De gauche à droite: Joël Adami, Elie Gottlieb et Kelly Kosel, qui représentent l’équipe responsable du podcast avec la productrice Sandra Laborier, dont le reflet apparaît dans le miroir. (Photo: Méi Wéi Sex)

De gauche à droite: Joël Adami, Elie Gottlieb et Kelly Kosel, qui représentent l’équipe responsable du podcast avec la productrice Sandra Laborier, dont le reflet apparaît dans le miroir. (Photo: Méi Wéi Sex)

Méi Wéi Sex craignait encore il y a quelques jours pour sa survie, n’ayant pas obtenu les 30.000 euros nécessaires pour continuer à produire du contenu en 2023. Le ministère de l’Éducation nationale a finalement annoncé qu’il pourrait financer le podcast. Même si son budget doit encore être voté.

«Il y a des médias qui produisent de bons contenus. Et il y a des médias qui distribuent des prix. Malheureusement, les médias qui produisent du bon contenu ne reçoivent pas les 10 ou 15 millions d’euros de l’État, que reçoivent ceux qui distribuent les prix.»

À en croire le post (ci-dessous) qu’ils ont publié sur leur compte Instagram, le dimanche 11 décembre, ce n’est pas avec la joie attendue que les responsables du podcast Méi Wéi Sex («Plus que du sexe») ont reçu le «Prix du podcast» que leur a décerné RTL, dans la catégorie de ceux produits par des particuliers.

«Encore plus tragique: notre financement pour 2023 n’est malheureusement pas encore assuré. On ne sait pas comment nous allons continuer, mais ce qu’on sait, c’est que ce ne sera pas chez RTL», terminent-ils.

Une équipe de six personnes

Appel à l’aide ou critique du financement des médias? «Les deux», admet Sandra Laborier, productrice du podcast dédié à «tous ceux qui ont un corps».

«D’un côté, nous sommes contents d’avoir une reconnaissance pour notre travail. Mais le fait que le prix soit organisé par RTL nous a posé question, alors que le financement des médias au Luxembourg a été un grand . Les médias associatifs et communautaires ne représentent qu’une petite partie. Il n’y a pas vraiment de financement prévu pour les projets de création radiophonique d’auteurs, artistes ou journalistes indépendants», regrette-t-elle.

En plus de la productrice et d’une personne responsable des illustrations et des réseaux sociaux, quatre autres travaillent à la réalisation des podcasts: journaliste, sexologue, étudiant et pédagogue sexuel. Tous freelance.

S’il n’y a plus de budget, il n’y a plus de podcast.
Sandra Laborier

Sandra LaborierProductriceMéi Wéi Sex

Un budget de 30.000 euros annuels

Né en 2018, le podcast est le fruit d’une collaboration entre le Centre national de référence pour la promotion de la santé affective et sexuelle à Luxembourg (Cesas) et l’antenne jeune de la radio ARA (Graffiti), qui le produit. D’abord financé par l’Oeuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte, il l’a ensuite été par le ministère de la Santé en 2022. Mais cela était «exceptionnel» et en 2023, sa visée pédagogique le pousse à passer sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale. Or, en fin de semaine dernière, lorsque le podcast a reçu son prix, l’équipe venait d’apprendre qu’elle ne recevrait pas de budget de ce dernier. Or, la production de ses podcasts représente un coût annuel de 30.000 euros.

Lundi 12 décembre encore, la survie de Méi Wéi Sex était donc en jeu. «S’il n’y a plus de budget, il n’y a plus de podcast. C’est trop de travail pour faire cela en tant que bénévoles», expliquait Sandra Laborier.

Heureusement, le lendemain, elle recevait un appel du ministère pour lui annoncer que «nous serons finalement quand même financés pour le podcast en 2023», et bien à hauteur de 30.000 euros. Pour quelle raison? «Je ne sais pas si c’est le post sur le réseaux sociaux ou le fait qu’une journaliste s’intéresse au sujet, ou les deux», dit la productrice.

Sauvé, sous réserve du vote du budget

Interrogé, le ministère de l’Éducation nationale affirme seulement que «cette semaine, le service compétent a encore échangé avec des organisations de jeunesse sur des questions d’ordre budgétaire pour l’exercice à venir. Lors d’une réunion interne aujourd’hui (mardi 13 décembre, ndlr), le service a analysé les possibilités de répartition du budget et affirmé pouvoir prendre en charge le financement du podcast, sous réserve du vote de la loi budgétaire.»

Au détriment de quels autres postes de dépenses? Le ministère n’a pas répondu à cette question. Concernant celle des raisons du changement de position, il explique que «de manière générale, les informations touchant le budget 2023 sont provisoires. L’information donnée la semaine dernière était donc, elle aussi, provisoire».

En attendant, Méi Wéi Sex avait commencé à lancer des demandes de financement auprès de fondations. Concernant le prix reçu par RTL, il s’agit d’un bon de 1.500 euros chez Lineheart.