Aurélien Guittet est pilote et instructeur sur le De Havilland Q400 de Luxair. (Photo: MyCockpitView)

Aurélien Guittet est pilote et instructeur sur le De Havilland Q400 de Luxair. (Photo: MyCockpitView)

La reprise d’une partie des vols de Luxair sonne aussi la fin d’un confinement particulier pour les pilotes de la compagnie luxembourgeoise. Explications avec l’un d’entre eux.

Cloué au sol pendant plus de deux mois, Aurélien Guittet a savouré, jeudi, son premier retour dans les airs pour un vol d’entraînement. «Ça m’a fait plaisir, je me sentais excité. Être contraint de rester au sol pendant plusieurs mois, c’est un peu comme un oiseau qui aurait une aile brisée», témoigne le quadragénaire qui est aussi instructeur sur le De Havilland Q400 de .

L’un des onze De Havilland Q400 de la flotte de Luxair. (Photo: Luxair Group)

L’un des onze De Havilland Q400 de la flotte de Luxair. (Photo: Luxair Group)

Si l’adage veut que le vélo, ça ne s’oublie pas, c’est un petit peu plus complexe pour l’avion. Les normes en vigueur requièrent que chaque pilote réalise au moins trois atterrissages dans les 90 jours. Le confinement et l’arrêt des activités de la compagnie ont rendu cela impossible. Il reste certes l’option de travailler sur un simulateur, sauf que pour le De Havilland Q400, celui-ci se trouve à Londres, Vienne ou Stockholm, des destinations difficilement accessibles compte tenu de la fermeture des frontières. Voilà pourquoi les pilotes de Luxair ont repris leurs activités sur des vols sans passagers ces derniers jours.

«Si un acteur de théâtre joue la même pièce tous les jours, il a un bon entraînement. Mais s’il ne l’a pas jouée depuis deux mois, il doit revoir son texte», illustre Aurélien Guittet.

Des procédures à connaître sur le bout des doigts

Son confinement a été pour le moins studieux, puisque même privé de vols et de simulateur, le pilote a poursuivi sa formation théorique continue avec des contrôles en ligne. Chaque pilote est tenu de maintenir son niveau de connaissances et doit donc régulièrement réviser ses procédures d’urgence et systèmes de l’avion en vue de la reprise. «Les procédures d’urgence, ce sont des actions que l’on doit exécuter de mémoire et sans check-list. On doit les connaître tout le temps, sur le bout des doigts», détaille le pilote aux 17 années d’ancienneté.

Pour l’heure, ses journées se partagent entre les préparatifs de la reprise et le chômage partiel pour cause de faible activité. Il l’assure: piloter après le coronavirus ne change rien. C’est surtout en cabine que les changements sont notoires, comme le port du masque par exemple. Dans le cockpit, il est laissé à la libre appréciation du pilote et du copilote, mais l’IATA (Association internationale du transport aérien) ne le recommande pas. «Le risque est minime, car l’air du cockpit est changé régulièrement et passe par des filtres. Et avec le copilote, nous ne nous parlons pas directement, mais à travers le microphone du casque», précise Aurélien Guittet.

Le pilote ignore pour l’heure quand il revolera avec des passagers tant la reprise se fait graduellement. Mais il est paré au décollage et impatient de retrouver son cockpit d’où il photographie toute l’Europe sous un autre angle lorsque l’occasion se présente. Cette passion pour l’aviation et les prises de vue, Aurélien Guittet la partage sur son blog , sa et ses pages et . Le confinement lui a donné l’opportunité d’y poster de nouveaux contenus, mais il a désormais hâte d’en générer d’autres.