Les obligations peuvent apparaître comme le parent pauvre des investisseurs, en particulier lorsque les cours des actions et des cryptomonnaies s’envolent. Cependant, n’oublions pas qu’en tant qu’actifs recherchés, et dans certains cas spéculatifs, ces dernières ne sont pas à l’abri de corrections brutales, alors que les obligations jouent un rôle central dans les stratégies visant une accumulation stable et de long terme de résultats.
« Avec une approche offrant le juste équilibre entre résilience et croissance, il est possible de répondre aux besoins et souhaits de chaque investisseur », estime Flavio Carpenzano, directeur des investissements chez Capital Group. « Après tout, une personne en fin de carrière n’aura pas les mêmes besoins qu’un jeune diplômé, et les obligations permettent précisément d’ajuster le profil de rendement-risque en conséquence. »
Proposées aux investisseurs sous forme de titres financiers, les obligations sont des emprunts émis par des entreprises, des États, des collectivités locales, etc. pour financer leurs projets et leur fonctionnement. Les sommes sont prêtées pour une durée limitée, avec une échéance précise à laquelle le capital est remboursé. Des intérêts – appelés coupons – sont versés à intervalles réguliers. De manière générale, plus l’emprunt est risqué (en termes de défaut de l’émetteur), plus le taux d’intérêt devra être élevé pour attirer les investisseurs.
Par exemple, le géant de l’acier basé au Luxembourg ArcelorMittal, qui est très actif sur le marché obligataire, a proposé ces dernières années des obligations porteuses d’intérêts . Pour sa part, le Grand-Duché de Luxembourg a été, en tant qu’émetteur souverain, en mesure d’émettre des obligations assorties d’un taux d’intérêt négatif, lors de sa dernière émission survenue en 2020, ce qui signifie que les investisseurs récupéreront un peu moins que leur mise initiale.
Pourquoi un tel écart ? ArcelorMittal est assez lourdement endetté et intervient sur un marché relativement volatil. Les investisseurs peuvent donc craindre que la société ne fasse faillite et ne rembourse donc pas le capital, ce qui reviendrait pour eux à essuyer une perte sèche. Pour les séduire, elle a donc dû offrir un taux d’intérêt à la fois à la hauteur du risque et couvrant une partie de l’inflation. En comparaison, le Grand-Duché de Luxembourg peut appliquer des taux inférieurs à zéro, car il est perçu comme peu risqué, avec sa gestion saine, son endettement limité et une devise et une économie soutenues par la Banque centrale européenne.
Son émission de 2020 a d’ailleurs été sursouscrite malgré un taux d’intérêt négatif, les investisseurs étant convaincus qu’il s’agit d’un placement « presque sans risque » et que le Grand-Duché remboursera à coup sûr le capital. Mais une question évidente se pose ici : pourquoi, dans ce cas, ne pas simplement conserver des liquidités sur un compte bancaire ? La réponse est qu’en temps de crise, ces obligations deviennent très recherchées et peuvent être revendues plus cher, une souplesse que les liquidités n’offrent pas aux gérants d’actifs.
Or, en ce moment, l’économie mondiale est en phase de croissance forte et d’inflation élevée. Comme l’explique Flavio Carpenzano, « Ce contexte contribue à modérer les risques supérieurs associés aux obligations à haut rendement (high yield), qui deviennent de ce fait plus attrayantes. » Mais au début de la crise sanitaire, lorsque les marchés financiers étaient agités, les obligations à faible risque et taux bas ont connu une forte demande. Dans une approche d’investissement diversifiée et équilibrée, les gains engrangés dans la poche obligataire du portefeuille permettent de combler les pertes subies par ailleurs.
Flavio Carpenzano cite quatre grandes raisons pour lesquelles il est judicieux d’intégrer des obligations dans un portefeuille : la préservation du capital, la génération de revenu, la protection contre l’inflation et la diversification. En ce qui concerne la préservation du capital, il explique qu’une « allocation obligataire permet en quelque sorte d’ancrer le portefeuille, pour lui conférer plus de résilience et de stabilité. Bien sûr, des pertes à court terme sont possibles dans un environnement de taux bas, mais les données historiques révèlent qu’à moyen terme, les obligations offrent généralement des rendements positifs. »
Ces dernières années, l’inflation et l’environnement de faibles taux d’intérêt ont contribué à éroder la génération de revenu. Mais une exposition diversifiée à des obligations peut être source de revenus réguliers, surtout pour les investisseurs retraités qui ne peuvent plus compter sur leur salaire pour alimenter leur épargne.
Les obligations offrent également une protection contre l’inflation. Alors que les espèces que l’on conserve chez soi valent aujourd’hui 5 % de moins qu’il y a un an, les obligations high yield et indexées sur l’inflation se comportent bien grâce à l’amélioration de la conjoncture économique mondiale. À l’inverse, les obligations plus sûres (comme les titres souverains émis par le Luxembourg, l’Allemagne ou les États-Unis) sont en perte de vitesse.
Enfin, dans un portefeuille, la diversification est de mise au sein du segment obligataire, mais aussi par rapport aux actions. Car si ces dernières sont de bons investissements à long terme, elles n’échappent pas à des épisodes de volatilité et de correction boursière. Le bon assortiment permet ainsi d’atténuer les effets de ces fluctuations.
Et Flavio Carpenzano de conclure, « Les investisseurs prospères suivent une approche stratégique consciencieuse, adaptée à leur profil et à leurs objectifs. Les obligations sont une classe d’actifs incontournable pour les aider à sécuriser leur patrimoine tout en profitant d’opportunités de croissance. »