Pourquoi les avions volent-ils à vide? Pour défendre leurs «slots», ces créneaux au cours desquels ils peuvent atterrir ou décoller, à condition de les utiliser au moins à 80% sur une période donnée. Avec de mauvais slots, impossible de remplir correctement un avion pour espérer gagner de l’argent, mais les bons slots coûtent une fortune. Personne n’a envie de perdre les siens.
En 2019, 11,1 millions de décollages ont eu lieu en Europe, une légère augmentation, alors que le retard de ces avions a diminué de 8%… à 17,5 millions de minutes. Statistiquement, chaque vol risque un retard de 1,57 minute, selon le premier rapport sur l’intelligence artificielle qu’a publié cette semaine Eurocontrol.
, contrairement à ce qu’on pense de prime abord, la situation ne s’améliore pas, mais se détériore. Et compte tenu de la hausse annoncée du trafic aérien, le problème des retards ou des avions ratés ne va faire que s’accentuer d’ici 2040, notent les experts. 1,6 million de passagers se retrouvent sans avion.
Sur un autre plan, si le nombre de vols a augmenté de 4,54% par rapport à l’année de référence (2017), et malgré les efforts de l’industrie, les émissions de CO2 ont augmenté de 9%, soit presque deux fois plus. 6 de ces 9% sont uniquement dus à la gestion du trafic aérien. Si l’aviation européenne veut tenir ses engagements de neutralité carbone en 2050, elle devra donc commencer par régler ce problème.
HPC, data governance, talents: les atouts luxembourgeois
Le plan «Fly AI» établit une stratégie dont les contours semblent «matcher» avec un certain nombre de projets luxembourgeois.
- D’abord, Eurocontrol, organisation dotée de près de 900 millions d’euros de budget, est en partie basée au Luxembourg (en Belgique, aux Pays-Bas et en France);
- L’infrastructure centrale devrait être propulsée par un ordinateur à haute performance (HPC);
- Et appuyée par davantage de travaux de recherche sur toutes les dimensions que la stratégie envisage (prédiction de trafic, amélioration de la gestion des aéroports et de la satisfaction des passagers dans leur flux de leur voiture vers l’avion, surveillance dans le ciel et au sol, optimisation de la consommation de carburant, assistance aux pilotes en vol et au sol, et cybersécurité des infrastructures, par exemple);
- L’étude évoque une data governance qui ressemble à celle que le Luxembourg a mise en place avec l’initiative Infrachain, qui devrait définir les standards, intégrer la dimension éthique et régler la question de la collecte des données, 60% de la tâche, indiquent les rapporteurs, compte tenu de la complexité des acteurs du ciel européen;
- Fly AI a placé le Luxembourg dans une première division (avec l’Irlande, la Finlande, Chypre, la Suède et les Pays-Bas) des talents potentiels dans le secteur de l’intelligence artificielle.
24 initiatives «saluées»
La proposition de stratégie européenne se termine sur une annexe de 24 projets portés par des sociétés privées ou des entités publiques, qui démontrent à la fois qu’il y a de gros potentiels pour chacun des secteurs visés, mais aussi que, si personne ne s’occupe pas au minimum de leur coordination, les choses vont se compliquer.
En voici quelques-uns:
- Un transfert de passagers guidé par du machine learning, solution développée par Eurocontrol, l’aéroport d’Heathrow, l’University College de Londres et la Darden School of Business;
- Une modélisation en 4D du trafic par le Maastricht Upper Area Control Center à base de différents algorithmes;
- Un outil de gestion des coûts de maintenance et de carburants d’Honeywell, qui permet d’économiser jusqu’à 200.000 dollars de carburant et 40.000 dollars de maintenance, déjà utilisé par une centaine de compagnies aériennes et qui a vu Cathay Pacific réduire ses retards et ses annulations de 30%;
- Un système de reconnaissance d’images appuyé sur 20 caméras à ultra-haute définition à l’aéroport d’Heathrow pour améliorer l’atterrissage en cas de brouillard ou de conditions difficiles.