Mercredi 12 octobre, suite à une politique de santé faite «d’idéologie, d’ignorance, d’insouciance, d’incohérence et d’incompétence». Tout en dénonçant un ras-le-bol généralisé, l’AMMD ne s’est pas gênée pour égratigner au passage la ministre de la Santé, (LSAP), mais également la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL).
Une fuite des médecins qui est contestée
Interrogée, cette dernière n’a pas voulu «mettre de l’huile sur le feu», même si elle juge sévèrement la position et la stratégie agressive de l’AMMD. La FHL est effectivement consciente des problèmes dans le secteur de la santé, mais elle se refuse à dresser un tableau aussi sombre que celui de l’AMMD en matière de santé. «La pénurie de médecins ne touche pas uniquement le Luxembourg. C’est toute l’Europe qui est touchée. L’AMMD parle d’une fuite des médecins du Luxembourg, mais n’apporte aucun chiffre. Au sein des hôpitaux, nous ne voyons pas une fuite des médecins», a assuré , vice-président de la FHL et directeur général du Chem.
«Dans son ensemble, le système de santé luxembourgeois est plutôt bon, ce qui est régulièrement confirmé par l’OCDE. Nous avons un système solide et égalitaire, en plus d’un accès facile aux médecins et spécialiste pour le patient. Mais comme cet accès est facile et qu’il n’y a pas un filtrage effectué par les médecins généralistes, cela peut effectivement provoquer de l’attente, car il est difficile de faire la part des choses en ce qui concerne la notion d’urgence. Attendre trois mois ou plus pour un rendez-vous, c’est effectivement trop long. Mais dire que le système de santé est défaillant sur les 15 dernières années est faux et ne reflète absolument pas l’avis de la FHL», a ajouté René Metz.
Sans entrer dans le détail des différents problèmes dans le secteur de la santé, la FHL plaide pour la poursuite des discussions autour d’un outil comme la Gesondheetsdësch («table ronde sur la santé»). Ne cachant pas qu’il y a effectivement des compromis à trouver, la FHL plaide tout de même pour un juste équilibre entre un accès aux spécialistes au sein des structures hospitalières et au sein des cabinets privés.
La Gesondheetsdësch, un instrument précieux
«Tout ce qui est excessif est insignifiant», a pour sa part réagi (LSAP), député et président de la commission de la santé. Ancien ministre de la Santé, il n’a guère apprécié voir l’AMMD renverser la table en plaidant pour une remise en cause complète du système de santé luxembourgeois.
«Il est irresponsable, de la part de l’AMMD, de vouloir monter les différents acteurs de la Santé les uns contre les autres. C’est une mauvaise approche et je pense que sur plusieurs dossiers, dont celui de la digitalisation, l’AMMD est très mal conseillée», a expliqué Mars Di Bartolomeo. «Les hôpitaux, l’ambulatoire, la médecine primaire doivent travailler ensemble pour relever les défis du moment, et non l’inverse», a encore expliqué le député, qui considère que la Gesondheetsdësch «est un instrument très précieux que l’on ne doit pas condamner ou médire à la légère. C’est un outil où tous les acteurs peuvent se retrouver et jeter un regard sur ce qui peut être amélioré et constituer de nouveaux défis. Il est important de ne pas détruire cet instrument et lui donner la chance d’arriver à conclusion.»
«Il y a des chantiers prioritaires comme la démographie médicale et du personnel soignant, ou encore la question des conditions de travail, il y a des chantiers à la formation des médecins, etc. Mais dresser le constat que le système de santé luxembourgeois ressemble à un système de santé d’un pays en voie de développement est purement et simplement irresponsable et nullement le reflet de la réalité. D’autant plus que c’est grâce à ce système de santé que nous avons pu traverser la crise sanitaire pendant deux ans», a conclu Mars Di Bartolomeo.