13.253 postes vacants en mai 2022, presque autant que le nombre de demandeurs d’emploi (13.946), et un chiffre en hausse de 49,5% en un an. Face à la pénurie de talents au Luxembourg, quelle stratégie les entreprises adoptent-elles? Le point, ce vendredi 22 juillet, avec , directrice Ressources Humaines, Relations publiques & RSE chez Post.
Comment évoluent les difficultés du recrutement?
Isabelle Faber. – «L’après-Covid était compliqué, des personnes se sont remises en question. Le marché est de plus en plus tendu de manière générale.
Combien de postes sont ouverts chez Post?
«70.
Quels sont les profils les plus durs à trouver?
«Nous avons plus de 250 fonctions différentes. Du distributeur de journaux à l’ingénieur en télécommunications.
Les profils IT/ICT (des technologies de l’information et de la communication, ndlr) sont les plus compliqués à trouver. Ce sont des profils recherchés ou de nouveaux métiers.
Il vaut mieux donner envie que faire pitié.
Souvent, c’est propre au Luxembourg, il faut être multilingue. Pour le call center, il faut parler quatre langues au minimum, dont le luxembourgeois.
Nous aimerions aussi recruter plus de femmes. Quand les collaborateurs pensent à Post, ils pensent que ce sont des métiers masculins. Ce sont des clichés. En moyenne, nous recrutons 25% de femmes chaque année à travers tous les métiers.
Avez-vous une stratégie spécifique pour attirer des talents féminins?
«Nous avons des idées en tête et allons les déployer d’ici peu. Il ne faut pas dire: ‘Il nous manque des femmes, venez chez nous.’ J’irais plutôt dans le sens: ‘Nous recrutons déjà des femmes qui font ces métiers, rejoignez-les.’ Il vaut mieux donner envie que faire pitié.
Et en général, quelle est votre stratégie de recrutement?
«Les canaux classiques. Nous organisons des journées dédiées et des journées de recrutement et de formation pour certains métiers qui n’existent que chez Post. Par exemple, dans les lycées techniques, on n’apprend pas aux étudiants à monter sur des antennes. Nous allons dans les écoles.
Nous avons encore des collaborateurs qui sont là depuis plus de 40 ans.
Nous allons aussi tester une journée de recrutement digitale, pour attirer les profils ICT, avec nos filiales. Ce sera une plateforme, un peu comme Moovijob, où il y aura des entretiens, la possibilité de déposer son CV, dans un monde virtuel. Cela permet aussi de recruter à l’étranger des personnes qui ne peuvent peut-être pas se déplacer.
Nous poussons de plus en plus la mobilité interne au sein du groupe. Il y en a eu plus de 140 en 2021. Nous préférons que quelqu’un parte dans une filiale plutôt que chez un concurrent.
Notre stratégie passe aussi par nos meilleurs ambassadeurs, nos salariés. C’est pour cela que je suis en faveur de la communication interne.
Une stratégie pour garder les talents également…
«L’un va avec l’autre. Chez Post, nous avons encore des collaborateurs qui sont là depuis plus de 40 ans. Ces postes diminuent, parce que le turnover est différent. C’est générationnel. Nous avons aussi de plus en plus de salariés et de moins en moins de fonctionnaires.
Quel est le taux de turnover?
«Entre 7 et 8%.
Et en entretien d’embauche, quels arguments mettez-vous en avant?
«Le salaire est un argument, mais ce n’est plus le seul. Il y a aussi le bien-être, l’équilibre travail-vie privée, mais c’est surtout un ensemble. Il faut établir des valeurs dans lesquelles les personnes se reconnaissent. Si vous vous vantez de planter des arbres, mais que la direction conduit des SUV diesel, si je suis employé, je me pose des questions. La démarche RSE doit être soutenue par tous. Nous l’avons mise en place il y a 12 ans et revue il y a deux ans, et on voit que ce n’est pas du greenwashing.
Il faut établir des valeurs dans lesquelles les personnes se reconnaissent
Qui vient chez Post?
«Un peu tout le monde. Nous avons 55 nationalités différentes. Nous aimerions plus de femmes et de jeunes. C’est à nous de travailler sur ce sujet. Par exemple, nous sponsorisons le festival LOA.
Pour un jeune ou une personne expérimentée, que faut-il pour travailler chez vous?
«Nous avons des jobs pour tout le monde. Parfois, les jeunes après le bac ne savent pas ce qu’ils veulent faire. Nous leur proposons un travail au call center. Cela leur fait un job bien rémunéré, à leur niveau parce qu’il faut parler quatre langes. Cela leur permet d’avoir une vue sur tout ce qui se fait chez Post. À la fin, je suis sûre qu’un métier va se profiler.»
Retrouvez la suite de notre série vendredi 29 juillet.