L’arrivée de Porsche Investments au Luxembourg en avril et en août a fait nettement moins de bruit dans les médias locaux que les 138,1 décibels de la mythique 911 Carrera RSR Turbo 2.1 de 1974 – la plus bruyante de la marque. Le constructeur allemand a pourtant décidé de lâcher les chevaux dans l’investissement en remplaçant sa structure historique, en Allemagne, Porsche Ventures, par une structure au Luxembourg, Porsche Investments. À la clé, avait-il annoncé début avril, la mise en place d’un fonds de capital risque pour lequel il semblait avoir 250 millions d’euros à disposition. Semblait, parce que contacté ce lundi 28 août, le service presse de Porsche répond ne pas avoir d’informations supplémentaires sur le sujet à partager pour le moment.
«Nos activités portent leurs fruits non seulement sur le plan stratégique, mais aussi sur le plan financier», avait expliqué le vice-président du directoire et membre du directoire financier et informatique de Porsche AG, Lutz Meschke, à l’annonce de cette décision stratégique au printemps. «Ils génèrent d’importantes opportunités d’innovation et d’investissement, et apportent déjà une contribution croissante à la valeur de l’entreprise.»
«La situation au Luxembourg, au cœur de l’Europe, souligne l’orientation internationale de nos activités de capital-risque. Porsche Investments Management SA bénéficiera d’une plus grande agilité dans sa prise de décision afin de garantir que nous soyons structurés encore plus efficacement et que nous puissions réagir rapidement aux opportunités d’investissement», avait-il aussi indiqué à propos du centre névralgique luxembourgeois, qui vient s’ajouter aux quatre bureaux déjà ouverts à Palo Alto, Berlin, Tel-Aviv et Shanghai.
L’effectif de la rue des Bains, qui pourrait atteindre jusqu’à dix personnes d’ici la fin de l’année, gèrera aussi les investissements stratégiques pour des entités telles que la Porsche e-Bike Performance GmbH récemment fondée.
35 investissements, des exits, une spin-off
La stratégie du constructeur d’ajouter une couche de capital-risque remonte à 2016. Un besoin de dynamiser son activité et, face à un monde en pleine mutation, de pouvoir regarder ce que des start-up font de mieux dans certaines parties de l’activité automobile ou dans de nouveaux développements jusque-là inattendus.
«Pour continuer à bâtir sur le succès que nous avons connu au cours des dernières années, nous devons changer fondamentalement notre modèle d’affaires. Porsche a toujours été parmi les pionniers de l’industrie automobile. Jusqu’à présent, l’innovation a été largement motivée par la technologie et par des liens étroits avec nos compétences de base actuelles. Dans certains cas, les changements qui s’avèrent désormais nécessaires sont liés à des sujets dépassant nos principaux domaines d’expertise. Dans cette optique, il est essentiel que nous construisions un écosystème solide avec des partenaires compétents», expliquait alors Lutz Meschke.
Aujourd’hui, , Porsche Ventures détient des participations dans 35 sociétés, consolidées au niveau du groupe Porsche, si on laisse de côté sa participation à d’autres fonds d’investissement (comme les fonds Grove). On y retrouve des technologies qui sont directement liées à la voiture elle-même, aux technologies liées à la connexion ou à la cybersécurité de cette connexion de la voiture, à l’aide à la conduite, à la mobilité – les vélos électriques compris – ou encore au divertissement.
Un des plus spectaculaires est l’investissement, en 2021, dans la chinoise iMaker, leader mondial des influenceurs virtuels (contre 3,3% du capital). Un coup double. «Du point de vue de la marque et du marketing, il existe un énorme potentiel pour Porsche, car les influenceurs virtuels jouent un rôle de plus en plus important dans l’écosystème chinois en termes de points de contact avec les clients», explique le responsable des partenariats et des entreprises chez Porsche Ventures China, Ostin Gong. «L’âge moyen des clients Porsche en Chine est de 35 ans. Il est donc essentiel pour nous de comprendre les valeurs, les passe-temps, les habitudes et le comportement de consommation de la jeune population chinoise. iMaker atteint un point idéal en termes d’interaction avec la génération Z grâce à l’introduction de ses avatars.»
«Nous sommes convaincus que dans un avenir proche, la voiture deviendra un “troisième espace” très important – à côté de la maison et du bureau – où se déroulera une grande partie de notre vie numérique. Des assistants virtuels interactifs et plus personnalisés sont en cours de conceptualisation pour ce “tiers espace”», explique Ostin Gong. «Ces assistants pourraient aider les utilisateurs à naviguer, à trouver des restaurants ou à écouter de la musique et d’autres divertissements, par exemple.»
Un autre exemple, tout aussi spectaculaire, tient dans , une spin-off de Porsche elle-même en 2019, qui est devenu le premier outil de fidélisation pour l’e-mobilité. Dans l’application, un client lambda peut acheter des choses, de chez Lidl à M&Ms en passant par HelloFresh, Decathlon, Lego ou eBay, et cela lui offre des «kilomètres» d’e-mobilité. Une belle success-story dans laquelle Porsche détient toujours 21,65%.
La plus grosse participation du groupe à ce jour est celle détenue dans le fabricant de vélos électriques Greyp. Entré au capital en 2018, Porsche en a pris la majorité en 2021 (68,17%), dans sa stratégie liée au vélo électrique et à la mobilité douce. La plupart des participations sont inférieures à 10%. Et Porsche est déjà sorti de six start-up (Drivably, Evopark, Fleetonomy, home-iX, RepairSmith et Vaha).