Après la Chine ou le Japon, le ralliement des États-Unis au point de vue du ministre de l’Économie, Étienne Schneider, est une bonne nouvelle pour Spaceresources.lu. (Photo: Matic Zorman/Archives)

Après la Chine ou le Japon, le ralliement des États-Unis au point de vue du ministre de l’Économie, Étienne Schneider, est une bonne nouvelle pour Spaceresources.lu. (Photo: Matic Zorman/Archives)

Le secrétaire d’État américain au Commerce, Wilbur Ross, fera spécialement le déplacement au Luxembourg ce vendredi pour signer un accord crucial à la politique spatiale voulue par le ministre de l’Économie, Étienne Schneider. Décodage.

Le ministre de l’Économie, , aura forcément un sourire de publicité pour dentifrice. Ultra-bright. Déplacer spécialement un «ministre» américain est assez rare pour que cela se remarque.

C’est dire l’importance que le secrétaire d’État américain au Commerce, Wilbur Ross, accorde au memorandum of understanding (MoU) , suivant les recommandations de son nouvel ambassadeur.

Le Luxembourg et les États-Unis (le Space Act de Barack Obama) sont les deux seuls pays au monde qui ont une législation spécifique sur l’exploitation des ressources de l’espace. À la différence près que ce droit d’utiliser des matériaux ramenés de l’espace est réservé, dans le pays de l’Oncle Sam, aux sociétés dont le capital est américain, alors que la loi luxembourgeoise ne se préoccupe pas du capital, mais de la localisation au Luxembourg des sociétés qui les ramènent. Elles devront d’ailleurs avoir une licence.

Le huitième pays de l’alliance

Au niveau des Nations unies, pour l’instant, il subsiste un flou juridique sur l’appropriation privée de ressources de l’espace, et c’est tout le problème que l’initiative prise par Étienne Schneider rencontre depuis le début. Cela reste un frein à l’installation d’autres acteurs au Luxembourg parce que la sécurité juridique de leur business model n’est pas assurée à 100%.

Pour le ministre, comme il le rappelle à chaque occasion, l’espace est un océan qui n’appartient à personne, mais dans lequel tout le monde peut aller pêcher.

Avec les États-Unis, le ministre de l’Espace, pardon de l’Économie, n’apporte pas seulement un huitième pays à son alliance internationale (après les Émirats arabes unis, la Belgique, la Chine, le Japon, le Portugal, la Pologne et la République tchèque): les Américains dépensent autant d’argent que tout le reste de la planète, et les investissements des géants des tech ont complètement relancé une industrie en hibernation depuis la fin de la Guerre froide.

Un MoU général et une présence renforcée

«L’accord englobe toutes les thématiques de l’espace, y compris l’exploitation sur Terre des ressources de l’espace», concède le directeur de l’Agence spatiale luxembourgeoise, . «Le Luxembourg est un pays très actif sur le sujet et cela offre une ouverture vers l’Europe tout à fait naturelle pour les Américains.»

Le ministre de l’Économie ne s’en est jamais caché: pour amener les Nations unies à évoluer et à permettre une exploitation privée raisonnée des matériaux de l’espace, le Luxembourg aurait eu trop de difficultés à se battre dans toutes les enceintes diplomatiques. L’alliance internationale offre une alternative visible, mais ce n’est pas la seule initiative.

Plus discrètement, les Luxembourgeois ont aussi «dopé» leur présence dans le sous-comité «légal» du Bureau des affaires spatiales des Nations unies. Du 1er au 12 avril, à Vienne, siège de cette organisation, par exemple, les Luxembourgeois étaient 12. Dont l’ambassadeur Marc Ungeheuer, mais aussi l’envoyé spécial de l’initiative Spaceresources.lu, , le directeur des Affaires spatiales du ministère, Mathias Link, ou encore la spécialiste luxembourgeoise des questions légales de l’espace, Mahulena Hofmann, pour ne citer que les plus connus.

«C’est un bon mix. L’ambassadeur connaît bien les arcanes de la diplomatie à Vienne et nous avons nos spécialistes. Cela nous permet de mieux expliquer la position du Luxembourg, lors d’échanges bilatéraux avec des représentants d’autres pays ou de séminaires. Sans la compréhension mutuelle, c’est sûr que nous devrions affronter des résistances», analyse M. Serres.

Deux camps, une solution négociée à imaginer

Car le Luxembourg est partisan d’une solution négociée qui respecte à la fois le bien de l’humanité (et donc l’accès de la recherche aux matériaux trouvés dans l’espace) et celui des sociétés privées (qui s’exprime en commercialisation de matériaux de plus en plus rares sur Terre).

«Nous devons être créatifs pour trouver une voie», dit le directeur de l’Agence spatiale luxembourgeoise. «Mais si vous regardez la situation des ‘slots’ orbitaux et des fréquences, ces ressources limitées, la communauté internationale a bien fini par trouver une solution.»

Avec les États-Unis, la Chine et le Japon, Étienne Schneider a réuni les acteurs majeurs de l’espace. L’Inde sera le prochain, et le Luxembourg discute avec un certain nombre d’autres pays, on peut imaginer la France et l’Allemagne, puisque l’Agence spatiale européenne a plutôt une compétence technique dans les collaborations, alors que les États donnent les impulsions politiques.

Les Américains sont si contents de cet accord qu’ils voudraient le voir rendu entièrement public. Ce qui n’est pas une habitude luxembourgeoise. C’est la véritable inconnue de ce vendredi.