Il aura finalement suffi que Donald Trump secoue le cocotier pour que l’Europe bouge. Ce mardi, au sommet mondial de l’intelligence artificielle à Paris, organisé conjointement par la France et par l’Inde, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a annoncé la mobilisation de 50 milliards d’euros de plus.
«De plus» parce que la veille, une coalition baptisée AI Champions, regroupant plus de 60 acteurs pas forcément issus du secteur technologique – tels que Heineken, Carrefour ou BNP Paribas – avait annoncé mobiliser 150 milliards d’euros.
Pour soutenir cette vision, le rapport de General Catalyst, intitulé ‘Un programme ambitieux pour l’IA européenne’, propose un plan stratégique pour positionner l’Europe en leader dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le rapport met en avant la nécessité de coordonner les efforts entre les secteurs technologique, industriel et politique, en mobilisant les talents et les capitaux pour accélérer l’adoption de l’IA par les leaders mondiaux de l’industrie européenne. Il souligne également l’importance de moderniser les infrastructures critiques et de développer un écosystème technologique européen compétitif.
En saisissant cette opportunité, en travaillant avec une détermination accrue et en adoptant une collaboration radicale, l’Europe peut prouver sa capacité à transformer ses ambitions en résultats concrets, à renforcer sa position sur la scène mondiale et à façonner un avenir où la technologie répond aux aspirations de ses citoyens. Nous cherchons à nous associer à tous ceux qui partagent cette vision et souhaitent contribuer à en faire une réalité», a déclaré la Managing Director du fonds d’investissement General Catalyst (GC), Jeannette zu Fürstenberg.
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Ce mardi, la présidente de la Commission européenne a annoncé qu’après le lancement des AI Factories – dont l’une des premières en Europe sera implantée au Luxembourg – elle prévoit de lancer quatre premières AI Gigafactories. «De très grandes infrastructures de données et de calcul destinées à former des modèles de très grande envergure. Nous voulons reproduire le succès du laboratoire du CERN à Genève», a déclaré Mme Von der Leyen.
«Le CERN abrite le plus grand accélérateur de particules au monde et permet aux esprits les plus brillants de collaborer. Nous voulons appliquer ce modèle à nos AI Gigafactories. Nous offrirons une infrastructure dotée d’une grande puissance de calcul, où chercheurs, entrepreneurs et investisseurs pourront unir leurs forces. Les talents du monde entier seront les bienvenus. Les industries auront également la possibilité de collaborer et de partager leurs données dans un environnement sécurisé, comme l’espace européen des données de santé. Car l’intelligence artificielle nécessite à la fois de la concurrence et de la collaboration. Elle doit également gagner la confiance des citoyens et garantir leur sécurité.
C’est précisément l’objectif de la loi sur l’IA: établir un cadre unique de règles de sécurité pour l’ensemble de l’Union européenne – soit 450 millions de personnes –, en remplacement de 27 réglementations nationales différentes. Et cette sécurité est dans l’intérêt des entreprises», a-t-elle indiqué.
«Aujourd’hui, je peux annoncer que notre initiative InvestAI nous permettra d’atteindre un montant total de 50 milliards d’euros. Nous visons ainsi à mobiliser un total de 200 milliards d’euros pour des investissements dans l’intelligence artificielle en Europe. Notre priorité sera de nous concentrer sur les applications industrielles et critiques. Il s’agira du plus grand partenariat public-privé au monde pour le développement d’une IA fiable», a-t-elle déclaré à Paris.
De tels modèles de nouvelle génération nécessitent une infrastructure informatique étendue pour des percées dans des domaines spécifiques tels que la médecine ou la science. Les gigausines auront environ 100.000 puces d'IA de dernière génération, soit environ quatre fois plus que les usines d'IA en cours de mise en place.
Enfin, la présidente de la Commission européenne a affirmé son soutien «total à la Fondation pour l’IA, qui est inaugurée aujourd’hui. Nous sommes prêts à mettre notre puissance de calcul au service de ses projets futurs. L’intelligence artificielle peut être un atout précieux pour l’humanité, mais nous devons nous assurer que ses bénéfices soient partagés et accessibles à tous. Nous voulons que l’IA soit une force pour le bien commun. Nous voulons une IA fondée sur la collaboration et dont tout le monde puisse profiter. C’est cela, notre vision européenne.»
Ces 200 milliards d’euros constituent une réponse au projet Stargate du président américain, qui avait annoncé 500 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures liées à l’IA.