Préretraité de Goodyear, Georges Thielen, une vie d’innovation au service de sa société et du Luxembourg, a reçu le premier Life Cycle Assessment Award des mains de l’ancien directeur du List, Fernand Reinig (de dos) et de son successeur, Thomas Kallstenius. (Photo: Maison Moderne)

Préretraité de Goodyear, Georges Thielen, une vie d’innovation au service de sa société et du Luxembourg, a reçu le premier Life Cycle Assessment Award des mains de l’ancien directeur du List, Fernand Reinig (de dos) et de son successeur, Thomas Kallstenius. (Photo: Maison Moderne)

Sous la présidence d’Eva Kremer, promue au rang de présidente du CA du List la veille, le CEO de l’institut, Thomas Kallstenius, a inauguré mercredi matin la sixième édition du Tech Day à Belval. Avec une voiture en exclu, une spin-off en exclu et un prix d’excellence en exclu.

La scène centrale a tout d’un ring. Sauf les cordes. Le CEO du Luxembourg Institute of Science and Technology, , avait poussé la sixième édition du Tech Day jusqu’à ce détail, histoire de s’assurer que tout le monde penserait «out of the box», le leitmotiv du jour.

Mais à part un uppercut – amical – pour Maison Moderne, qui organisait , pas de boxeurs, pas de sang, pas de K.-O., ni même de jeunes femmes peu vêtues pour annoncer les rounds. Non, le Tech Day n’a même pas besoin de camphre pour soigner les esprits étroits.

La règle est d’écouter les autres, et cela vaut aussi pour moi.
Thomas Kallstenius

Thomas KallsteniusCEO List

Ici, la science est reine, et sous les yeux de – la première femme à ce poste dans un institut de recherche luxembourgeois –, c’est la cofondatrice et CEO de Tiime, , qui attaque, sabre laser en main, en appelant à prendre de la hauteur dans notre défense quotidienne de l’environnement et notre lutte contre la crise climatique.

La stratégie du «Jedi»

Ce qu’elle appelle la stratégie du «Jedi», pour «Justice, Equity, Diversity and Inclusion». «Nous ne pouvons pas changer ce que nous ne reconnaissons pas», dit-elle, virevoltante comme un célèbre papillon, Mohamed Ali, qui piquait, lui, comme une abeille. Ou encore «la Terre n’est pas plate, nous devons penser ‘circulaire’» avec la représentation d’un beignet habituellement totalement interdit dans ce genre d’enceinte.

M. Kallstenius quitte lui aussi le monde du sport pour sa métaphore de l’orchestre, lui qui fut autrefois joueur émérite de flûte. «2021 a été une bonne année. Nous sommes tous les musiciens d’un orchestre symphonique. La règle est d’écouter les autres, et cela vaut aussi pour moi. Car nous ne jouons pas seuls, mais avec nos partenaires. C’est avec eux que nous cocréons de la musique, grâce à notre belle infrastructure et nos instruments de premier plan.»

Après avoir rappelé quelques chiffres-clés comme le nombre de musiciens (662, dont 34% de femmes et 52 nationalités, 95 nouveaux en 2021 et 108 PhD) réunis autour de 106 «partitions» qui ont débouché sur 205 brevets (le deuxième meilleur score européen), M. Kallstenius a présenté la nouvelle et dixième spin-off du centre de recherche, Invitrolize, capable de se passer des animaux et de cellules humaines récentes pour mieux tester des produits, que ce soit pour l’industrie de la cosmétique, pharmaceutique ou du tabac.

Goodyear montre son pneu creux

À l’instar de Mme Pahlson-Moller, il invitait lui aussi à passer de la lutte contre la dérive du climat à la création de technologies qui intègrent par design le coût que leur utilisation va générer. Si Bertrand Piccard et sa fondation Solar Impulse ont dans leur catalogue plus de 1.000 technologies vertueuses, le CEO du List appelle à s’intéresser dès le début à la question du coût de l’adoption, sans quoi ce serait le frein ultime à une véritable transition.

Pour la première fois, une voiture chaussée des pneus creux de Goodyear et leur structure en X (contre le V pour Michelin), avait été autorisée à aller de Colmar-Berg à Belval. (Photo: Maison Moderne)

Pour la première fois, une voiture chaussée des pneus creux de Goodyear et leur structure en X (contre le V pour Michelin), avait été autorisée à aller de Colmar-Berg à Belval. (Photo: Maison Moderne)

Parmi les sept stands pour montrer la technologie développée au List, celui sur la 6G – qui va complètement bouleverser ce que nous connaissons de la connectivité –, celui sur l’hydrogène vert et sa distribution décentralisée, ou encore les pneus creux – présentés il y a un mois par un partenaire de poids du List, .

Dans l’après-midi, le List et Goodyear ont annoncé «un deuxième Memorandum of Understanding avec une valeur d'environ 50 millions d'euros» après avoir atteint «une multitude d'objectifs impressionnants : 13 réalisations dans le domaine de la science des données, 15 développements de nouveaux matériaux, 91 capacités analytiques innovantes menant à 94 publications, 17 secrets de fabrication et 13 brevets.»

Sur scène, le matin, le dirigeant de l’institut de recherche, que l’on a souvent entendu parler des digital twins, a avancé d’un cran en annonçant le premier metaverse du Luxembourg, le Luxemverse, qui doit permettre de prendre toutes les bonnes décisions dans beaucoup de problématiques. Une réponse intelligente à tous ceux qui se demandaient à quoi bon aller perdre du temps et de l’argent dans ces 150 univers virtuels…

Avant d’entrer dans le dur de cette journée et de son cycle de conférences de haut niveau, le List a remis, par son ancien directeur, Fernand Reinig, son premier Life Cycle Assessment Award à Georges Thielen, destiné à honorer toute la carrière de ce jeune préretraité qui dirigeait le centre d’innovation de Goodyear à Colmar-Berg et qui fut un des premiers membres du conseil d’administration lors de la fusion des deux Centres de recherche publics (CRP Henri Tudor et CRP Gabriel Lippmann) en List, président du cluster des matériaux de Luxinnovation (jusqu’à 2019) ou encore membre du conseil scientifique du Fonds national de la recherche (depuis 2020).

Sexy, le List? Oui, pour tous ceux qui voient plus loin que le bout de leur nez.