À côté des enseignes de luxe, où la notion d’exclusivité s’exprime dans un tas de détails, comme celui de la porte fermée, la dimension de fluidification du passage des clients semble primer dans les plus petits commerces, où l’on retrouve aussi bien des adeptes des portes ouvertes que des portes fermées. (Photo et montage: Paperjam)

À côté des enseignes de luxe, où la notion d’exclusivité s’exprime dans un tas de détails, comme celui de la porte fermée, la dimension de fluidification du passage des clients semble primer dans les plus petits commerces, où l’on retrouve aussi bien des adeptes des portes ouvertes que des portes fermées. (Photo et montage: Paperjam)

Le sujet brûlant de la gestion des ressources énergétiques entre en collision avec celui du marketing: les magasins ayant une porte close risquent-ils de perdre des clients? Pas forcément.

750 euros, c’est le montant dont devront s’acquitter les commerçants s’ils laissent la porte de leur enseigne ouverte alors que la climatisation ou le chauffage fonctionne. Cette mesure prise en France par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, ne semble actuellement pas à l’ordre du jour au Luxembourg.

«Nous recommandons évidemment de fermer les portes lorsque la climatisation ou le chauffage est activé. Nous appelons au bon sens des commerçants au vu de la situation actuelle relative à l’énergie», commente le ministère de l’Environnement.

«La CLC ne prendra pas d’initiative à ce niveau», répond simplement son directeur adjoint, Claude Bizjak. Les commerçants marchent sur un fil avec, d’un côté, la crainte de voir la fréquentation de leur boutique diminuer si la porte est constamment fermée et, de l’autre, celle de susciter l’agacement de clients sensibles à la cause environnementale, sans oublier celle de voir leur facture énergétique flamber, vu les écarts de températures conséquents entre l’air climatisé ou chauffé et l’air extérieur.

Le luxe préfère les portes closes

À Luxembourg-ville, le tissu commercial se partage entre des enseignes de standing très variable. Les grandes maisons de luxe, par exemple, conservent leur portes closes, mais derrière elles se tient un valet, prêt à ouvrir la porte et accueillir les clients. Assurément, le fait que la porte soit fermée contribue au sentiment d’exclusivité généré par ce type d’adresse.

Ne parlons même pas des bijouteries ou enseignes de robes de mariée où la porte s’ouvre après avoir pressé une sonnette.

Dans le centre-ville de la capitale, nombreux sont les magasins à disposer de portes coulissantes dotées d’un détecteur de présence. Un dispositif que l’on retrouve surtout dans les grandes chaînes internationales et qui permet de conjuguer gestion des ressources énergétiques et accès facilité pour les clients.

Des approches hybrides dans les plus petits commerces

Dans les plus petites boutiques, la philosophie peut varier. Exemple rue de Chimay auprès de Gaëa Boutique, dédiée au prêt-à-porter féminin. La porte y est close en ce jeudi de juillet, pendant que la climatisation est activée. Il fait 25°C à l’extérieur. «Nous préférons que la porte reste ouverte pour inviter les clients à entrer, mais lorsque la climatisation fonctionne, nous fermons la porte», explique sa responsable, Helena Dinis.

En hiver, la commerçante laisse la porte ouverte: «Nous n’avons pas de radiateur qui fonctionne, les spots allumés chauffent l’espace de vente.» Il est vrai que de nombreux clients gardent leur manteau lorsqu’ils entrent dans une boutique. Quant au personnel de vente, il porte un pull ou un gilet, précise la responsable.

Un petit peu plus loin, avenue Monterey, une autre enseigne de prêt-à-porter féminin a, elle, fait le choix de laisser la porte ouverte. La climatisation n’y est pas opérationnelle et le personnel explique que s’il fait trop chaud, il peut toujours fermer la porte et allumer la climatisation. «Hier, la porte était fermée, mais nous avons très bien travaillé», confie une vendeuse pour qui la question ne semble pas trop déterminante.

Ce n’est pas le cas de Markus Gross. Dans sa boutique Luxsouvenirs, aucune porte n’est visible: les chalands peuvent ainsi se laisser tenter par des cartes postales et autres souvenirs, des achats souvent impulsifs. «Nous voulons que les gens entrent naturellement dans le magasin», justifie le commerçant.

L’éclairage aussi en question

Dans les librairies Ernster situées en ville, les boutiques sont rafraîchies naturellement en ouvrant portes et fenêtres, explique leur directeur administratif et financier, Paul Ernster. «En hiver, nous chauffons, mais toujours autant que nécessaire. Le client peut très bien faire ses achats chez nous même avec 2 degrés de moins», estime-t-il.

L’enseigne dispose de six adresses dans des centres commerciaux et quatre en rues commerçantes. Dans les premiers, les lumières s’allument seulement aux heures d’ouverture. Dans les seconds, la situation est différente: «À Luxembourg-ville, nous continuons à laisser les lumières allumées, mais il faut dire qu’il s’agit de lumières à faible consommation d’énergie.»

Les éclairages LED sont réputés consommer 80% moins d’énergie que les ampoules classiques et trois à cinq fois moins que les ampoules à basse consommation. En France, l’amende de 750 euros s’inscrit dans le cadre d’un vaste plan de «sobriété énergétique». Ce dernier prévoit une baisse de l’intensité lumineuse, l’interruption de la ventilation la nuit ou le respect des températures de consigne (19 degrés en hiver, 26 en été), ainsi que des amendes sur les panneaux publicitaires qui resteraient éclairés la nuit, à l’exception des gares et aéroports.