La santé financière de la banque helvétique Credit Suisse . Outre le cours de son action qui a chuté de 55% depuis le début de l’année, les spreads des swaps de défaut de crédit (Credit Default Swap – CDS) ont atteint un record à plus de 245 points de base, soit un niveau que l’établissement suisse n’avait plus connu depuis la crise des subprimes en 2007.
Bien que jouant un rôle-clé sur les marchés, les CDS restent méconnus en dehors des sphères financières. Pourtant, les investisseurs qui souscrivent des CDS se prémunissent contre la faillite d’une entreprise. Plus concrètement, un CDS est un dérivé financier qui donne la possibilité à un investisseur d’échanger ou de compenser son risque de crédit avec celui d’un autre investisseur.
De la sorte, le risque de défaut de paiement est échangé lorsqu’un prêteur achète un CDS à un autre investisseur qui, en échange, s’engage à le rembourser en cas de défaut de l’emprunteur.
Un rappel de la crise de 2007-2008
La valeur d’un CDS augmente dès lors que les investisseurs sont préoccupés par la santé financière de l’entreprise adossée au contrat. Et c’est justement ce qui commence à alerter les investisseurs, car les scores affichés des CDS adossés à Credit Suisse sont similaires aux niveaux atteints par la banque au cours de la crise de 2007-2008.
Selon plusieurs commentateurs financiers, de tels écarts dans les CDS ne sont pas sans rappeler ceux de Lehaman Brothers quelques jours avant son dépôt de bilan, l’un des éléments déclencheurs de la crise qui, par effet boule de neige, a mis plusieurs groupes bancaires internationaux face à la menace de ne plus pouvoir couvrir leurs besoins en liquidité.
Le niveau de risque des CDS étant lié à la notation de leur émetteur, les investisseurs avaient alors un intérêt tout particulier de souscrire à ce type de contrat émis par Lehman Brothers, disposant d’une notation élevée. Un élément qui a rendu aveugle une grande partie des acteurs du marché face à la vague de faillites qui ont touché par la suite une série d’institutions financières aux États-Unis et en Europe.
Un risque systémique
Après la faillite du géant financier américain Lehman Brothers, les CDS émis par cette banque n’avaient dès lors plus aucune valeur. C’est un pareil potentiel scénario qui hante à nouveau les investisseurs, cette fois avec Crédit Suisse.
Même si la capitalisation boursière de Credit Suisse ne dépasse pas les quelque 10 milliards de dollars, l’institution financière n’en reste pas moins une banque systémique en Europe avec une large base de clientèle et d’actifs.
La crainte d’une faillite de la banque helvétique pourrait être atténuée si les marchés américains des actions et obligations n’avaient pas perdu l’équivalent de 36.000 milliards de dollars depuis le début de cette année. Soit un volume qui équivaut à la valeur des 100 plus grandes entreprises mondiales cotées en bourse. Le dernier trimestre de 2022 ne devrait pas annoncer d’amélioration avec une hausse attendue de l’inflation, les premiers signes de récession et les resserrements monétaires des banques centrales.