Suite et fin de notre plongée dans le rapport sur le futur du marché mondial du travail, publié à l’occasion du Forum économique de Davos qui se termine vendredi 24 janvier. Après et , troisième et dernier volet: la transformation des skills d’ici 2030. Les analyses fournies dans le rapport émanent des réponses d’un millier de «gros» employeurs interrogés dans une cinquantaine de pays avant le rendez-vous de Davos.
La situation actuelle…
En 2025, la pensée analytique est la compétence la plus recherchée. Sept entreprises sur dix la jugent essentielle. Juste derrière, on retrouve la résilience, la flexibilité et l’agilité. Le leadership suit de près.
Depuis 2023, date du dernier rapport de ce type, les compétences ayant le plus progressé sont le leadership (+22 points), la résilience et l’agilité (+17), ainsi que l’IA et le big data, dans les mêmes proportions (+17).
… et celle dans cinq ans
En 2030, les compétences essentielles qui auront continué de se développer seront l’IA, le big data, la pensée analytique et créative, sans oublier la flexibilité, la résilience et la culture technologique.
En dépit des progrès technologiques, les compétences humaines (leadership, influence sociale, curiosité, pensée systémique, gestion des talents) resteront également prépondérantes, pronostiquent les employeurs.
Certains domaines émergents, comme les réseaux, la cybersécurité et la gestion de l’environnement, connaissent une croissance rapide. Mais ce ne sont pas encore des priorités pour de nombreuses entreprises. Elles le deviendront d’ici 2030.
À l’inverse, certaines compétences essentielles aujourd’hui (empathie, écoute active, orientation service, gestion des ressources) demeureront stables dans les années à venir, affirment les dirigeants d’entreprise.
Les facteurs du changement
Nous l’avons écrit dans les deux premiers articles consacrés à ce rapport, cinq principales tendances transformeront en profondeur le marché du travail dans les cinq prochaines années: le changement technologique; la fragmentation géoéconomique; la transition verte; les évolutions démographiques; l’incertitude économique. Par conséquent, chacune de ces dynamiques influencera les skills requises.
• Le changement technologique. Les avancées majeures en IA, big data, cybersécurité, ainsi que l’expansion des réseaux numériques, auront un impact déterminant sur la recherche de compétences. À mesure que l’IA et les technologies de traitement de l’information se développent, la demande pour des compétences en analyse de données, pensée systémique et pensée analytique augmentera de manière sensible.
En parallèle, des skills spécifiques liées à l’expérience utilisateur, au marketing numérique et aux médias numériques connaîtront une croissance. Cela est dû à l’importance accrue de fournir des expériences numériques fluides et de comprendre l’impact du comportement des consommateurs, précise le rapport.
Robots et systèmes autonomes joueront également un rôle primordial, nécessitant des compétences en programmation et en gestion des technologies autonomes. Ces systèmes vont doper la demande pour des compétences techniques avancées et des capacités de gestion des interactions avec les technologies automatisées. Combinée à l’IA, la robotisation entraînera l’automatisation de certaines tâches traditionnelles et devrait donc réduire la demande pour des compétences comme la dextérité manuelle, l’endurance ou les compétences de base en lecture, écriture et mathématiques.
Bien que certaines compétences technologiques, comme la programmation, connaissent une demande croissante, la technologie génère des effets contradictoires, souligne le document. Elle peut à la fois créer des emplois et en supprimer d’autres. La capacité de collaborer efficacement avec des systèmes automatisés deviendra cruciale pour l’adaptabilité des collaborateurs.
• La fragmentation géoéconomique et l’incertitude économique. L’augmentation des menaces liées à la cybersécurité et les tensions géopolitiques contribueront à l’essor des compétences en matière de sécurité numérique et de gestion des infrastructures critiques. L’augmentation de l’accès numérique et la montée des préoccupations de sécurité obligeront les entreprises à se concentrer davantage sur des compétences liées à la protection des données et à la gestion des réseaux.
À côté de ça, la résilience, l’agilité, la flexibilité, ainsi que des compétences liées au leadership et à l’influence sociale seront de plus en plus prisées. Ces compétences doivent permettre aux organisations de maintenir leur compétitivité malgré les crises (économiques, sanitaires, climatiques) à répétition et l’instabilité qui en découle.
Couplé à des restrictions commerciales croissantes, le ralentissement économique global amplifie la nécessité d’avoir des compétences en créativité et en résilience. Des compétences qui deviendront fondamentales pour naviguer dans des marchés économiques contraints. Les organisations devront innover en permanence, anticipent les employeurs.
• La transition verte. Les entreprises intégreront de plus en plus la durabilité dans leurs stratégies de développement. Le secteur de l’énergie générera une demande de compétences liées à la gestion environnementale et aux solutions d’adaptation au changement climatique. Les efforts pour réduire les émissions de carbone imposeront aux salariés d’acquérir des compétences dans des domaines tels que la gestion des ressources naturelles, la stratégie énergétique et la conception durable.
• Les évolutions démographiques. Vieillissement de la population et déclin du nombre d’actifs entraîneront une demande accrue de compétences en gestion des talents, mentorat et connaissance de soi. La gestion de la diversité générationnelle deviendra primordiale pour répondre aux besoins spécifiques des employés seniors, tout en permettant à la main-d’œuvre moins expérimentée d’intégrer des équipes intergénérationnelles. Un jeu d’équilibre, en somme.
Résultat, l’accent sera mis sur les compétences interpersonnelles, telles que l’empathie, l’écoute active et la gestion des relations pour favoriser des environnements de travail inclusifs.
L’arme de la formation
Contraints de réagir, les employeurs investissent de plus en plus le champ de l’upskilling et du reskilling. Une enquête mondiale citée par le rapport révèle que 50% des employés ont suivi une formation en 2024. Ils étaient 41% en 2023.
Dans le détail, 41% des employés n’auront pas forcément besoin d’une formation importante d’ici 2030, mais 29% d’entre eux devront développer leurs compétences dans leur rôle actuel et 19% seront dirigés vers d’autres fonctions.