«L’objectif principal de la plateforme [Dealfox] est d’assurer la mise en relation… grâce à son générateur de transactions qui utilise un algorithme», indique Jean-François Marlière, responsable des fusions et acquisitions chez Dealfox, une société fintech dont le siège se trouve au Luxembourg. Grâce à une présélection de critères, les investisseurs consultent ou reçoivent automatiquement une liste d’offres de transactions correspondant à leurs intérêts.
Laurent Marlière explique que l’idée a germé chez IsFin, une entreprise de conseil axée sur les marchés émergents, également dirigée par le CEO de Dealfox, Laurent Marlière. Il a constaté que de nombreuses transactions dormaient sur le bureau des avocats. «Dealfox est une retombée de l’activité de conseil.» La recherche d’opérations est l’un des principaux avantages de la plateforme, étant donné qu’elle a accès à un grand nombre de conseillers. Selon M. Marlière, il n’existe aucun lien économique ou juridique entre Dealfox et IsFin.
Il est peu probable qu’ils [les conseillers] publient des transactions qui entacheraient leur réputation.
Dealfox cible les propositions de «transactions hors marché non cotées» présentées par des professionnels ou des conseillers réglementés, tels que des avocats, des experts-comptables et des commissaires aux comptes, pour le compte de leurs clients ou vendeurs. Dealfox s’adresse à des conseillers situés dans 75 pays, y compris en Asie et en Afrique, mais en se concentrant dans un premier temps sur les communautés francophones d’Europe.
Dans l’intérêt de tous
Proches de leurs clients, ces professionnels sont les mieux placés pour comprendre les transactions présentées à la plateforme. Dealfox est rassuré par le fait que ces transactions sont préqualifiées car il fait des affaires avec ces professionnels réglementés depuis plus de 20 ans à IsFin.
Par conséquent, «il est peu probable qu’ils publient des transactions qui ternissent leur réputation», souligne M. Marlière. En d’autres termes, Dealfox est convaincu que les investisseurs trouveront une contrepartie de confiance sur la plateforme.
De plus, M. Marlière pense que Dealfox est stratégiquement positionné pour coter des actifs en difficulté à des prix attractifs. Par exemple, il pense que la plateforme offre une fenêtre sur le monde aux héritiers qui ont hérité d’entreprises non désirées pendant la crise financière.
Les avantages pour les conseillers sont multiples. Plus de transactions peuvent se traduire par plus de travail pour leurs clients et, dans certains cas, par une commission de succès, si cela est autorisé par leur code de déontologie.
Tout le monde peut-il être investisseur?
Dealfox n’exclut aucun investisseur. Il va des banques privées, des fonds d’investissement aux business angels individuels sans qualification prédéfinie (aucune vérification autre que les pièces d’identité n’est demandée par Dealfox). De plus, les investisseurs bénéficient d’un contrôle préalable effectué par des experts qualifiés.
M. Marlière estime que, comme l’investisseur est le premier à être informé, il peut bénéficier d’un prix avantageux, sans être exposé aux guerres d’enchères observées sur les grandes plateformes telles que Pitchbook.
Selon lui, les concurrents tels que Pitchbook et ARX couvrent tous les types d’entreprises accessibles à tous et tendent à se concentrer sur les grandes opérations, voire les méga-opérations, généralement réalisées par des entreprises cotées en bourse. La valeur de ces opérations est généralement supérieure à 100 millions d’euros.
La transparence des transactions est assurée sous certaines conditions
Selon M. Marlière, la confidentialité de la plateforme est primordiale pour les conseillers et leurs clients (vendeurs). Le conseiller a le luxe de décider du niveau de détails qui seront publiés sur une transaction par l’intermédiaire de la plateforme. Lorsqu’il est approché par un investisseur, le conseiller décide si la contrepartie est acceptable avant de passer à l’étape suivante, qui nécessite la signature électronique des deux parties.
Une fois la signature apposée, le système déclenche l’émission automatique d’un accord de non-divulgation, après quoi l’investisseur reçoit toutes les informations relatives à la transaction. L’opération reste toutefois visible pour les autres investisseurs potentiels jusqu’à ce qu’elle soit retirée de la plateforme par le conseiller, ce qui se produit généralement après la signature d’une lettre d’engagement par les parties.
Active depuis le 1er novembre
Bien qu’il s’agisse d’une start-up, Dealfox a déjà réalisé environ 16 transactions sur la plateforme. La taille minimale du ticket est d’un million d’euros, tandis qu’il n’y a pas de limite à la hausse. Trois transactions ont été réalisées depuis la création de la société en juin 2023. Deux transactions ont été réalisées pour une valeur comprise entre 15 et 20 millions d’euros, tandis que la plus grosse transaction réalisée sur la plateforme a été de 330 millions d’euros, pour une usine de fabrication d’huile de palme basée en Afrique. Détenue à l’origine par un Européen, l’usine a trouvé un investisseur africain par l’intermédiaire de la plateforme.
Bien que le secteur de l’huile de palme ne soit pas considéré comme favorable à l’ESG, en général, Dealfox vise, à terme, à obtenir des références en matière d’ESG et à se mettre en conformité. Toutefois, M. Marlière rappelle que Dealfox est une plateforme de mise en relation qui n’examine pas les détails des actifs et ne connaît pas le nom des vendeurs.
Les conseillers et les investisseurs doivent payer une adhésion annuelle pour accéder à la plateforme et à leurs contreparties. Dealfox ne tire aucun revenu des transactions.
Dealfox a initialement levé 500.000 euros auprès d’investisseurs en capital-risque et une deuxième tranche est en cours de préparation, tout en ciblant les mêmes investisseurs et un family office de Dubaï.
La plateforme a été lancée le 1er novembre lors de la conférence de l’International Bar Association à Paris, la plus grande manifestation d’avocats au monde, selon M. Merlière.
Cet article a été publié pour la newsletter Delano Finance, la source hebdomadaire d’informations financières au Luxembourg. .