Un frontalier est-il forcément Français, Belge ou Allemand? Non, répond depuis longtemps l’Inspection générale de la sécurité sociale. Selon son dernier rapport spécifique, les Portugais et les Luxembourgeois ont été les plus nombreux à quitter le Luxembourg en 2022, en grande majorité (90%) pour la Grande Région, même s’ils continuent à travailler au Luxembourg.
Hors fonctionnaires européens et internationaux, 3.647 nouveaux frontaliers atypiques ont quitté le pays mais dépendent toujours de la sécurité sociale luxembourgeoise: 911 (25%) sont de nationalité française, belge ou allemande, 994 (27%) sont Portugais, 1.082 (30%) sont de nationalité luxembourgeoise, et 660 (18%) ont un passeport d’un autre pays. Soit une augmentation de 75% en dix ans.
Sur ces nouveaux 994 Portugais qui se sont installés ailleurs, 722 sont allés en France, pays qui a attiré 1.916 personnes, tandis que 526 des 1.082 Luxembourgeois qui ne résident plus au Luxembourg depuis 2022 ont choisi l’Allemagne (57,8% des nouveaux arrivants).
Au total, 13.500 frontaliers de nationalité luxembourgeoise résident en Allemagne, en Belgique ou en France, .
Un frontalier atypique sur deux a moins de 35 ans
Cet exode s’explique pour un tiers par un simple effet statistique, la population augmente, la population qui quitte le pays aussi, et aux deux tiers pour payer moins cher de logement. Mais l’Observatoire interrégional du marché de l’emploi invite aussi à considérer un autre élément: aux termes de la loi de recouvrement de la nationalité luxembourgeoise, les personnes qui ont un ancêtre luxembourgeois peuvent être naturalisées luxembourgeoises.
Pendant que l’augmentation du nombre de Belges, de Français ou d’Allemands qui retournent vivre dans la Grande Région n’est que de 2%, le nombre de Portugais qui quittent leur Luxembourg de résidence a augmenté de 163% et celui de Luxembourgeois de 127% en dix ans.
Parmi les frontaliers atypiques qui ont quitté le Luxembourg en 2022, 52% ont moins de 35 ans tandis que 22% quittent le pays après l’âge de 45 ans. 40% de ceux qui sont partis l’an dernier travaillent au Luxembourg depuis moins de cinq ans, tandis qu’un frontalier atypique sur sept était installé ici depuis plus de 20 ans!