Dans une communication très institutionnelle, le géant Thales Alenia Space annonce la création au Luxembourg d’un jumeau digital spécialisé dans les inondations. Pas pour le plaisir de regarder où tombe la pluie, mais pour être capable de donner au décideur public les meilleures clés de décision pour aller chercher ici cette vieille dame isolée en cas d’inondation, là pour comprendre que la création d’une troisième voie sur l’autoroute a un impact sur la quantité d’eau que le sol peut, ou pas, absorber.
Un jumeau digital est la réplique numérique d’un environnement réel où il est possible de tester différents scénarios et donc de préparer autant de réponses adaptées aux scénarios.
Là où l’annonce du groupe français – société conjointe entre Thales (67%) et Leonardo (33%) – est particulière, c’est que ce jumeau ne va pas s’appuyer sur les données qui permettent à la météo de nous donner chaque jour des prévisions plus ou moins conformes à la réalité de ce qui se passe, mais sur des données locales et donc d’avoir des réponses parfaitement adaptées au Luxembourg.
Tout le monde se souvient des inondations de juillet 2021, quand les stations météo du Findel et de Gobrange avaient enregistré 79,4 et 105,7 litres par mètre carré contre 70 à 100 millimètres l’été dernier.
Un satellite et un radar spécial
Pour obtenir ces informations, Thales va pouvoir s’appuyer sur son satellite Swot lancé il y a près d’un an. Il est «pourvu du radar imageur KaRIn. Ce dernier fonctionne grâce à deux antennes, disposées aux extrémités d’un mât de dix mètres. L’une va émettre de part et d’autre du sillage du satellite des impulsions radar qui, après avoir rebondi sur la surface de notre planète, sont captées par les deux antennes. Les différences de distance et de phase entre ces deux signaux – on parle d’interférométrie – permettent de cartographier en deux dimensions le niveau des eaux à très fine échelle. Comme la visée de l’instrument radar est légèrement oblique, les signaux reçus s’étalent sur une fauchée de cinquante kilomètres de part et d’autre de la trace du satellite projetée au sol, et un faisceau de vingt kilomètres autour. Les mesures sont donc prises sur une bande de 120 kilomètres de large.»
D’ailleurs, Thales s’appuie, outre sur son centre de recherche au Luxembourg dirigé par Étienne Barritault, sur l’Agence spatiale luxembourgeoise (LSA), le Luxembourg institute of sciences and technologies (List) et PwC. Le projet est financé par le Luxembourg, par le biais d’un contrat de l’Agence spatiale européenne (Esa) au profit du Programme spatial national luxembourgeois LuxIMPULSE. .