Le rassemblement de Playmobil de Bascharage attire aussi bien les enfants que les adultes collectionneurs. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le rassemblement de Playmobil de Bascharage attire aussi bien les enfants que les adultes collectionneurs. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Avec des boîtes dépassant les 1.000 euros, les anciens Playmobil attirent les collectionneurs. Un business boosté par la rareté de certaines pièces, mais qui s’adresse avant tout aux amoureux du jouet. Ils seront d’ailleurs nombreux à se rendre aux LuxPlaymoDays samedi et dimanche.

Carré court et frange ondulée, yeux ronds et marrons, pinces au lieu des mains, tantôt déguisés en personnage de Star Wars, tantôt au milieu d’une foire: samedi 27 et dimanche 28 août, le Centre sportif «Op Acker» de Bascharage sera envahi d’étranges bonhommes en plastique. Il accueillera le 15e rassemblement international de Playmobil organisé par l’asbl Playmo-Frënn, les LuxPlaymoDays.

«Mon thème de prédilection, c’est le cirque», annonce fièrement Jean-Yves Dedoyard, un des exposants, tout en préparant sa maquette de 18 m2 – ou diorama, dans leur jargon. Chez lui, on trouve des Playmobil «dans toutes les pièces. C’est impossible de les compter». Des «milliers», certainement.

«Gamin, je ne jouais qu’avec des Playmobil. Adolescent, j’ai tout vendu pour me faire un peu d’argent de poche. Mais j’ai vite regretté», raconte l’homme de 47 ans. Depuis, il recherche toutes sortes de figurines et boîtes d’époque. Sa plus importante acquisition: «une reproduction du vaisseau de Star Treck à 500 euros». Lorsqu’il revend certaines pièces, c’est uniquement parce qu’elles ne lui sont plus utiles. Les garder pour qu’elles prennent de la valeur, «ce n’est pas le but». De même pour Roger et Danielle De Vrieze, les «doyens de l’exposition, à plus de 70 ans», qui préparent un diorama sur l’Arctique. Ils se sont pris de passion pour ces jouets après la naissance de leurs enfants, surtout pour les possibilités de maquettes qu’ils offrent.

Ce qui a de l’âge est rare

Claude HengelprésidentPlaymo-Frënn asbl

Du train western au kit Starbucks

Les Playmobil constituent cependant un vrai business. Sur eBay, on trouve , ou encore le . Dans le premier cas, il est vendu sans la boîte. Dans le deuxième, avec la boîte d’origine, mais les figurines ont été déballées. Ce qui diminue la valeur.

«Une figurine des années 70 en vrac, ça ne vaut rien. La même dans son carton d’origine peut monter à 50 euros», détaille Claude Hengel, président de Playmo-Frënn. En général, «ce qui a de l’âge est rare» et donc, plus cher. Rien n’est cependant sûr et «il se peut que Playmobil fasse une réédition et que certaines pièces valent moins cher qu’il y a cinq ans».

Difficile alors de juger de la solidité de l’investissement. Pour faire du profit, le collectionneur conseille de se tourner vers les «figurines promo». C’est-à-dire des éditions limitées commandées par des entreprises ou des institutions, souvent disponibles dans un seul pays. On trouve par exemple le . Le . «Si on garde la boîte fermée 10-20 ans, et qu’on trouve le bon collectionneur, cela peut être rentable».

Les pièces de collection ne sont pas les seules à attirer. Le chiffre d’affaires du groupe Brandstätter réalisé grâce à la vente de Playmobil est passé de 558 à 686 millions d’euros entre 2015 et 2018, . «C’est souvent le jouet préféré des parents pour leurs enfants», justifie Claude Hengel. L’entreprise détient, avec Lego, 17% des parts de marché du jouet en France, selon plusieurs médias.

Moins rentable que la Bourse

La pièce de collection, un bon investissement? «Si on regarde au prix des vins de collection ou aux montres, ils sont en hausse», admet Sam Desimpel, associé directeur chez Top tier access, structure de capital-investissement, qui a aussi travaillé comme gestionnaire de la catégorie objets de collection chez eBay. «C’est un marché, comme tout autre, dépendant de l’offre et de la demande». Et «avec le nombre de millionnaires qui augmente, la demande ne fait que croître, ce qui explique les hausses de prix». Les produits de luxe ne sont pas comparables aux Playmobil, qui sont «plutôt un marché de passionnés», relativise-t-il. Même si pour toute collection, «il faut être un minimum passionné, car si le prix du bien n’augmente pas, on a au moins le plaisir de l’avoir». Surtout qu’au final, «la prise de valeur est beaucoup moins rapide qu’en Bourse».

Si c’est quelque chose qui passionne les adolescents, il y a de grandes chances que d’ici 20 ou 30 ans, cela vaille quelque chose.

Sam Desimpelassocié directeurTop tier access

Au-delà des Playmobil, de nombreux jouets anciens redeviennent à la mode, à l’instar des cartes Pokémon. Comment savoir quels produits seront les pièces vintage de valeur demain? «Si c’est quelque chose qui passionne les adolescents, comme Harry Potter, il y a de grandes chances que d’ici 20 ou 30 ans, cela vaille quelque chose». Il recommande aussi de garder sa facture pour pouvoir le dater.

Un rendez-vous familial

Le rendez-vous de ce week-end à Bascharage s’adresse en tout cas aussi bien aux collectionneurs qu’aux familles. La moitié de la surface de 1.200m2 est réservée à l’exposition de maquettes, l’autre à 21 stands de vente sur 110 tables. Avec deux règles: que du Playmobil, et des jouets qui ne figurent pas dans le catalogue actuel.

Pourquoi Playmobil plutôt que Lego, son concurrent au chiffre d’affaires sept fois plus élevé? «Il y a plus de collectionneurs de Lego que de Playmobil», admet Claude Hengel. «Au Luxembourg, il y a minimum trois clubs. Lego est plutôt un jouet de construction, carré. Dans Playmobil, c’est plus rond. Ce que nous aimons, ce sont les détails, les accessoires. Cela se rapproche plus de la vie réelle.»

Niveau prix, «il y aura de tout, des pièces de collection dans leur boite d’il y a 30 ans», dont les prix peuvent monter dans les «300 euros», comme des figurines en vrac «de 1 à 5 euros la pièce». L’événement attirait en moyenne 3.000 visiteurs par week-end lors des précédentes éditions, venant aussi bien de la Grande région que d’Espagne ou des Pays-Bas.  Le prix d’entrée est de 2,50 euros, entre 9h et 18h. Elle est gratuite pour les enfants.