Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a expliqué que «l’année dernière, sur la même période, nous avions baissé la consommation nationale de gaz naturel de 6,1%». (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a expliqué que «l’année dernière, sur la même période, nous avions baissé la consommation nationale de gaz naturel de 6,1%». (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Les ministres Claude Turmes, Taina Bofferding et Lex Delles ont présenté ce jeudi 8 septembre la campagne nationale visant à réduire la consommation d’énergie. Objectif: baisser de 15% la demande de gaz naturel. Et cela sur base volontaire… pour l’instant.

Fin juillet, pour faire face à la réduction des livraisons de gaz russe, les États membres de l’Union européenne parvenaient à . Un accord qui se matérialisait, le 5 août, par l’adoption d’un règlement européen. Directement et entièrement obligatoire dans les États comme tout règlement, il prévoit deux approches. Une première prônant des mesures volontaires pour réduire, de 15% donc, la consommation de gaz entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023. La seconde visant, par la suite, si nécessaire, à mettre en place d’autres mesures, cette fois-ci obligatoires.

C’est la version luxembourgeoise de la première approche, celle dite volontaire, qu’ont présentée ce jeudi (déi Gréng), le ministre de l’Énergie, (LSAP), la ministre de l’Intérieur, et (DP), le ministre des Classes moyennes.

Un plan en trois étapes et des évaluations mensuelles

«Nous avons un plan en trois étapes», a confirmé Claude Turmes. «La première est celle présentée aujourd’hui, visant donc une diminution sur base volontaire d’au moins 15% (par rapport à la moyenne sur la même période ces cinq dernières années, soit un gain nécessaire de 970GWh, ndlr) de la consommation de gaz ou de l’énergie en général. Si cela ne fonctionne pas, nous passerons alors à la deuxième étape, qui prévoit des mesures plus coercitives. Et, enfin, en dernier recours, la troisième étape prévoit des coupures de gaz, notamment au niveau de certains processus industriels…»

Je vous donne rendez-vous début avril afin de tirer le bilan. Et si nous ne sommes pas à 15% d’économie, vous pourrez me ‘déchirer’ dans vos articles.
Claude Turmes

Claude Turmesministre de l’Énergie

Inutile de préciser que le ministre de l’Énergie espère qu’on ne devra jamais en arriver aux étapes 2 et 3. Et cela, même s’il avouait aussi que son ministère planchait déjà sur un règlement grand-ducal visant à mettre en place les mesures obligatoires prévues dans la deuxième étape du plan. Des évaluations mensuelles étant prévues afin de suivre l’évolution des gains en énergie...

En attendant, il croit beaucoup dans la campagne de «mesures volontaires» lancée ce jeudi 8 septembre. Une campagne qui a nécessité une période de concertation – avec des partenaires comme la Chambre de commerce, celle des métiers ou le Syvicol – expliquant peut-être le léger retard du Luxembourg sur certains autres pays européens. «Mais cela a permis de réaliser un consensus large. Or, c’est le plus important dans une opération comme celle-ci», souriait le ministre.  

L’État et les communes à 20°C

Le message est clair: chacun doit contribuer à son niveau à cet effort. Et l’État doit, quant à lui, montrer la voie et servir d’exemple. Une note d’instruction décrivant des mesures de réduction de consommation à mettre en œuvre a été envoyée à tous les ministères, ainsi qu’à l’ensemble du personnel. Les mesures indiquées prévoient une réduction de la température des chauffages à 20°C, ainsi que des principes généraux de réduction de la consommation d’énergie.

«Il y a la baisse de la consommation d’eau chaude, qui est le deuxième plus grand poste de dépenses en gaz. Ou l’optimisation de l’éclairage», explique Claude Turmes. «Concernant les 20°C, c’est un de plus que ce que préconise l’Europe. Mais chez nous, une règle de l’Inspection du travail et des mines (ITM) stipule que 20°C est le confort minimum dans un bureau. Si les choses empirent, il faudra en rediscuter...»

Les communes aussi vont baisser les thermostats à 20°C. Elles ont également reçu une circulaire au début du mois d’août leur proposant des mesures concrètes de sobriété énergétique dans le cadre de diverses activités. «Et on ne peut que se féliciter de voir que le Luxembourg est le seul pays en Europe où toutes les communes (102, ndlr) sont engagées dans un Pacte climat avec l’État», glissait encore un Claude Turmes qui vantait, par ailleurs, la coopération luxembourgeoise en la matière.

Des mesures concrètes dans le secteur industriel

Troisième pilier sur lequel le gouvernement veut s’appuyer pour cette campagne: les entreprises. Ici, rien de coercitif. Mais un programme d’engagement volontaire va être lancé, des mesures concrètes dans le secteur industriel ayant notamment été discutées et préparées avec la Fedil. Si au niveau de l’Etat et des communes, on espère une réduction allant de 10 à 20%, dans ce secteur, on vise plutôt les 20 à 30%. Et afin d’aider les entreprises à trouver des potentiels de réduction, la Chambre des métiers et la Chambre de commerce, avec la Klima-Agence, mettront en place, eux, un service de conseil dans ce domaine. Mais aussi une hotline permettant aux entreprises d’obtenir facilement des renseignements. Des actions qui faisaient dire au ministre de l’Énergie qu’il ne savait pas si chez nos voisins français et allemands, «le Medef et la BDI s’engagaient ainsi, avec toutes leurs fédérations, à réduire les demandes en énergie de 15%».

Enfin, notons que le grand public sera aussi appelé à jouer un rôle important dans l’économie énergétique à fournir. Il y sera sensibilisé par la campagne «Zesumme spueren - Zesummenhalen» (comprenez «Économisons ensemble - Tenons ensemble», ndlr). 

«J’ai bon espoir de voir la consommation baisser d’au moins 15% d’ici à fin mars», reprenait Claude Turmes. «L’année dernière, sur la même période, nous avions baissé la consommation nationale de 6,1% par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. Il y a un gros effort supplémentaire à faire, mais cela va dans le bon sens.»

Avant de conclure: «Je vous donne rendez-vous début avril afin de tirer le bilan. Et si nous ne sommes pas à 15% d’économie, vous pourrez me ‘déchirer’ dans vos articles.» C’est dire la confiance du ministre de l’Énergie.