L’Union européenne a publié, mercredi, son rapport «The Changing Nature of Work», qui donne les pistes à suivre pour préparer les économies européennes aux changements à venir sur le marché du travail. (Photo: Shutterstock)

L’Union européenne a publié, mercredi, son rapport «The Changing Nature of Work», qui donne les pistes à suivre pour préparer les économies européennes aux changements à venir sur le marché du travail. (Photo: Shutterstock)

L’Union européenne a publié, mercredi, son rapport «The Changing Nature of Work» qui indique les pistes à suivre pour s’assurer d’avoir la main-d’œuvre nécessaire pour adopter la digitalisation. Le Luxembourg n’est cité qu’une fois.

Un tiers des forces de travail de l’Union européenne n’a pas (10%) ou peu (27%) de connaissances numériques, indique le rapport «The Changing Nature of Work», publié mercredi. Selon une étude menée par Vodafone, un jeune de moins de 25 ans sur cinq ne se sent pas assez bien préparé à cette évolution du marché du travail.

Derrière le DESI plutôt favorable du Luxembourg – puisque le pays occupe le rang numéro 1 avec 89% des forces de travail qui sont bien préparées – se cache un problème: le vivier de salariés luxembourgeois est très faible et impose une double stratégie: aller chercher les talents ailleurs, dans la Grande Région, ou, de plus en plus souvent, beaucoup plus loin. Si le Luxembourg est numéro 1, l’Allemagne, vieillissante, est 7e, la Belgique 9e et la France 11e.

Les dix enseignements à retenir

1. Quelques emplois sont très vulnérables à l’automatisation. Ce sont ceux qui requièrent de faibles compétences ou un niveau de formation assez sommaire, ceux qui n’impliquent pas d’interactions sociales et ceux qui consistent en des tâches répétitives. Le risque d’automatisation varie selon les études: de 6% à 37% en Norvège, à 33% en Slovaquie ou 69% en République tchèque. La moyenne des pays de l’OCDE serait à 14% de jobs automatisables. Un sur sept.

2. La technologie crée de nouveaux emplois, notamment dans le secteur de l’intelligence artificielle et des infrastructures de big data. D’ici 2030, ce sont ceux qui connaîtront la plus forte croissance sans que l’on sache exactement quels seront ces jobs ni combien de salariés seront concernés. Une seule chose est sûre: ils nécessiteront les plus hauts niveaux de formation, le plus d’interactions sociales et des compétences de base sur les technologies de l’information et de la communication.

3. La clé va venir de la pénétration de l’intelligence artificielle dans les entreprises européennes. Selon une analyse portant sur 35.000 d’entre elles, l’IA est la plus utilisée à Malte et au Royaume-Uni (45 et 40 entreprises pour 100.000) contre 10 pour l’Union européenne (et 19 pour le Luxembourg).

4. Selon une double étude menée par le Cedefop et Eurofound, pour la période 2016-2030 – et sans beaucoup de surprise –, les secteurs les plus créateurs d’emplois seront l’IT, la science et l’ingénierie (+16%), les métiers à fortes compétences comme les médecins, les enseignants, les avocats, les administrateurs ou les professions sociales et culturelles (+15%), et les métiers élémentaires comme le personnel de ménage et de préparation alimentaire (+12%).

5. L’organisation «human-centrique» est la dernière barrière à l’automatisation des emplois. Sans la créativité, l’autonomisation et la dimension sociale, l’intelligence artificielle serait capable de grignoter encore plus vite des évolutions.

6. Les autorités doivent préparer une rupture dans la manière dont les connaissances sont amenées aux forces de travail, au bénéfice de cycles continus de formation ou d’autoformations. Les Mooc, ces cours sur internet à distance et individualisés, ont séduit 20 millions de nouveaux utilisateurs en 2018 et leur nombre se monte à 100 millions.

7. 14 pays européens, dont le Luxembourg, pourraient avoir à faire face à une pénurie. Dans l’étude, l’Union européenne a été divisée en six «clusters» – six groupes, plutôt. Trois pays sont en surplus parce que leur marché n’a pas besoin de leurs diplômés, six autres ont assez de diplômés compte tenu de leur croissance faible ou négative, et quatre en raison de leur marché qui plonge. Et le Luxembourg est dans le groupe 4, où le nombre de diplômés utiles augmente, mais moins vite que les besoins du marché.

8. Favoriser les compétences non cognitives (ouverture d’esprit, ouverture à l’apprentissage et au changement, flexibilité, curiosité, innovation, créativité, organisation, empathie, travail d’équipe, etc.) est primordial pour que les salariés puissent s’adapter aux besoins de flexibilité et de résilience.

9. Le travail en «plate-forme» devrait continuer à se développer, bouleversant complètement les écosystèmes d’emplois: 4,1% des 11% des salariés qui y prennent part en ont fait leur activité secondaire, contre 3,1% un travail marginal et 2,4% une activité sporadique. Mais les habitudes changent très vite. Entre 2000 et 2017, le nombre de salariés à temps partiel a augmenté de 36,4%, celui de travailleurs en CDD de 30,2%.

10. Les régions des capitales (ou des grosses métropoles) offriront les emplois les mieux rémunérés, dans une polarisation du marché du travail vers ces espaces urbains.

Le rapport de l’Union européenne .