James Carpenter, stratège de l’ESA pour les ressources de l’espace, et Matthias Maurer, astronaute allemand, sont venus expliquer l’intérêt de s’intéresser à l’exploitation des ressources de l’espace. (Photo: Paperjam)

James Carpenter, stratège de l’ESA pour les ressources de l’espace, et Matthias Maurer, astronaute allemand, sont venus expliquer l’intérêt de s’intéresser à l’exploitation des ressources de l’espace. (Photo: Paperjam)

Régulièrement moquée, l’initiative du ministre de l’Économie Étienne Schneider sur l’exploitation des ressources de l’espace réunit près de 400 experts de tous horizons cette semaine au Luxembourg autour d’une question: quand? Mais pas seulement.

«Il y a quelques années, quand vous parliez de l’utilisation des ressources de l’espace, vous n’étiez pas pris au sérieux. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. C’est en grande partie dû aux initiatives du Luxembourg!»

Avant d’aller s’assoir pour une conférence de presse qui réunit l’Agence spatiale européenne (ESA) et les autorités luxembourgeoises, dans la salle «Lake of the eternal light», à Luxexpo The Box, l’exploration strategy officer de l’ESA, James Carpenter, distribue ses pin’s. La Lune y est entourée de morceaux de couleur bleue, jaune, rouge, orange ou verte, qui symbolisent le feu, l’eau, les métaux, l’oxygène et les matériaux de construction.

Comme autant de challenges que toute la planète rêve de relever.

À quelle échéance, la véritable question est là. Comme il l’avait dit la veille, au 10×6 sur l’espace organisé par le Paperjam Business Club, , répète que «l’utilisation des ressources de l’espace est inévitable».

2040, objectif ambitieux ou non?

«À la fin de nos travaux au Luxembourg, cette semaine, nous saurons ce qu’en pensent les experts», concède M. Carpenter. «Est-ce que l’objectif de 2040 pour cette utilisation des ressources de l’espace est ambitieux ou pas assez?»

Assis à ses côtés, l’astronaute allemand Matthias Maurer rêve à voix haute de ces avancées technologiques qui permettront un jour de construire une base sur la Lune, de la construire à partir de matériaux de l’espace ou de faire le plein des engins de l’espace pour aller plus loin que l’astre céleste. Ce n’est pas pour demain.

Les défis sont nombreux. Alors il fixe un cap plus précis: 2024 pour le retour d’un astronaute sur la Lune, voire d’une astronaute, 2028 pour l’installation d’une base permanente sur la Lune. La conquête de l’espace avance petit à petit, tâtonne, assure que chaque pas présente le moins de risques possible.

Un bac à sable comme les deux luxembourgeois

Il faudra retourner sur la Lune. Avec des robots comme celui d’iSpace. Puis y carotter le sol pour vérifier qu’il contient bien de l’eau, même glacée. Ensuite, imaginer des robots constructeurs ou assembleurs d’une structure comme celle de la Station spatiale internationale. Puis renvoyer un homme. Puis des hommes. Et régler les questions d’oxygène, de radiation, de survie.

«Les astronautes doivent commencer à se préparer autrement», explique Matthias Maurer. «Il ne s’agit plus seulement d’être prêt pour le lancement, mais d’avoir des compétences en géologie, puis en forage, en ingénierie civile et mécanique.»

 ira la semaine prochaine à Cologne, où est installée la Luna Facility. , où les chercheurs et les astronautes vont pouvoir se pencher sur toutes les problématiques et se préparer à être opérationnels.

La Luna Facility de Cologne doit aider chercheurs, experts et astronautes à préparer un retour humain sur la Lune en 2024. (Photo: ESA)

La Luna Facility de Cologne doit aider chercheurs, experts et astronautes à préparer un retour humain sur la Lune en 2024. (Photo: ESA)

Le «bac à sable» ressemble à ceux que la start-up luxembourgo-japonaise iSpace a installés chez Paul Wurth et à l’Université du Luxembourg pour le premier master interdisciplinaire de l’espace.

Au-delà d’un calendrier que le grand public attend pour s’approprier cette conquête spatiale, le ministre poursuit d’autres buts avec l’organisation de cette Semaine des ressources de l’espace:

continuer à médiatiser l’initiative du Luxembourg et les différents dispositifs mis en place pour favoriser le développement d’un écosystème. Une nouvelle structure sera présentée la semaine prochaine à Cologne et le fonds d’investissement au Space Summit de novembre, aussi à Luxembourg;

placer le Luxembourg comme intermédiaire idéal, puisque neutre militairement et stable politiquement. Au face à face entre Américains et Soviétiques de la guerre froide, s’est substituée une course de vitesse entre Américains et Chinois dans un mouvement à deux niveaux: les pays sont bien en concurrence pour exploiter les ressources de la Lune en premier mais officiellement la collaboration sur les projets est globale. Comment gérer cette schizophrénie d’un point de vue luxembourgeois? En signant des accords de coopération à la fois avec les Américains et les Chinois. Ces derniers nécessiteront davantage d’efforts pour assimiler les différences culturelles et instaurer une confiance durable. Le même Luxembourg est l’intermédiaire idéal au niveau européen entre les grands pays ou les pays de l’espace qui animent la vie de l’Agence spatiale européenne, laquelle est à la pointe sur certains projets et technologies en regardant avec envie Chinois et Américains s’écharper poliment;

mixer les industries de l’espace et de l’extraction ou pétrolières. L’espace, ce n’est pas qu’une question d’espace, ont rappelé les quatre experts (Marc Serres et Mathias Link, James Carpenter et Matthias Maurer), mercredi matin. Une partie des technologies développées dans cette perspective, par de nouveaux acteurs, pourraient aussi permettre de révolutionner l’industrie pour optimiser les processus, réduire les déchets et réduire l’empreinte carbone. «On voit les experts de l’industrie pétrolière ou de l’extraction de pays comme le Canada ou l’Australie s’intéresser à ces discussions», a dit M. Serres. Et c’est exactement ce que voulait le ministre.