpace réunira toujours des centaines d’experts, ces jeudi 27 et vendredi 28 octobre, autour de la volonté d’amener au Luxembourg de nouvelles sociétés de l’espace. Du «new space» plus exactement. Donc pas des lanceurs qui, en dix ans, ont attiré 28 des 54,8 milliards de dollars d’investissement (dont 38% pour la seule Space X), voire même pas forcément des opérateurs de satellites (23,7 milliards). Encore que là, ce soit plus discutable compte tenu du rôle des acteurs du satellite et surtout du nano-satellite dans des secteurs-clés.
-44% d’investissements au troisième trimestre
Si la responsable de la recherche sur les actions aérospatiales et de défense chez Morgan Stanley, Kristine Liwag, s’attend à ce que l’industrie spatiale mondiale devienne un marché de 1.100 milliards de dollars d’ici 2040, contre environ 350 milliards de dollars en 2016, d’autres ont commencé à tirer la sonnette d’alarme depuis la rentrée: avec 79 deals pour 3,4 milliards de dollars, les investissements ont diminué de 44% par rapport au même trimestre de 2021 (contre -31% pour l’ensemble des sociétés de technologie), affirme .
Les entreprises qui fournissent des données, des insights et des services critiques aux entreprises et aux gouvernements seront mieux positionnées pour une croissance de leurs revenus à moyen terme»
Pour son directeur, Chad Anderson, «les entreprises avec des dépenses en capital élevées, y compris les industries de lancement et émergentes, seront probablement les plus touchées au cours des prochaines années. Les entreprises qui fournissent des données, des insights et des services critiques aux entreprises et aux gouvernements seront mieux positionnées pour une croissance de leurs revenus à moyen terme et ont des atouts à faire valoir pour attirer des investisseurs dans un marché plus sélectif.»
Débris de l’espace, habitat, logistique, secteurs porteurs
Les industries émergentes, selon sa société, sont à chercher dans les habitats extra-terrestres ou spatiaux (comme Vast), dans les transports ou la logistique (iSpace) ou dans la gestion des débris de l’espace (Astroscale). Cette dernière question, déjà abordée au Luxembourg, a aussi été au cœur du Forum européen de l’espace à Bruxelles, où de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer une coordination internationale et des outils: de 770 satellites en orbite il y a 20 ans, on est passé à 5.000 aujourd’hui et ce chiffre pourrait atteindre 100.000 dans les années à venir si tous les projets de mégaconstellations aboutissent.
Pour sa cinquième édition, la NewSpace Europe a choisi de se placer sous le thème «connecter la Terre et l’espace» pour répondre à ces enjeux. Le ministre de l’Économie, (LSAP), y sera au côté du ministre coréen de la Science et de l’ICT, Lee Jong-Ho. Une belle occasion, par exemple, d’en apprendre plus sur une spin-off coréenne de l’Université de Hanyang, , et sur la gestion de la sécurité dans le ciel, ou sur la néerlandaise .
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Autre axe passionnant, la microgravité et ses débouchés sur Terre, comme l’illustre , avec la présence, sur la scène luxembourgeoise, de la cheffe scientifique de , Daniela Bezdan, ou du cofondateur de Space Cargo Unlimited, dont le Petrus 2.000 parti dans l’espace et revenu sur Terre a déjà été noté 100/100 par Parker. Mais promis, son CEO, Nicolas Gaume, ne viendra pas parler de vin, ni des 2 millions d’euros qu’il a levés, «de l’histoire déjà ancienne», ni même de l’arrivée de Charles Beigbeder dans sa société via son fonds sur le New Space, mais de REV1, la première usine spatiale développée avec Thales Alenia Space.
Redwire et ses cellules de l’espace
Un projet futuriste, meilleur signe d’un bouillonnement que les bruits de la bourse ne couvrent pas: , les sociétés de l’espace passées par un SPAC ont bien du mal à se refinancer et n’ont plus que trois trimestres au maximum pour financer leur croissance. Dans le viseur des analystes, des projets bien connus au Luxembourg, comme Spire qui, , «a signalé une augmentation de 113% de ses revenus au deuxième trimestre cette année par rapport à la même période l’an dernier. Spire a déclaré que la croissance était due à une adoption accrue par les clients existants et aux ajouts récents de nouveaux clients.»
Ou comme l’Américaine au centre de recherches luxembourgeois RedWire, qui a d’abord , transaction qui profite aux deux sociétés, avant de se réjouir que sa bio-imprimante ait été retenue dans le cadre de la mission NG-18 vers la station internationale. Avec un objectif: montrer que les cellules et les tissus humains imprimés en l’absence de gravité pourront mûrir et se renforcer, une étape importante dans la médecine régénérative qui pourrait conduire à des moyens efficaces d’imprimer de nouveaux tissus et organes dans l’espace pour les patients qui en ont besoin sur Terre.
Puisqu’on vous dit que l’utilisation de technologies de l’espace sur Terre est tendance! .