Douzième mondial, le Luxembourg connaît son plus mauvais classement depuis la 13e place de 2013... qui reste une bonne performance au milieu des 63 pays du classement d’IMD. (Photo: Shutterstock)

Douzième mondial, le Luxembourg connaît son plus mauvais classement depuis la 13e place de 2013... qui reste une bonne performance au milieu des 63 pays du classement d’IMD. (Photo: Shutterstock)

IMD a publié, mardi soir, son classement annuel de la compétitivité. Douzième sur 63, le Luxembourg perd une place et n’est que le septième pays européen. Au passage, les patrons en profitent pour répéter leur message au gouvernement.

Il n’y a pas de bons résultats en termes de compétitivité sans écoute des patrons. Une fois encore, la Chambre de commerce rappelle au gouvernement qu’il doit «bien écouter les entrepreneurs», pour espérer rester le plus haut possible d’un des nombreux indices de la compétitivité, celui d’IMD.

«La Chambre de commerce, partenaire privilégié de l’État pour la mise en œuvre d’une politique en faveur d’une économie compétitive, souligne que les trois pays les plus compétitifs en 2019 – Singapour, Hong Kong et les États-Unis – sont tous reconnus pour leur écoute des entrepreneurs», écrit cette dernière dans le communiqué qui accompagne les résultats de cet indice annuel, basé sur 235 indicateurs, en partie objectifs et en partie issus des réponses des entrepreneurs luxembourgeois.

«Mieux écouter les entrepreneurs pourrait être la clé pour améliorer ce classement. Les chefs d’entreprise plaident en effet pour un cadre qui soit à la fois prévisible et dynamique. Ce cadre, avant tout favorable à l’entrepreneuriat, doit prendre appui sur un régime fiscal attractif à l’international et un environnement légal et administratif efficient. Il doit aussi permettre d’attirer et de retenir les talents, essentiels à la compétitivité des entreprises. Ces éléments sont ceux qui ont permis au Luxembourg de devenir l’une des économies les plus productives au monde. Il s’agit donc de cultiver ces fondamentaux, et surtout, par l’écoute continue des entrepreneurs, de ne pas s’en écarter», répète la Chambre de commerce, dans le communiqué lui-même.

Douzième mondial, le Luxembourg perd une place et retombe à son plus mauvais classement depuis 2013 (13e), après avoir fait partie du top 10 en 2015 et 2017.

«Sa compétitivité semble lentement s’éroder sur certains aspects: fiscalité, coût du travail, prix des bureaux, qualité des infrastructures», dit le communiqué. «Libérer les capacités d’innovation des entrepreneurs et faire du Luxembourg une terre d’épanouissement pour les talents, tel doit être le leitmotiv. Construire des cadres institutionnels, fiscaux et de protection sociale pour permettre la croissance de demain par l’innovation, tels sont les impératifs.»

Les 235 indices étudiés sont répartis en quatre chapitres. Quels sont les principaux enseignements et conseils de la Chambre de commerce? Résumé.

«Performances économiques», plombées par les prix

Quatrième derrière les États-Unis, la Chine et le Qatar, le Luxembourg n’a pas vraiment à rougir de son classement dans ce premier chapitre. Premier sur six indicateurs (PIB par habitant, exportations de services commerciaux, balance commerciale des services, investissements directs étrangers vers l’extérieur, balance nette et position nette d’IDE), il souffre de manque de diversification à l’exportation (55e place), d’une trop faible croissance du PIB par habitant (55e place) et, surtout, à la rubrique «Prix», d’une hausse des loyers et du coût de la vie.

Le conseil de la Chambre de commerce: «La situation tendue du marché du logement ne saurait être résolue que par une augmentation du nombre de nouvelles constructions. Et ceci ne sera possible qu’en soutenant davantage l’offre de logement, alors qu’à l’heure actuelle, les aides sont concentrées sur la demande.»

«Efficience des pouvoirs publics» et concurrence fiscale

La 10e place est en grande partie due au bond de la 21e à la 5e place dans le «cadre sociétal», surtout dû au rattrapage du niveau de salaire des hommes par les femmes. L’amélioration de l’excédent des administrations publiques (4e) a aussi aidé, même si la Chambre de commerce rappelle la hausse exceptionnelle et non récurrente des recettes (IRC, impôt sur la fortune et impôt sur les revenus de capitaux) et le besoin de réforme pour éviter le mur des pensions. Le nombre de jours pour créer une entreprise place le Grand-Duché au 48e rang, et le nombre de formalités administratives pour le faire à la 24e place.

Si la politique fiscale a vu le classement du Luxembourg s’améliorer de deux places (42e), ce dernier reste plutôt mauvais. Le pays est même 52e pour le taux effectif d’impôt sur le revenu des particuliers (24,5% contre 16,6% en moyenne).

Le conseil de la Chambre de commerce: «L’un des cinq grands défis en 2019 pour la compétitivité de l’économie luxembourgeoise est de rétablir la compétitivité fiscale par une feuille de route fiscale ambitieuse (englobant, entre autres, les taux légaux, les start-up et la propriété intellectuelle).»

«Environnement des affaires»: le coût du travail augmente

C’est peut-être le chapitre qui porte les plus lourds défis, même si la chute de quatre places (12e) est encore loin d’être une catastrophe. Au-delà de la question de la productivité se posent des problèmes de compréhension insuffisante de la révolution digitale (27e) et de trop faible flexibilité et adaptabilité face aux nouveaux challenges (32e) au moment où le coût du travail, notamment dans le service, voit le Luxembourg en 57e position et où les difficultés pour recruter (50e) s’accentuent, y compris pour des profils spécialisés dans la finance.

Le conseil de la Chambre de commerce: La digitalisation est le «nerf de la guerre», et la Chambre de commerce propose de «poursuivre assidûment les efforts dans la communication, l’accompagnement et la formation autour des sujets du digital, afin que ne se crée pas un clivage social et économique».

Pour le coup, le gouvernement semble l’avoir bien compris: tour à tour, le ministre délégué à la Digitalisation, , et son Premier ministre et ministre de tutelle, , ont répété, vendredi, lors de la présentation de la stratégie nationale sur l’intelligence artificielle au deuxième sommet Infrachain, ce terme d’«human centric», expliquant tous deux ne vouloir laisser personne au bord de la route.

«Infrastructures»: pas assez d’investissements

Le constat est étonnant: le Luxembourg perd une place dans le dernier chapitre (25e), surtout en raison de sa 37e place pour les infrastructures technologiques, elle-même due à des investissements dans les télécommunications par rapport au PIB insuffisant. Là encore, les 37e et 54e places pour le recrutement de compétences dans le digital et d’ingénieurs qualifiés.

Le conseil de la Chambre de commerce: «Les pouvoirs publics ont un rôle crucial à jouer pour favoriser la formation, l’attraction et le maintien des talents dans les entreprises et sur le territoire luxembourgeois. La stratégie de diversification économique vers de nouvelles niches de croissance en dépend. C’est aussi vrai pour l’attraction d’entreprises internationales sur le sol luxembourgeois.»

Bon classement, mauvais classement. Les indices et autres index de la compétitivité varient selon la méthode et les critères établis, conclut la Chambre de commerce.