Pour ce qui est de la place financière, on ne trouve pas de grande rupture dans l’accord de coalition. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Pour ce qui est de la place financière, on ne trouve pas de grande rupture dans l’accord de coalition. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Dans l’accord de coalition, la place financière n’occupe pas une place proportionnelle à son importance dans l’économie du pays. Il est vrai que beaucoup a déjà été fait. À l’inverse du logement, où l’ordre du jour est à la révolution copernicienne, ici, on retouche, on affine…

«Le gouvernement continuera à soutenir activement le développement, la diversification et la promotion de la place financière du Luxembourg dans toutes ses dimensions et à maintenir comme objectif premier de monter la chaîne de valeur dans ses différents champs d’activité (banques, assurances, industrie des fonds, marchés de capitaux)». Le premier paragraphe de l’accord de gouvernement résume l’état d’esprit de la coalition. Une formulation que l’on aurait pu retrouver au mot près dans toute coalition qui aurait regroupé des partis de «gouvernement».

Sur les grands principes de son développement, les choses semblent bien calées pour la place financière. Quasiment toutes les mesures annoncées prolongent des politiques déjà existantes.

Dans le chapitre de l’accord de coalition consacré à l’économie, on trouve une déclaration d’intention de la même veine: «Le secteur financier continuera à constituer un secteur fondamental de notre pays. Toutefois, les efforts de diversification de notre économie seront renforcés tout en privilégiant la double transition digitale et environnementale.» 

Innovation et verdissement

Finance verte, financière de genre, blended finance, fintech et actifs numériques continueront d’être promus avec l’objectif de rendre, dans ces sous-branches de l’activité financière, le Luxembourg aussi incontournable qu’il l’est dans les secteurs des fonds d’investissement et de l’assurance-vie transfrontalière. Des activités qui sont arrivées à maturité. Ces activités de niche reconstitueront-elles le relais de croissance et d’attractivité nécessaire à la Place? C’est un défi.

Pour renforcer la compétitivité, la fameuse «boîte à outils luxembourgeoise» sera adaptée «continuellement». Le cadre légal des activités financières étant au minimum à 90% décidé à Bruxelles, c’est dans la capitale européenne qu’il faudra déployer beaucoup d’activités pour que la voix et l’intérêt du Luxembourg ne soient pas ignorés.

Un renforcement de la présence des représentants est quelque chose de souhaité par beaucoup d’acteurs de la Place. Dont certains regrettent à voix basse que les parlementaires européens luxembourgeois soient peu impliqués sur le sujet et désertent les «bonnes» commissions au Parlement européen.

Philosophiquement, le gouvernement revient au principe de «toute la directive, rien que la directive». Un principe battu en brèche par (DP) durant son passage de presque 10 années au ministère des Finances. Le contexte était alors très différent: le Luxembourg devait faire amende honorable pour ses pratiques antérieures qui, même légales, étaient devenues difficiles à assumer d’un point de vue éthique. La période du zèle du bon élève semble close.

Fiscalité baissière

Toujours au nom de la compétitivité, et comme prévu, la taxe d’abonnement et son milliard de recettes fiscales ne sont pas abandonnés. Mais l’heure est à la réduction. Les fonds OPCVM-ETF – autrement dit les produits de gestion passive – ainsi que les fonds d’investissement actifs dans des activités économiques durables devraient voir leur charge fiscale atténuée. Une réduction qui n’est pas présentée comme automatique et qui sera tributaire de la bonne santé des finances publiques et d’une étude d’impact de ces baisses sur l’orientation des investissements.

La taxe d’abonnement n’est pas la seule taxation que critiquent les professionnels: , CSSF et Commissariat aux assurances, en sont une autre, moins médiatisée.

«Le gouvernement réalisera une étude concernant une révision de la gouvernance et de la structure de financement de la CSSF et du CAA en vue de la recherche d’un modèle de financement conciliant les besoins des deux autorités, le maintien de leur indépendance et un niveau de taxes raisonnable», lit-on dans l’accord.

Enfin, deux structures-clés seront réformées dans les années à venir: la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI) et le «Haut Comité de la place financière» dont le rôle sera renforcé et la méthode de travail revue.