Les 614 eurodéputés qui ont voté jeudi dernier se sont divisés au sujet des modalités de transmission des informations sur les navires en détresse et ceux pouvant les secourir. (Photo: Shutterstock)

Les 614 eurodéputés qui ont voté jeudi dernier se sont divisés au sujet des modalités de transmission des informations sur les navires en détresse et ceux pouvant les secourir. (Photo: Shutterstock)

Les eurodéputés luxembourgeois sont la cible des critiques après le rejet, à deux voix près, d’une résolution visant à garantir le sauvetage en mer des migrants, sur fond de dissensions au Parlement européen.

Le vote d’une résolution sur les «opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée» à Strasbourg jeudi dernier a tourné au fiasco, comme souvent lorsque les 751 eurodéputés doivent se prononcer sur des sujets hautement sensibles.

Comme le rapporte Le Quotidien ce lundi, ce sont en réalité quatre résolutions qui étaient proposées au vote. Les textes soumis respectivement par les Conservateurs et réformistes (ECR, comprenant notamment le PiS polonais, les Tories britanniques, la N-VA belge), Identité et Démocratie (ID, avec la Ligue du Nord italienne, le Rassemblement national français ou l’AfD allemande), le Parti populaire européen (PPE, avec le CSV, la CDU/CSU allemande, Les Républicains français…) ont été rejetés avant que ne soit présenté celui de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures par la voix de son président social-démocrate Juan Fernando Lopez Aguilar.

Une résolution pour enrayer l’hécatombe

Une proposition de résolution qui rappelle l’affreuse réalité: «933 personnes sont décédées ou ont disparu en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe depuis le début de l’année 2019», selon l’Organisation internationale pour les migrations, alors que 3.771 y avaient perdu la vie en 2015 et 2.277 en 2018. Sachant que «l’itinéraire reliant la Libye à l’Europe reste la route migratoire faisant le plus de victimes au monde (646 décès depuis le début de l’année 2019), une route cinq fois plus meurtrière en 2018 qu’en 2015, notamment en raison de la réduction des activités de recherche et de sauvetage sur les côtes libyennes».

Soulignant que le «mécanisme de solidarité» qui permettrait de faire débarquer les migrants en sécurité avant leur répartition entre les États membres, évoqué par l’Allemagne et la France en juillet dernier, n’a toujours pas vu le jour, la résolution vise à pousser le Conseil à prendre des mesures en ce sens. Le texte tient surtout à rappeler «l’obligation, en vertu du droit international de la mer, de porter assistance aux personnes en détresse».

Cette dernière résolution a fait l’objet de plus de 70 amendements pour finalement être rejetée par 288 votes pour, 290 contre et 6 abstentions. Les eurodéputés issus du CSV, Christophe Hansen et , ont ainsi voté contre, prêtant le flanc à la critique. «Je suis restée bouche bée de voir les conservateurs voter avec l’extrême droite», s’insurge (Déi Gréng) citée par Le Quotidien, elle qui a voté pour la résolution tout comme (DP). Une indignation partagée par la réalisatrice Frédérique Buck.

La réalité est toutefois plus complexe. «Sur le fond, on est tous d’accord», argumente Christophe Hansen. Le Parlement européen s’est effectivement divisé à propos de plusieurs points de détail qui ont leur importance, comme le fait de transmettre ou non la localisation des navires de Frontex aux bateaux transportant des migrants – ce qui pourrait conduire les passeurs à éviter ces zones pour ne pas risquer de se faire intercepter.

«Le texte était bien nuancé», défend Tilly Metz auprès du Quotidien. «Notre intention était d’amener l’UE à développer une plus grande conscience sur sa responsabilité en termes de recherche et de sauvetage de migrants en Méditerranée.»

Un accord à trouver

Quant à (LSAP) et (DP), ils «regrettent» leur absence lors du vote – le premier assistait à une conférence des ministres du Travail à Luxembourg et la seconde au congrès des libéraux européens à Athènes –, assurant qu’ils auraient voté en faveur de la résolution destinée à «sauver des vies».

Place aux tractations en coulisses pour trouver la formulation qui emportera l’assentiment d’une majorité d’eurodéputés. N’en déplaise aux eurosceptiques qui crient victoire sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, comme l’eurodéputé Rassemblement National Nicolas Bay.