«Nous voulons créer une police municipale, qui sera placée sous l’autorité du bourgmestre ou du conseil communal». Le 1er mars dernier, lors de la du 11 juin prochain à Luxembourg, la tête de liste chrétien-social dans la capitale, (CSV), lançait une des propositions qui fait le plus de bruit dans cette campagne électorale. Une proposition pourtant loin d’être neuve puisqu’il l’avait notamment déjà évoquée .
«Elle est le fruit d’une réflexion interne à notre parti, qui est venue des élus locaux, du terrain. Et qui est aujourd’hui dans le programme-cadre pour les communales, mais aussi dans celui des législatives d’octobre», explique le principal intéressé.
Si nous sortons renforcés des urnes, tant au niveau de la Ville en juin qu’à l’échelle du pays en octobre, nous voulons avoir des partenaires qui nous soutiendront dans l’élaboration de cette police municipale.
«Ce n’est pas la solution miracle à tous les problèmes», continue-t-il. «Mais c’est un projet qui peut redonner aux communes des moyens pour assurer leurs missions d’ordre public sur leur territoire.» Ce que la commune de Luxembourg-ville demande, de son côté, à corps et à cris.
Lydie Polfer a été écoutée
«Nous comptons 133.000 habitants, mais nous ne possédons pas nos propres moyens pour faire respecter notre règlement de police. Nous demandons plus de présence policière. Pas juste en matière d’interventions. Il faut aussi davantage de travail de proximité et de prévention. Les chiffres montrent tout de même une augmentation de 20% des affaires criminelles entre 2021 et 2022 dans la capitale…» renchérit un Serge Wilmes qui, dans ce dossier, est sur la même longueur d’onde que sa partenaire de coalition au sein de la Ville, la bourgmestre (DP). Cette dernière a justement déclaré en ce début de semaine, en marge de , que son «parti, même au niveau national, s’est engagé à créer cette police municipale».
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Une petite phrase qui faisait sourire Serge Wilmes. «C’est bien que le DP partage désormais notre vision des choses. Parce que pendant longtemps, ils ne semblaient guère écouter madame Polfer. En dix ans au gouvernement, le DP n’a guère fait bouger les choses en la matière.»
Une priorité
Pour le CSV, la sécurité est une «priorité absolue» en vue du double scrutin électoral qui se profile. «Et si nous sortons renforcés des urnes, tant au niveau de la Ville en juin qu’à l’échelle du pays en octobre, nous voulons avoir des partenaires qui nous soutiendront dans l’élaboration de cette police municipale, qui est aussi une priorité», ajoute l’élu CSV.
À ce niveau-là, on peut remarquer que les deux partenaires actuels du DP au sein de la majorité – le LSAP et déi Gréng – se sont, eux, déclarés contre la création d’un tel corps.
Mon parti, même au niveau national, s’est engagé à créer cette police municipale.
(LSAP), co-tête de liste du LSAP dans la Ville, en appelle ainsi plutôt à «une concertation plus grande entre les autorités locales et la police grand-ducale», tout en se demandant «si la création d’une police municipale ne risque pas d’être un danger pour la démocratie et le vivre-ensemble. N’y a-t-il pas un risque de voir ce corps de police être politisé alors qu’il n’a absolument pas vocation à cela?»
Chez les Gréng, dans un récent interview à Paperjam, (déi Gréng), co-tête de liste à Luxembourg, expliquait, lui: «La proposition d’une police municipale n’est pas honnête. Comment organiser cela alors que nous n’avons déjà pas assez de policiers dans le pays? Et surtout, le processus législatif pour la mettre en place prendra des années.»
Un corps intégré à la police grand-ducale
Ce à quoi Serge Wilmes répondait: «Le fait que les démarches risquent d’être longues n’est pas une raison pour ne rien faire! L’immobilisme n’est pas une réponse. Quant aux effectifs de ce futur corps municipal, ils existent déjà puisque la police grand-ducale affecte déjà des effectifs au territoire de la ville de Luxembourg. Ce que nous souhaitons, c’est qu’ils soient placés sous l’autorité de cette dernière.»
Le processus législatif pour mettre en place cette police municipale prendra des années.
L’idée du CSV n’est donc pas de créer un deuxième corps distinct de celui de la police grand-ducale, comme cela existait jusqu’à la dissolution de la gendarmerie grand-ducale en 1999.
«Nous proposons plutôt de créer, à l’intérieur de l’actuelle police grand-ducale, une unité qui serait affectée aux communes où il existe des problèmes. Son existence permettrait, par la même occasion, de supprimer le recours au gardiennage privé dans la capitale.»