Le ministre des Finances n’a pas manqué de souligner la place centrale de la finance dans l’économie luxembourgeoise et dans les ambitions du gouvernement en matière de lutte contre le changement climatique. (Photo: Chambre des députés)

Le ministre des Finances n’a pas manqué de souligner la place centrale de la finance dans l’économie luxembourgeoise et dans les ambitions du gouvernement en matière de lutte contre le changement climatique. (Photo: Chambre des députés)

Le ministre des Finances Pierre Gramegna a rappelé lundi l’importance de la place financière pour la croissance du pays.

Si aucune nouvelle mesure concernant la Place n’a été dévoilée lors de la présentation du budget 2020 à la Chambre, le ministre DP n’a pas manqué de souligner à quel point l’économie luxembourgeoise compte sur ses activités financières.

La Place est mentionnée dès l’exposé de la priorité accordée à l’engagement contre le changement climatique et pour la protection de l’environnement. Elle offre un «levier qui dépasse largement la taille du pays», estime , citant «une série d’initiatives lancées depuis l’accord de Paris sur le climat dans le domaine de la ‘blended finance’, c’est-à-dire des projets dans lesquels de l’argent public est injecté afin d’attirer les investisseurs privés et ainsi maximaliser l’impact dans la lutte contre le changement climatique».

Un schéma qui laisse encore le secteur privé perplexe, lequel «manque encore de confiance quant au rendement satisfaisant que peuvent atteindre les investissements durables». Le Grand-Duché s’emploie à y remédier notamment à travers la plate-forme commune de finance climatique copilotée avec la Banque européenne d’investissement, et qui revient à faire porter à la seule BEI le risque le plus élevé.

Le ministre promet la poursuite de cette coopération par laquelle le gouvernement a «soutenu toute une série de projets qui permettent aux pays les plus pauvres de mieux utiliser les énergies renouvelables et de s’adapter à un climat altéré». «Les moyens correspondants sont inscrits dans le budget», dit le ministre, sans plus de précisions chiffrées pour le moment.

Plus de la moitié de toutes les obligations vertes et durables qui existent aujourd’hui dans le monde sont cotées sur le Luxembourg Green Exchange.
Pierre Gramegna

Pierre Gramegnaministre des Finances

Les ministères des Finances et de l’Environnement vont également lancer ensemble la Sustainable Finance Initiative (Initiative finance durable) visant à «développer une stratégie cohérente en matière de finance durable et coordonner toutes les activités dans ce domaine». Une initiative qu’il ne manquera pas de mettre en avant lors de la réunion, ce week-end, de la coalition climatique des ministères des Finances en marge des assemblées générales du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Washington.

Vantant le fait que «notre pays est déjà une référence aujourd’hui dans le domaine de la finance climatique», M. Gramegna rappelle la 4e place du Luxembourg dans le récent classement mondial des centres financiers verts: «Plus de la moitié de toutes les obligations vertes et durables qui existent aujourd’hui dans le monde sont cotées sur le Luxembourg Green Exchange de la Bourse de Luxembourg.»

Le Grand-Duché compte d’ailleurs renforcer cet avantage en émettant lui-même une obligation durable de «un milliard d’euros maximum». «Cet emprunt sera exclusivement employé pour financer des investissements dans les domaines du climat et de l’environnement et dans le domaine social dans les prochaines années», assure le ministre DP. Un «signal à l’international» qui aura l’avantage supplémentaire de «renforcer le rôle du Luxembourg comme place financière internationale dans la finance durable».

La Place est et demeure un exemple de croissance qualitative.
Pierre Gramegna

Pierre Gramegnaministre des Finances

Servant les ambitions du pays en matière climatique, la Place lui offre plus prosaïquement de substantielles rentrées fiscales, ce que n’a pas manqué de souligner M. Gramegna. L’environnement positif pour l’industrie des fonds lui permet de tabler sur des recettes issues de la taxe d’abonnement qui «rester[ont] robustes, autour d’un milliard d’euros par an».

Rappelant que le Luxembourg «est l’un des dix pays dans le monde gratifié d’un triple A par les quatre agences de notation (S&P, Fitch, Moody’s et DBRS)», le ministre souligne que les «efforts de ce gouvernement pour diversifier l’économie et préparer des heures plus sombres portent leurs fruits» d’après les analyses de ces mêmes observateurs. Toutefois, la Place «reste le principal moteur de notre économie», souligne M. Gramegna. Un moteur responsable de 25% de la croissance du PIB et qui fait travailler 53.000 personnes soit 11% du marché de travail.

«La Place est et demeure un exemple de croissance qualitative», assure M. Gramegna. Une défense en règle d’un secteur souvent décrié mais qui reste le plus productif du pays et ne présente pas de risques directs pour l’environnement ou les ressources naturelles, dans le contexte de la multiplication des controverses autour des projets industriels annoncés depuis trois ans, de Fage à Google en passant par Knauf (qui a finalement jeté l’éponge).