Le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias compare plusieurs pays. Le Luxembourg arrive à la 12e position des 32 pays analysés. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias compare plusieurs pays. Le Luxembourg arrive à la 12e position des 32 pays analysés. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le Luxembourg se classe en 12e position du classement en matière de pluralisme des médias où figurent 32 pays analysés par le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias. Pluralité du marché et inclusion sociale posent problème.

Protection de la liberté d’expression, indépendance politique, concentration, transparence de la propriété, inclusion des minorités dans l’éducation aux médias… Après avoir analysé une vingtaine de points précis dans 32 pays, le publie, pour la première fois, un classement.

Le Luxembourg, où les données ont été collectées par les docteurs Raphaël Kies, Alina Ostling et Mohamed Hamdi de l’Université du Luxembourg, arrive en 12e position. Ce qui place le pays sur la liste des pays avec un risque «moyen» de manque de pluralisme, à hauteur de 46%.

En haut du classement, le seul pays à «très faible» risque est l’Allemagne, à 20%. La Suède (28%) et le Danemark (32%), à «faible risque», complètent le trio de tête. La Belgique (34%) et la France (37%), également à «faible risque», arrivent respectivement 5e et 6e.

Le score moyen est de 51%. La Turquie arrive dernière avec un «très haut risque», de 82%.

Pluralité et inclusion

Le Luxembourg perd des points au niveau de la pluralité du marché et de l’inclusion. «Il n’existe aucune disposition légale visant à limiter la concentration horizontale ou croisée des médias d’information. Le secteur audiovisuel et en ligne est dominé par le groupe RTL, et dans la presse écrite, les groupes Mediahuis et Editpress prédominent», détaille le rapport. Concernant l’inclusion sociale, les médias de service public sont encore «dominés par l’usage du luxembourgeois» et «l’accès aux personnes handicapées est insuffisant». La part de femmes à des postes de direction dans le secteur est également considérée comme «extrêmement critique».

Le rapport émet aussi des craintes pour les élections à venir, «sachant que les campagnes politiques se déroulent de plus en plus en ligne et que les publicités politiques payantes ne sont pas réglementées par la législation nationale».

Le risque est cependant faible concernant la liberté d’expression, reconnue dans la Constitution et protégée par la loi. Droit à l’information, normes et protection de la profession, indépendance ou encore viabilité des médias sont aussi considérés comme à faible risque.

11 recommandations

Le rapport note un risque moyen au sujet de l’indépendance politique. «Par exemple, le groupe Editpress (Tageblatt, L’essentiel, Le Quotidien) appartient à 59% au principal syndicat de gauche du pays (OGBL, via l’asbl Centrale du LAV), 19% à l’autre syndicat de gauche (FNCTTFEL) et 2% au parti socialiste (LSAP).»

En conclusion, le Centre pour le pluralisme et la liberté des médias ne voit que des améliorations «marginales» par rapport à l’année dernière. Comme les médias communautaires qui sont «enfin légalement reconnus et soutenus». Mais note une situation qui s’est «détériorée à plusieurs égards». Elle liste 11 recommandations pour le pays:

– améliorer l’accès à l’information pour les journalistes;

– étendre la compétence de l’autorité nationale;

– améliorer la transparence de la propriété des médias en les centralisant dans un format facilement accessible;

– fournir des données accessibles au public sur l’audience et la publicité pour les médias hors ligne et en ligne (y compris les plateformes en ligne).

– poursuivre et étendre à l’ensemble des émissions d’information le contrôle du temps de présence des partis politiques pendant la campagne officielle pour radio 100,7 et RTL;

– l’étendre aux autres médias électroniques ainsi qu’aux sites d’informations en ligne et aux plateformes en ligne;

– garantir la transparence et l’accessibilité des dépenses pour la publicité politique à la fois hors ligne et en ligne;

– définir des règles qui garantissent une répartition équitable des subventions indirectes de l’État et leur pleine transparence;

– améliorer l’offre et l’accessibilité aux minorités linguistiques pour RTL (télévision et radio) et la radio de service public (radio 100,7);

– améliorer l’accès aux médias (hors ligne et en ligne) pour les personnes handicapées;

– favoriser l’accès des femmes aux postes-clés.