La planète bleue manquerait d’eau… Un sujet, mais mal compris pour le fondateur et propriétaire de Thematics Asset Management, filiale de Natixis Investment Managers, Arnaud Bisschop. En réalité, trois dynamiques se percutent:
— l’efficacité en eau: tandis que les consommateurs, l’industrie et les agriculteurs s’efforcent tous de réduire la consommation d’eau pour atténuer la concurrence croissante pour les ressources en eau, des entreprises imaginent, testent et lancent sur le marché de nouvelles solutions pour régler les problèmes un par un, comme la surconsommation d’eau par l’agriculture, qui a besoin de 41% de l’eau dans des pays développés à 90% dans les économies en développement;
— la pollution: l’eau existe et est disponible mais la pollution des cours d’eau la rend impropre aux usages humains, là encore un sujet sur lequel de nombreux industriels se sont engagés;
— les infrastructures hydrauliques: entre les pays en développement en pleine urbanisation qui ont des besoins croissants et les économies déjà plus installées qui ont des besoins de renouvellement de leurs infrastructures.
Un énorme marché se présente que l’effet médiatique vient… surchauffer. «Cet univers d’entreprises représente désormais un marché de 800 milliards de dollars par an qui devrait croître de 6% à 8% par an, avec ces sociétés ayant une capitalisation boursière combinée de plus de 3.000 milliards de dollars. L’ensemble d’opportunités, larges et diversifiées, signifie que, sur de longues périodes, certains moteurs de valeur augmenteront et compenseront la croissance plus faible ou la baisse des valeurs d’autres parties du marché. Au cours des deux ou trois dernières années, par exemple, le principal moteur global a été le segment du contrôle de la pollution, alors que le Covid a mis l’accent sur les évaluations de la qualité de l’eau et la qualité de l’eau utilisée dans les applications de soins de santé liées principalement aux tests Covid», explique M. Bisschop.
L’immobilisme n’est pas une option
Alliance Global Investors ne dit pas autre chose: «Il existe une opportunité significative de durabilité (et financière) dans le développement de nouvelles solutions et technologies pour relever les différents défis de l’eau. Ces opportunités incluent:
— Orienter les capitaux vers les opportunités alignées sur l’ODD 6: l’UNESCO a estimé à 114 milliards de dollars le coût annuel de la fourniture des infrastructures nécessaires à l’eau potable et à l’assainissement dans 140 États souverains à revenu faible ou intermédiaire.
— Solutions d’efficacité de l’eau: elles ne seront pas uniquement axées sur la réduction de l’intensité de l’eau, mais également sur le développement de nouveaux processus de production et de produits moins dépendants de l’eau, la lutte contre la pollution et la création d’infrastructures hydrauliques efficaces.»
D’autant, dit encore AGI, que l’inaction coûterait bien plus cher. 6% du PIB européen, de 9 milliards d’euros aujourd’hui à 65 milliards d’euros par an en 2100.
Une valeur à regarder
American Water Works Company est le poids lourd du secteur avec une capitalisation au NYSE de 28 milliards de dollars. En cinq ans, le cours a pris 60,7%, à 146 dollars. Elle fournit de l’eau à 14 millions de personnes dans 24 États et son dividende n’a cessé de croître depuis 2008. «Nos investissements dans les infrastructures et notre succès à signer de nouveaux accords d’achat pour des acquisitions réglementées (26 acquisitions en 2022 contre 23 en 2021) ont préparé le terrain pour réaliser notre croissance attendue en 2023 et au-delà», a assuré la CEO depuis 2022, Susan Hardwick. La société prévoit de continuer à investir dans l’entreprise et prévoit entre 22 et 25 milliards de dollars de dépenses en capital au cours de cette décennie pour stimuler la croissance.