Dernières vérifications pour les quatre derniers satellites de première génération d’O3B. (Photo: SES/Thales Alenia)

Dernières vérifications pour les quatre derniers satellites de première génération d’O3B. (Photo: SES/Thales Alenia)

SES lancera ce jeudi après-midi depuis Kourou, en Guyane, les quatre derniers satellites de sa constellation O3B. Une technologie unique au monde.

Ceci n’est pas un argumentaire commercial. Mais des faits. La Société européenne des satellites (SES) lancera ce jeudi les quatre derniers satellites de sa constellation O3B. Le Soyouz décollera de Guyane, à 18h30, heure du Luxembourg, pour un vol de 2 heures, 23 minutes. Et 51 secondes, pour être précis.

À 7.830 kilomètres de la Terre, les 20 satellites d’O3B, à moyenne orbite et non géostationnaires, auront des performances que les opérateurs télécoms ont du mal à obtenir au sol… Ces quatre «bébés» de 700kg chacun, produits chez Thales Alenia Space, sont capables de délivrer chacun une connectivité supérieure à 10 gigabits par seconde.

Souvent citée en exemple, la Corée du Sud a seulement annoncé un plan à ce niveau l’an dernier. Le ministre sud-coréen de la Science, de l’ICT et de la Planification future, Mirae Changjo Gwahakbu, a promis: son pays sera à la pointe de la révolution économique et industrielle avec la 5G. La quatrième économie la plus dynamique d’Asie promet 50% de couverture à 10Gb/s… en 2022!

Une autre manière de mesurer la performance de SES avec O3B est de consulter le Gigabit Monitor de Viavi. Seuls 4,9% de la population mondiale ont accès à 1Gb/s, un débit disponible seulement dans 50 pays. Le pays le mieux couvert en nombre de personnes, les États-Unis, offre 1Gb/s à 65 millions de ses 325 millions d’habitants (20%). Singapour couvre 95% de sa population dans un classement où le Luxembourg est 11e (50%).

Pour SES, ce lancement est d’une importance stratégique. L’opérateur coulait des jours heureux et tranquilles quand, le 1er juillet 2016, il a décidé de casser cette tirelire qu’il n’a pas pour exercer son option d’achat des 50,9% des parts d’O3B Networks qui lui manquaient contre 730 millions de dollars.

L’idée de Greg Wyler de connecter «les autres 3 milliards de personnes» à internet (d’où O3B pour «other 3 billions”) se transforme rapidement en un projet purement économique, sur fond de transformation digitale, d’explosion de la donnée et des objets connectés.

Les dernières données stratégiques disponibles indiquaient des revenus espérés entre 32 et 36 millions de dollars par an et par satellite, soit 640 à 720 millions de dollars par an pour des satellites à la durée de vie de 10 ans.

Aujourd’hui, O3B a des clients dans une cinquantaine de pays, 15 millions d’utilisateurs mobiles, quatre des six pétrolières majeures et est utilisé dans un certain nombre de missions humanitaires.

O3B mPower, la rupture technologique à venir

Ce bond technologique sera suivi d’un autre bond, probablement à la mi-2021, avec les sept super-satellites produits chez Boeing et dont la revue de conception critique devrait avoir lieu avant l’été. Dotés de 30.000 faisceaux entièrement configurables et orientables en temps réel (contre 200 à 300 pour O3B), les satellites O3B mPower pourront couvrir 400 millions de kilomètres carrés à un débit de 4 terabytes/s (4.000Gb/s). À titre de comparaison, OneWeb, aussi imaginé par Greg Wyler et dont les satellites sont aussi produits chez Boeing, atteindra 500Mb/s avec la première génération et jusqu’à 2,5Gb/s en 2021…

Loin de la mini-polémique déclenchée par le patron d’Arianespace, mi-janvier, à l’occasion de la présentation de ses résultats – il souhaitait que les commandes institutionnelles soient plus souvent confiées à des lanceurs européens –, SES a fait le choix de la sécurité en allant en Guyane.

Les quatre satellites embarqués par le Soyouz ST-B chez Arianespace seront les 58e, 59e, 60et 61e confiés au lanceur, pour sa quatrième mission déjà cette année.