Au Luxembourg, le taux de risque de pauvreté au travail est le plus élevé de l’UE après la Roumanie, selon Eurostat. Un constat qui a poussé le député Paul Galles à interpeller le gouvernement sur la question. Selon lui, cette population est oubliée par les nombreuses mesures de transferts sociaux.

«Le plus grand scandale, c’est la pauvreté au travail», s’indigne le député  (CSV) qui a interpellé mardi le gouvernement à la Chambre des députés sur le risque de pauvreté au Luxembourg.

Eurostat communiquait quelques jours plus tôt ses statistiques sur le risque de pauvreté au travail dans l’UE, et le constat est en effet sombre: le Luxembourg, avec 13,5% de ses travailleurs menacés par la pauvreté en 2018, détient le taux le plus important de l’UE après la Roumanie (15%), et s’établit bien au-dessus de la moyenne de l’UE (9,6%).

Paul Galles a voulu relancer le débat avec cette interpellation. Car il constate que si les statistiques sur la pauvreté sont à chaque fois reçues avec beaucoup d’intérêt, que ce soit par les pouvoirs publics ou la presse, rien ne change. «Je crois que le problème est plus sévère et plus grave», estime le député CSV. «Il est systémique: notre système produit ses propres pauvres. À chaque fois, on pointe le logement du doigt, mais l’analyse ne va pas assez loin.»

Un risque de pauvreté à 18,3%

Et si les mesures de transferts sociaux sont nombreuses – 42, selon un décompte du Statec –, le taux de risque de pauvreté de la population dans son ensemble reste à 18,3%. Un taux qui n’a pas cessé d’augmenter ces dernières années, jusqu’à dépasser ceux des pays voisins et la moyenne de l’UE.

«Je crois que nous ne comprenons pas bien le problème», estime Paul Galles, qui rappelle que le taux de privation matérielle sévère est de 1,3% au Luxembourg en 2018 – le taux le plus faible de l’UE, selon les chiffres d’Eurostat. «La majorité de ces 18,3%, ce ne sont donc pas des sans-abris, ce sont ceux qui sont à la limite», en déduit le conseiller communal de Luxembourg-ville. «Si la moindre déconvenue leur arrive, alors ils glissent dans la pauvreté. C’est stressant, c’est un poids, un héritage pour les enfants. Et personne ne les regarde.»

Un plan national de lutte contre la pauvreté

Paul Galles propose différentes solutions: agir sur le logement, bien sûr, puisqu’il s’agit du budget qui pèse le plus. Mener une discussion ouverte sur la combinaison du salaire, du Revis et des transferts sociaux d’une part, avec le budget de référence d’autre part. «Les deux ne se rejoignent pas», constate-t-il.

Et établir un plan d’action nationale pour la prévention et la lutte contre la pauvreté. «Il existe déjà des plans d’action particuliers, mais si on veut diminuer le risque de pauvreté, il faudrait les rassembler et les aligner vers cet objectif principal», conclut Paul Galles.