Utiliser le parking du centre commercial du Kirchberg deviendra payant pour les salariés à compter de janvier, une mesure qui fâche le syndicat OGBL. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Utiliser le parking du centre commercial du Kirchberg deviendra payant pour les salariés à compter de janvier, une mesure qui fâche le syndicat OGBL. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

Qu’elles soient gratuites, inclues dans la rémunération ou payantes, les places de parking constituent un élément de poids pour les salariés, tandis que du côté des entreprises, un équilibre entre fidélisation et stratégie RSE commence à s’établir.

176 euros par mois, c’est ce que les salariés des 70 boutiques de la galerie du Kirchberg Shopping Center devront payer dès janvier pour utiliser le parking souterrain du centre commercial après 26 années de gratuité.

L’OGBL a appelé la semaine dernière au retrait de la mesure qui devrait impacter 300 travailleurs. «La quasi-totalité des salariés du centre commercial ont des salaires gravitant autour du salaire social minimum. Nombreux d’entre eux sont aussi des salariés à temps partiel», souligne David Angel, secrétaire central du syndicat Commerce de l’OGBL.

Ce dernier estime que les travailleurs de la majorité des centres commerciaux au Luxembourg bénéficient de la gratuité du parking, à l’exception de ceux de la Cloche d’Or qui sont actuellement priés d’utiliser le P+R voisin ou peuvent accéder au parking souterrain pour 100 euros par mois, hors week-end.

L’exploitant du parking du Kirchberg – Auchan – justifie la fin de la gratuité par le contexte économique actuel et les investissements nécessaires à la modernisation et à la transformation du parking. L’enseigne à l’oiseau précise toutefois avoir demandé à chaque employeur de prendre en charge les frais de parking de ses salariés. «Le fait que certaines enseignes veulent répercuter une charge qui leur incombe sur leurs propres salariés n’est pas de notre responsabilité», souligne Sophie Morle, responsable en charge des relations presse chez Auchan.

Le parking, un élément d’attraction et de rétention?

avance que 5% des salariés au Luxembourg bénéficient du paiement des frais de transport ou de parking, ce qui en fait le troisième avantage en nature le plus répandu derrière la voiture de société pour usage privé (8%) et les chèques-repas ou l’accès à une cantine (18%). Au total, 26% des travailleurs bénéficient d’avantages en nature au Luxembourg.

Dans la capitale, les places de parking sont à certaines heures de la journée et force est de constater qu’elles s’avèrent être .


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Entre le besoin d’attractivité et le respect des engagements en matière de durabilité, les entreprises font face à des interrogations sur la démarche à suivre en matière de parking. «La stratégie de mobilité anime beaucoup d’échanges entre nos entreprises membres», reconnaît Laetitia Goergel, project manager chez IMS Luxembourg. Le réseau d’entreprises engagées en matière de RSE constate que les idées de bonnes pratiques émergent, comme par exemple la mise à disposition d’emplacements prioritaires pour les salariés qui covoiturent.

«70% des déplacements au Luxembourg se font en voiture et limiter le parking est un incitant au report modal», ajoute Laetitia Goergel. Celui-ci peut s’opérer vers les transports publics ou les alternatives de mobilité douce ainsi que les P+R .

Une place de parking pour plus d’un travailleur sur deux dans la capitale

Clairement, l’accès à tous les lieux de travail en transports publics est illusoire, d’autant que de nombreux salariés ont des obligations privées qui les poussent à recourir à leur voiture. Tantôt ils bénéficient d’emplacements ou de facilités tarifaires, tantôt ils passent à la caisse. «Je paie entre 20 et 26,40 euros de parking par jour», confie Laurent, salarié dans la capitale. Il a pris cette habitude et accepte la situation, bien qu’il ne soit pas opposé à une intervention de son employeur. Pour l’instant, ses demandes sont restées lettre morte.

La dernière montre que 62% de ses résidents disposent d’un emplacement de parking au niveau professionnel. 55% des non-résidents de la capitale déclarent quant à eux disposer d’un parking dans la capitale lié à leur emploi.

L’avantage serait donc répandu, au point de créer des distorsions? Au centre commercial du Kirchberg, «beaucoup de commerçants peinent à trouver du personnel et font face à des demandes de mutation de salariés vers des boutiques qui, elles, disposent d’un parking inclus», avance David Angel.

S’il devient plus difficile d’accéder à un endroit, cela devient également plus compliqué de trouver des personnes pour aller y travailler.
Laetitia Georgel

Laetitia Georgelproject managerIMS Luxembourg

IMS Luxembourg souligne que supprimer des facilités de parking implique une difficulté d’accès au lieu de travail et par conséquent, un allongement du temps de trajet qui peut affecter l’attractivité de l’entreprise. «S’il devient plus difficile d’accéder à un endroit, cela devient également plus compliqué de trouver des personnes pour aller y travailler», note Laetitia Georgel.

Des facilités généralement prévues chez les plus grands

Du côté des principaux employeurs du Luxembourg ayant répondu à nos sollicitations, le parking payant semble plutôt l’exception. Aux CFL (4.580 salariés), l’accent porte naturellement sur l’utilisation des transports publics mais la compagnie ferroviaire précise que «nous mettons également à disposition des espaces de parking pour nos collaborateurs qui n’ont pas d’autre choix que de prendre la voiture, ce qui est par exemple le cas pour des collaborateurs travaillant en dehors des heures de circulation des trains et des bus ou qui travaillent sur des sites qui ne se trouvent pas à proximité d’une gare ou d’un arrêt de bus».

Chez Cactus (4.460 salariés), «nous ne demandons aucune contribution de nos salariés en matière de parking et pour la grande majorité de nos collaborateurs des parkings sont disponibles et gratuits», répond l’enseigne de grande distribution.

Pour ArcelorMittal (3.660 salariés), une application de réservation des places de parking fonctionne depuis 2 ans et demi pour les sites ne disposant pas d’emplacements en suffisance. «Elle donne pleine satisfaction», assure le service communication du groupe sidérurgique.

Enfin chez Luxair (2.840 salariés), la compagnie met gratuitement des places à disposition de ses salariés, assure-t-elle. «En raison de la localisation de ses bâtiments en zone dite industrielle, la compagnie aérienne souhaite leur offrir la possibilité de bénéficier d’un accès de parking, car l’option consistant à venir travailler par le biais des transports publics a certaines limites», poursuit-elle.