Une pensionnaire de la résidence Récital, du groupe Emeis, à Merl. Un nouvel établissement du groupe français est censé ouvrir ses portes du côté de Strassen. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Une pensionnaire de la résidence Récital, du groupe Emeis, à Merl. Un nouvel établissement du groupe français est censé ouvrir ses portes du côté de Strassen. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Annoncée pour le deuxième semestre, l’ouverture à Strassen de la deuxième résidence luxembourgeoise du géant français des établissements pour le grand âge n’est toujours pas actée. En cause: le nouveau cadre législatif dans le pays, d’après Emeis.

Dès qu’il s’agit d’Emeis, les oreilles se dressent. Successeur du (très) sulfureux groupe Orpea, le mastodonte français de l’hébergement pour le grand âge (un millier d’établissements et 76.000 collaborateurs à travers une vingtaine de pays dans le monde) est depuis deux ans sous le feu de l’actualité et dans le collimateur de la justice après avoir été épinglé . Depuis cette date, Orpea a entamé sa révolution. En changeant tout à la tête du groupe. Façon de tourner la page des malversations d’antan. Son nouveau directeur général, Laurent Guillot, , lors d’une visite à la résidence Récital, à Merl. La toute première inaugurée au Luxembourg.

Incomplet

Une seconde devrait voir le jour, à Strassen. Elle est déjà construite, toilettée, les procédures de recrutement ont été lancées bien avant l’été. Sauf que le feu vert des autorités tarde à arriver. «Le dossier n’est pas encore complet», nous confirme le ministère de la Famille, des Solidarités et du Vivre ensemble, saisi dès le mois de janvier d’une demande d’agrément.

À la suite, «le gestionnaire a été informé par courrier du 12 mars 2024 que son dossier d’agrément n’était pas complet, conformément à l’article 15 de la loi modifiée du 23 août 2023 portant sur la qualité des services pour personnes âgées. Par courrier du 20 mars 2024, le gestionnaire a réintroduit un ajout à son dossier d’agrément, qui est actuellement en cours d’analyse par les agents de la division personnes âgées du ministère. Dès que le dossier d’agrément sera complet et déclaré être conforme à ladite loi, une première visite d’agrément sur le site pourra être effectuée par les agents du ministère. Si, à l’issue de cette visite d’agrément, le rapport y relatif ne soulève pas de non-conformité, un agrément pour l’exercice d’une structure d’hébergement pour personnes âgées pourra être établi», nous avaient expliqué, au printemps, les autorités.

«Nous avons dû revoir notre copie»

«La nouvelle loi qualité, entrée en vigueur en mars, a imposé des exigences supplémentaires auxquelles il a fallu se conformer», reconnaît de son côté le groupe Emeis auprès de Paperjam. «Les établissements déjà existants disposent d’un an pour se mettre en conformité avec cette nouvelle réglementation. En tant que nouvel établissement, nous ne bénéficions pas de ce délai et avons dû revoir notre copie pour intégrer ces exigences additionnelles à nos procédures. En l’absence de précédent, ceci prend du temps. Tout ce processus se déroule en parfaite entente avec le ministère, et nous sommes confiants quant à l’issue positive de notre démarche.»

Si Emeis admet que son dossier est à ce stade incomplet, «les éléments manquants sont principalement de nature administrative», dépeint le groupe. «Nous mettons tout en œuvre pour compléter rapidement le dossier. Nous restons confiants, sachant que ce processus se déroule dans un climat de dialogue ouvert et constructif, et qu’il n’y a aucun point bloquant à signaler. Dès que le dossier sera administrativement complet, la visite d’agrément pourra être programmée. Nous sommes dans le cadre d’un processus classique d’agrément qui, par essence, prend du temps.»

Longues démarches

En conséquence, Emeis, qui assure que cette deuxième résidence, baptisée Gallery, suscite «un intérêt déjà très fort» l’ayant amené à établir «une liste d’attente pour les visites», ne s’engage sur une aucune date quant au coup d’envoi. «Nous travaillons en étroite collaboration avec toutes les parties prenantes pour ouvrir la résidence dans les prochains mois», se borne-t-on à expliquer.

En 2022, la mise en fonctionnement de la résidence Récital, à Merl, avait déjà donné lieu à un long feuilleton. Déposée en janvier, au moment même où paraissait en France le livre-enquête «Les Fossoyeurs», du journaliste Victor Castanet, à l’origine de tous les scandales, la demande d’agrément d’Orpea n’avait été satisfaite qu’en fin d’année, au mois de novembre. «J’ai prévenu les responsables d’Orpea au Luxembourg que tous les projecteurs étaient braqués sur eux, qu’ils étaient attendus au tournant», assénait alors celle qui pilotait le ministère de la Famille,  (DP).

Une loi plus exigeante

Cette fois, ce serait donc la nouvelle loi sur la qualité des services aux personnes âgées qui serait à l’origine du retard à l’allumage. Adopté il y a exactement un an, en août de l’année dernière, le texte redéfinit différentes obligations en matière d’accueil et de soins dus au troisième âge. Il se penche notamment sur le niveau de qualification des personnels encadrants, la nature de leur contrat de travail ou le minimum requis en matière d’équipements dans la structure d’hébergement.

Pionnière pour Emeis au Luxembourg, la résidence Récital, à Merl, dispose de 123 lits. Selon le groupe, 80 d’entre eux «sont actuellement occupés ou réservés». «On est dans une phase d’ouverture. Un établissement de ce type a besoin de deux ou trois ans pour atteindre un niveau d’occupation normal», avait indiqué le directeur général d’Emeis, Laurent Guillot, en marge de son passage dans le pays. L’inauguration officielle de Récital est prévue le 1er octobre.