Face à une audience de représentants des places financières de Luxembourg et de Francfort, le 22 septembre à Spuerkeess, Isabel Schnabel, membre du comité exécutif de la BCE, a indiqué que les pénuries de main-d’œuvre sont source de ralentissement de l’économie et que les hausses salariales contribuent à l’inflation. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Face à une audience de représentants des places financières de Luxembourg et de Francfort, le 22 septembre à Spuerkeess, Isabel Schnabel, membre du comité exécutif de la BCE, a indiqué que les pénuries de main-d’œuvre sont source de ralentissement de l’économie et que les hausses salariales contribuent à l’inflation. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Et si l’inflation, la baisse annoncée de la croissance économique, le marché du travail, les finances publiques et le triple A du Luxembourg ne formaient qu’une seule et même histoire? L’histoire de la compétitivité de la Place. Résumons les fondamentaux.

Le taux de l’inflation atteignait 9,1% dans la zone euro en août et 6,8% au Luxembourg. L’horizon-cible de 2% de la Banque centrale européenne (BCE) à moyen terme semble désormais fantaisiste. Pour le Luxembourg, les prévisions du Statec tablent sur un taux de l’inflation de 6,6% en 2022 et 2023.

Au niveau de la croissance du PIB, cette dernière a enregistré +4,1% en glissement annuel dans la zone euro au deuxième trimestre. Cependant, les prévisionnistes d’ING s’attendent à ce que l’activité économique se rétrécisse rapidement, jusqu’à atteindre -1,4% en glissement annuel au deuxième trimestre de 2023. Au Luxembourg, le PIB s’est contracté de 0,5% entre le premier et deuxième trimestre de cette année, même s’il restait tout de même de +1,6% en glissement annuel.

Face à ces chiffres peu encourageants, le gouvernement s’est engagé à débloquer un paquet anti-inflation à hauteur de plus d’un milliard d’euros, lors de la  qui a abouti dans la soirée du 20 septembre. Cela représente un défi pour les finances publiques. La ministre des Finances,  (DP), semblait d’ailleurs bien consciente des enjeux. Lors d’un discours le 13 septembre, en amont des négociations de la tripartite, elle déclarait:

Interpellé par Paperjam au lendemain du résultat de la tripartite, , par le biais de son directeur général , que le financement du montant de la tripartite par le gouvernement rapprochera le pays du seuil des 30% du ratio dette publique/PIB, actuellement de 21,63%. Cela pouvant affecter le triple A du Luxembourg et augmenter le coût du financement de l’État.

… et au marché du travail

En outre, les deux tranches indiciaires qui auront lieu en 2023 font l’objet de plusieurs craintes. Il s’agit «d’un coût important à supporter» tant pour les entreprises que pour la compétitivité de la Place, a réagi Camille Thommes. «Il faudra voir comment les acteurs qui sont essentiellement d’origine internationale vont regretter cette hausse de coût. Ils ont traditionnellement du mal à saisir l’automatisme des indexations», a-t-il alerté, soulignant que «la masse salariale a déjà augmenté de 5% au premier semestre.»

De passage au Luxembourg le 22 septembre, Isabel Schnabel, membre du comité exécutif de la BCE, sur le rôle joué par la spirale prix-salaires dans la hausse du taux de l’inflation. Des hausses trop rapides des salaires pourraient provoquer des augmentations des prix, donc générer de l’inflation supplémentaire. De la sorte, les accords salariaux négociés génèrent une volatilité importante des taux de croissance annuels des salaires.

Isabel Schnabel s’est également alarmée de la hausse des pénuries de main-d’œuvre, bridant la capacité des entreprises à produire de la valeur et provoquant un ralentissement du PIB. En août, les pénuries de main-d’œuvre ont déjà atteint plus de 35% dans l’industrie des services de la zone euro. Un élément qui fait écho aux différentes déclarations de nombreux représentants de la Place et de CEO d’institutions financières du pays face à la difficulté croissante à recruter des talents.

De l’inflation, à la contraction de l’économie, en passant par l’ouverture des finances publiques et ses impacts sur le Triple A du pays, l’histoire semblait écrite de toute pièce. Pourtant, les pénuries d’emploi et les hausses salariales pourraient ouvrir de nouveaux chapitres.

Cet article est issu de la newsletter Paperjam Finance, le rendez-vous bimensuel pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.