Un «plan cafétéria» – comme on l’appelle en Belgique – est un système de rémunération flexible qui offre aux employés la possibilité de choisir, parmi une large gamme, des avantages sociaux et financiers, tels que des assurances complémentaires, des services liés à la mobilité, des prestations de santé, des services de garde d’enfants ou encore des avantages fiscaux. Cette approche permet aux travailleurs de personnaliser leurs avantages en nature en fonction de leurs besoins individuels et de leurs préférences.
Cette année, pour la première fois, le vélo a devancé la voiture dans l’utilisation d’un budget pour une solution de mobilité, selon SD Worx, qui gère ce plan pour 100.000 employés en Belgique. Selon l’entreprise, les avantages les plus choisis sont le remboursement de l’épargne-pension individuelle (20%), l’achat de jours de congé supplémentaires (19%), l’achat d’un smartphone ou d’un PC (16%), un vélo (13%), une voiture (13%) et une assurance maladie complémentaire (10%).
Membre du bureau exécutif de l’OGBL, Frédéric Krier évoque son manque de familiarité avec ce modèle: «Je ne connaissais pas ce terme. Ce n’est pas quelque chose qui s’est vraiment établi ici.» À la différence des chèques-repas ou de la voiture de fonction, les avantages les plus couramment cités. L’OGBL comme le LCGB insistent sur le fait que ces avantages ne doivent pas remplacer le salaire: «Il y a beaucoup de conventions collectives qui proposent des chèques-repas ou des places de parking, mais ça ne doit pas remplacer le salaire», rappelle M. Krier.
Les inquiétudes des syndicats concernent principalement les implications sociales d’un plan cafétéria. «On serait quand même critiques par rapport à une telle approche, surtout par rapport au fait que ces éléments ne sont pas cotisables. C’est quelque chose qui va manquer aux gens au niveau de leur pension», explique le représentant de l’OGBL, en rappelant que l’employé verrait l’avantage direct mais, à long terme, «il risquerait d’être perdant». Il met en avant les risques fiscaux associés à l’adoption de rémunérations non contributives, étant donné qu’elles «tombent sous une autre imposition qui peut être plus ou moins favorable, surtout concernant la sécurité sociale».
Les syndicats soulignent que de nombreux aspects d’un plan cafétéria existent déjà, bien que sous d’autres formes, au sein des conventions collectives et des avantages extra-légaux proposés par les employeurs. Le secrétaire général adjoint du LCGB, Robert Fornieri, tout en reconnaissant aussi l’étrangeté du concept, place le pouvoir d’achat des travailleurs au cœur de ses préoccupations et explique comment celui-ci pourrait être affecté par une transformation directe du salaire brut en avantages.
«Se fermer serait une grave erreur»
Robert Fornieri encourage une approche ouverte. Avec le rajeunissement de la population active, le LCGB reconnaît que le monde du travail change, et avec lui les besoins des salariés. Traditionnellement, les employés ont l’opportunité de bénéficier de voitures en leasing. Cependant, un salarié plus jeune peut être plus intéressé par d’autres avantages, tels que des abonnements Vel’oh. «Il ne faut pas se fermer à cela, ce serait une grave erreur. Nous devons rester ouverts et à l’écoute pour pouvoir en discuter. Cela n’engage à rien», explique M. Fornieri.
«Le chèque-repas offre une amélioration directe du pouvoir d’achat sans soumettre les salariés à des cotisations directes à la Sécurité sociale. En examinant attentivement les implications et en effectuant des calculs approfondis, nous constatons que les impacts sur les cotisations sociales sont minimes par rapport aux prétendues pertes. Donc là, tout ça doit être mesuré et adapté aux besoins, à la volonté et aux souhaits des salariés», conclut le secrétaire général adjoint du LCGB, Robert Fornieri.
Le LCGB est moins réticent au plan cafétéria que l’OGBL, mais fait tout de même preuve de prudence et de méfiance, et insiste sur la nécessité d’établir un cadre légal clair.
(Contacté, l’Aleba n’était pas revenu vers nous au moment de la publication de cet article.)