Benyamin Netanyahou, qui avait largement mis en avant ses bonnes relations avec Donald Trump lors de la dernière campagne électorale à l’automne 2019, sort renforcé de la présentation par le président américain de sa «vision» pour la paix en Israël. (Photo: Shutterstock)

Benyamin Netanyahou, qui avait largement mis en avant ses bonnes relations avec Donald Trump lors de la dernière campagne électorale à l’automne 2019, sort renforcé de la présentation par le président américain de sa «vision» pour la paix en Israël. (Photo: Shutterstock)

Le président américain a présenté, mardi, sa «vision» pour relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Un plan contesté par les Européens, dont Jean Asselborn.

Si Donald Trump insiste pour qualifier son plan de «gagnant-gagnant», force est de constater qu’Israël en tire plus de satisfaction que les Palestiniens.

Washington lui accorde la souveraineté sur l’intégralité de la vallée du Jourdain – de quoi raviver le combat pour l’eau sur le terrain –, ainsi que sur les colonies israéliennes implantées en Cisjordanie depuis 1967. Trump offre également une capitale «libérée» et «indivisible» aux Israéliens, reléguant les Palestiniens de Jérusalem-Est à l’extérieur de la ville.

Israël obtient encore la totale maîtrise de l’espace aérien et une liste de concessions auxquelles devront accéder les Palestiniens: cessation de l’aide financière aux «terroristes détenus en Israël» et aux familles de «terroristes morts», interdiction de toute démarche devant les institutions internationales comme la Cour pénale internationale, démilitarisation de la bande de Gaza, renoncement à toute revendication concernant les réfugiés des guerres de 1948-49 et de 1967, aucune souveraineté sur les lieux saints de Jérusalem, y compris musulmans, autorisation pour les juifs de prier sur l’esplanade des mosquées (mont du Temple pour les juifs)…

Nous n’accepterons pas de substitut à Jérusalem comme capitale de l’État de Palestine.

Hamas

Selon cette «vision», à effet immédiat pour Israël, les Palestiniens devraient se contenter d’un État encore plus morcelé. En contrepartie, le président Trump promet la prospérité économique grâce à une manne de 50 milliards de dollars qui doit doubler le PIB palestinien, diminuer de moitié la pauvreté, et résorber le taux de chômage pour le ramener à moins de 10% avec la création d’un million d’emplois. Mais seulement une fois que toutes les préconditions auront été remplies.

Qualifié de «gifle du siècle» par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ce plan finira «dans les poubelles de l’Histoire», a-t-il ajouté. «Nous n’accepterons pas de substitut à Jérusalem comme capitale de l’État de Palestine», a renchéri le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Les voisins arabes ont également réaffirmé leur soutien aux Palestiniens.

De son côté, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a salué cette «occasion de relancer les efforts urgents vers une solution viable et négociée au conflit israélo-palestinien».

Mais si l’UE «va étudier et évaluer les propositions mises avant», son porte-parole souligne qu’elle reste attachée à sa position et «son engagement ferme et uni pour une solution à deux États viable et négociée qui prenne en compte les aspirations légitimes des Palestiniens, comme des Israéliens, en respectant toutes les résolutions de l’Onu et tous les paramètres internationalement agréés».

La création par Israël de colonies de peuplement dans le territoire palestinien occupé depuis 1967 n’a aucun fondement en droit et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale, juste et durable.
Jean Asselborn

Jean Asselbornministre des Affaires étrangères et européennes

Une déclaration à laquelle le ministre des Affaires étrangères et européennes (LSAP) «souscrit pleinement». «Le Luxembourg continue de soutenir le règlement du conflit israélo-palestinien par la voie de la solution des deux États, fondée sur les frontières du 4 juin 1967: Israël et la Palestine, coexistant dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues, avec Jérusalem comme capitale des deux États.»

Se gardant d’adresser des critiques frontales au président américain, le ministre luxembourgeois souligne tout de même qu’«aucune initiative ne doit être utilisée comme prétexte pour commettre de nouvelles violations du droit international dans le territoire palestinien occupé ou pour justifier la création de colonies de peuplement dans ce même territoire».

Ainsi, «comme l’a réaffirmé la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies, la création par Israël de colonies de peuplement dans le territoire palestinien occupé depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, n’a aucun fondement en droit et constitue une violation flagrante du droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et à l’instauration d’une paix globale, juste et durable».