Laurent Alexandre, essayiste et entrepreneur français, a notamment expliqué lors de sa keynote qu’«il y a des liens de plus en plus forts entre l’IA et la politique, donc l’informatique est en train de structurer la société».  (Photo: Nader Ghavami)

Laurent Alexandre, essayiste et entrepreneur français, a notamment expliqué lors de sa keynote qu’«il y a des liens de plus en plus forts entre l’IA et la politique, donc l’informatique est en train de structurer la société».  (Photo: Nader Ghavami)

Le gala Golden-i, organisé jeudi dernier, a notamment vu Marc Hansen, ministre de la Digitalisation, Olivier Babeau, président-fondateur de l’Institut Sapiens, et Laurent Alexandre, essayiste et entrepreneur français, intervenir sur le sujet de la digitalisation.

Vincent Eggen est devenu, ce jeudi, le  durant le gala Golden-i. L’événement organisé par ITnation au siège de PwC à la Cloche d’Or a également fait intervenir , ministre délégué à la Digitalisation, Olivier Babeau, président-fondateur de l’Institut Sapiens, et Laurent Alexandre, essayiste et entrepreneur français, en amont de la remise des prix.

Marc Hansen a notamment rappelé qu’«un des principaux défis à relever est l’inclusion numérique. Nous devons transmettre les compétences sur le sujet du digital aux individus qui n’ont pas la chance d’avoir accès à  internet au quotidien. L’enjeu est de faire du numérique une chance pour tous.»

«Le gouvernement veut s’atteler avec enthousiasme et énergie à échanger avec vous, afin que le digital soit un succès au Luxembourg», a affirmé à la salle Marc Hansen. (Photo: Nader Ghavami)

«Le gouvernement veut s’atteler avec enthousiasme et énergie à échanger avec vous, afin que le digital soit un succès au Luxembourg», a affirmé à la salle Marc Hansen. (Photo: Nader Ghavami)

Son ministère n’existant pas dans les coalitions précédentes, il a également ajouté que «cinq mois seulement se sont écoulés depuis la formation du nouveau gouvernement et la création du ministère de la Digitalisation. Tout reste encore à faire, mais nous avons le support des 500 collègues du CTIE (Centre des technologies de l’information de l’État, ndlr). À nous de faire le maximum pour accompagner les citoyens dans leurs démarches digitales notamment, via myguichet.lu.»

Le ministre a également affirmé vouloir travailler avec le secteur de l’IT présent dans la salle: «Le gouvernement veut s’atteler avec enthousiasme et énergie à échanger avec vous, afin que le digital soit un succès au Luxembourg.»

«Face à une toxicomanie numérique»

Olivier Babeau, maître de cérémonie de l’événement, a confirmé l’écart qui se creuse au sein de la société: «l’économie, c’est de plus en plus un monde où il y a les seigneurs et les vassaux. Nous sommes de plus en plus face à des communautés qui ne se parlent pas. Et pourquoi la démocratie est-elle en train de voler en éclats? Parce qu’on n’était pas préparés à une telle accélération des données. Aujourd’hui, l’information est perdue dans un océan de ‘bullshits de complotistes. Pour 60% des Américains, Facebook est la première source d’information, alors qu’il y a une explosion des fake news. Il faut retrouver la hiérarchisation des données.»

«Pour 60% des Américains, Facebook est la première source d’information, alors qu’il y a une explosion des  ‘ fake news ’ », a rappelé Olivier Babeau. (Photo: Nader Ghavami)

«Pour 60% des Américains, Facebook est la première source d’information, alors qu’il y a une explosion des ‘ fake news ’ », a rappelé Olivier Babeau. (Photo: Nader Ghavami)

Durant sa keynote, Laurent Alexandre a ajouté: «Nous faisons face à l’émergence d’Homo Deus qui utilisent l’IA pour devenir superpuissants. Notre futur va être vertigineux, avec notamment la sélection embryonnaire, et les avancées que permettent les nouvelles technologies, mais nous risquons également de nous retrouver face à une toxicomanie numérique.»

Et le chirurgien-urologue de formation de préciser: «On imaginait un monde sans conflits. En réalité, c’est un énorme ‘Game of Thrones’ de l’IA. Si l’IA n’a ni autonomie, ni sensibilité, ni conscience, sa bêtise est tout de même révolutionnaire. Les ordinateurs parviennent, par exemple, à plus de précision que des médecins sur des diagnostics. Nous ne voyons pas encore les métiers qui vont émerger dans les prochaines années, mais ce que nous savons, c’est qu’à horizon 2035, il y aura une pénurie de 85 millions d’employés ultraqualifiés, et les moins qualifiés vont souffrir. Nous risquons d’arriver vers un scénario d’apartheid.»

Il faut arrêter de croire que tous les ‘digital natives’ deviendront des data scientists. C’est une escroquerie intellectuelle.

Laurent Alexandreessayiste et entrepreneur français

Dans le domaine de l’informatique, «il va falloir réussir la transition cognitive. L’IT va absorber la gestion des ressources humaines dans les dix années à venir, il faut faire fonctionner ces deux intelligences. Mais il faut arrêter de croire que tous les ‘digital natives’ deviendront des data scientists. C’est une escroquerie intellectuelle.»

«Il y a des liens de plus en plus forts entre l’IA et la politique, donc l’informatique est en train de structurer la société.» S’adressant à la salle, Laurent Alexandre poursuit l’explication de son idée: «Vous êtes donc des acteurs politiques, vous devez prendre conscience de votre influence dans le futur, car à l’avenir, l’informatique et la politique seront des synonymes. La politique de demain, c’est l’informatique.»

La question de l’IA dans le recrutement

Ce que confirme Thierry Kremser, data analyst et AI leader chez PwC: «L’IA est en train de transformer notre société. 60% des CEO luxembourgeois ont dit que l’impact de l’IA serait plus grand que la révolution internet. Il faut analyser quels sont les rôles de l’humain et du management au milieu de tout cela. La question éthique dans l’IA n’est pas mathématique. La question de justice est une question sociétale.»

Et Thierry Kremser d’évoquer la question des recrutements utilisant l’IA: «Si nous utilisons, par exemple, des algorithmes pour sélectionner des candidats à des emplois, nous allons faire de la discrimination, et les milieux favorisés seront privilégiés.»